Cookies & Normalcy [PV Edward]

Cookies & normalcy

@May Grant et @Edward Elric

C'était rare pour May de s'investir de la sorte dans une urgence traitée. La jeune femme avait essayé autant que faire se peut de se distancer de ses appels, ne serait-ce que parce que son rôle s'arrêtait au moment où les urgences prenaient le relais. Mais quelque chose dans toute cette affaire avait retenu son attention.

Peut-être était-ce la triste banalité de l'accident. Dans un monde de super-héros et autres créatures magiques, se retrouver coincé sous un véhicule en tant que mécanicien relevait d'une normalité qui se faisait rare. May était définitivement dans son élément lorsque le collègue du pauvre homme avait composé le numéro du service des urgences, le guidant sur les gestes à avoir et éviter, prenant pleinement note de la situation pour informer au mieux l'équipe qui allait intervenir.

May n'avait jamais perdu son calme, ni sa douceur, se faisant rassurante aussi bien pour la victime que pour celui qui avait été témoin de cet accident. Puis les services étaient intervenus, et May avait été appelée pour une autre urgence, mais l'histoire lui était restée en tête malgré elle.

C'était pour cette raison somme toute peu rationnelle que la jeune femme s'était présentée à l'atelier de la victime, deux bonnes semaines après les faits. Pour s'assurer que tout allait bien. Pour tourner la page de façon positive. Sachets de cookies faits maison en main, May franchit le seuil de l'atelier, avançant avec hésitation dans les lieux, songeant brièvement à faire demi-tour. Après tout, est-ce qu'ils avaient vraiment besoin qu'elle vienne leur rappeler davantage ce qui était arrivé ? Cela devait être suffisamment traumatique...

Mais il était déjà trop tard. May avait attiré l'attention de quelqu'un, et il n'était donc plus l'heure de songer à partir. L'opératrice prit une profonde inspiration, composant un sourire chaleureux sur ses lèvres :

"Bonjour ! Je... hmm... J'étais venue prendre quelques nouvelles."

May n'était pas spécifiquement timide, mais elle n'avait pas l'habitude de ce genre de situations. Tendant le sachet de cookies à l'inconnu, elle ajouta :

"Pour votre collègue. J'espère qu'il se remet bien de tout cela ? Oh, mais je fais tout dans le désordre !"

May secoua la tête, expression désapprobatrice sur le visage face à ses propres maladresses, avant de reprendre en avançant une main prête à être serrée :

"Je m'appelle May. Je suis opératrice pour les services d'urgence, et c'est moi qui ait géré cette situation. Enfin, jusqu'à ce que mes collègues arrivent sur place."

C'était bizarre de sa part d'être venue, non ? Définitivement bizarre.  

Edward & May

Cookies & normalcy

Le rythme était un peu étranger à l’atelier, depuis quelques jours. Depuis l’accident du vieux, en fait. Ed lui avait pourtant dit qu’il en faisait trop, qu’il devrait se reposer un peu plus sur lui, mais il était buté. Sûrement l’obstination ishvale, peuple incapable de se laisser abattre peu importe la situation. Il en avait vu, des choses, quand il les avait côtoyés, mais c’était ça qui l’avait le plus marqué, cette volonté de ne jamais baisser les bras. Pas étonnant donc, que le vieux soit fait de ce bois aussi. Sauf que quelques minutes d’absence du plus jeune avaient suffi pour qu’un accident arrive. Il était allé dans la partie boutique de l’atelier pour accueillir un client quand il avait entendu un bruit énorme. Moins d’une seconde après, il était déjà de retour dans l’atelier et c’est paniqué qu’il avait découvert son employeur au sol, coincé sous la voiture qu’il était en train de réparer. Edward n’avait posé aucune question, n’avait pas hésité, et avait tout de suite contacté les secours. Il aurait bien évidemment pu transmuter le véhicule pour sortir le vieux de là, mais il savait pertinemment qu’il n’avait aucune connaissance médicale et que le moindre mouvement pouvait être fatal. Ce n’était pas Amestris, ici, et il ne savait que trop bien qu’on ne pouvait pas remplacer des membres d’un claquement de doigt. Ici, les automails n’étaient pas monnaie courante – les matériaux suffisamment difficiles à trouver comme ça – et il ne pouvait pas risquer ni la santé à court terme ni la confort à long terme de l’homme qui l’avait si bien accueilli. Il avait donc attendu comme un abruti que les secours arrivent et n’avait agi qu’une fois leur permission accordée. Voiture transformée en une sculpture de sa création afin de libérer l’homme, qu’il avait ensuite suivi jusqu’à l’hôpital. Ici, ils ne pouvaient compter que l’un sur l’autre, et il se sentait responsable. Il aurait dû insister plus, ne pas le laisser s’occuper de ça tout seul...

Heureusement, les choses s’étaient bien terminées, mais Ed avait insisté : le vieux ne devait pas remettre un seul pied à l’atelier tant qu’il n’était pas totalement remis. Ça faisait bientôt deux ans qu’il lui apprenait tous les rouages de la mécanique, alors il savait très bien qu’il était capable de se débrouiller seul pour la plupart des petites réparations en attente. Et puis, s’il devait faire face à quelque chose qui le dépassait... Il n’aurait qu’à utiliser l’alchimie. Il ne l’utilisait pas souvent, y avait recours bien moins instinctivement qu’à Amestris, mais elle était toujours une compagne fidèle qui l’aidait quotidiennement. Il était occupé par la réparation d’un moteur lorsqu’il entendit la cloche de l’entrée sonner. Il se retourna et lorsqu’il aperçut une jeune femme tout à fait inconnue, se décida à aller voir ce qu’elle voulait. Main de chair pleine de graisse essuyée rapidement sur un torchon qu’il laissait toujours pendre à l’une de ses poches, il se glissa derrière le comptoir, lui faisant un petit signe de tête.

« Bonjour. Je peux vous aider ? »

Resserrant sa queue de cheval qui commençait à laisser s’échapper ses cheveux – qui devenaient bien trop longs mais qu’il se refusait à couper tant qu’il n’avait pas retrouvé son frère – il l’écouta expliquer la raison de sa présence ici, haussant légèrement les sourcils quand elle révéla son identité. Il comprenait soudainement mieux pourquoi sa voix lui disait quelque chose. C’était donc elle qu’il avait eue au téléphone.

« May, hein ? Edward. »

Il voulut lui tendre la main, mais l’une était noire de graisse et l’autre était métallique, ce qui avait tendance à en effrayer certains, ici. La manche longue – uniquement à droite – cachait la majorité de son automail, le comptoir en cachait la main – non gantée quand il travaillait ici – autant ne pas bouger, donc. Il n’ajouta pas qu’il l’avait eue au téléphone, la chose était suffisamment claire, puisqu’il s’était présenté, ce jour-là. Il attrapa les biscuits de sa main de chair, hochant la tête.

« Merci. Je lui apporterai. »

Il n’était pas tout à fait sûr que cela soit au goût de l’Ishval, mais être ici était aussi une occasion de découvrir une variété de cultures impressionnantes.

« Il va bien. Il a retrouvé son côté grincheux, c’est bon signe pour les gens comme lui. Il déteste l’idée de ne pas pouvoir venir travailler et de devoir me laisser gérer la boutique, mais c’est hors de question que je le laisse faire si c’est pour qu’il se blesse encore. »

Il ne pouvait pas risquer de le perdre. Cet homme était le seul lien qu’il gardait avec son pays d’origine, ce monde qu’il avait quitté si brusquement, tous ces gens qu’il avait abandonnés... Ed n’avait jamais eu de véritable figure paternelle, puisque cet enfoiré d’Hohenheim s’était tiré avant d’avoir un réel impact dans sa vie, mais le vieux commençait peu à peu à lui faire penser à un genre de grand-père dont il devait prendre soin.

« Vous rendez visite à tous les gens que vous aidez à sauver ? Ça doit vous prendre un temps fou. »

Sourcil haussé, il ne croyait pas vraiment que tout ça était régulier, mais peut-être qu’il se trompait.

Cookies & normalcy

@May Grant et @Edward Elric

Le jeune homme n'était pas excessivement bavard, mais May s'en accommodait sans difficultés, sourire amiable aux lèvres. Elle pouvait aisément parler pour deux, son extraversion était à bénir pour cela. Tendant les cookies à celui qui s'était présenté sous le nom d'Edward, elle s'empressa d'ajouter :

"Vous pourrez les goûter aussi, vous savez ? Je... Hmm... J'ai dit qu'ils étaient pour votre collègue, mais vous étiez également pris dans toute cette situation, et je me dis que vous pourriez bénéficier d'un peu de sucre après tout ça."

Rectification : son côté bavard était une malédiction et non une bénédiction. Voilà qu'elle s'empêtrait dans ses mots, se corrigeait inutilement, et instillait probablement un certain malaise chez son interlocuteur. Entortillant nerveusement son index dans une mèche de ses cheveux, May accorda toute son attention à Edward, une expression soulagée prenant place sur son visage lorsqu'il l'informa au sujet de la santé de son collègue :

"Oh, il a définitivement besoin de repos, après tout cela. J'imagine bien que cela ne doit pas être facile pour lui d'accepter ça. Mais en faire autrement, ce serait prendre le risque d'aggraver son état et prolonger cette situation. Il n'est jamais bon d'ignorer une blessure."

Qu'elle soit physique ou mentale. May ne se rappelait que trop de l'insistance de sa mère pour reprendre le travail, après son expérience ô combien traumatique. C'était ce qui avait également motivé May à rejoindre les services d'urgence, pour pouvoir garder un oeil sur sa mère et être là pour elle, même si elle ne pouvait pas l'accompagner directement sur le terrain.

Ah, et voilà la question qui fâche... Évidemment qu'Edward allait se demander pourquoi elle prenait la peine de les visiter. C'était loin d'être ordinaire de sa part, ou de la part de ses collègues en général. Une urgence n'en était une que sur le moment, puis elle devait cesser d'exister pour qu'ils se consacrent au reste de leurs tâches. Enfin, ça, c'était uniquement s'ils savaient réellement mettre leur humanité en "Off". Des affaires qui l'habitaient à ce jour, il y en avait des tas.

Non sans une certaine gêne, May prit une profonde inspiration, cherchant ses mots. Elle espérait qu'elle n'allait pas sembler trop bizarre ou intrusive aux yeux d'Edward...

"Non, ce n'est pas quelque chose que je fais régulièrement. Comme vous le dites, je n'aurais pas le temps. C'est simplement... comment dire..."

Vraiment, c'était bizarre de sa part. May ne pourrait pas l'en blâmer, si Edward la prenait pour une sorte de stalker, ou que savait-elle encore.

"Vous savez, j'ai rarement le fin mot, dans toutes ces urgences. Les gens nous appellent dans leur situation de détresse et, sitôt que les urgences arrivent à destination, ils raccrochent. Et il faut passer à la suite, effacer tout cela, comme si de rien n'était. Sans savoir si la personne est sauve ou non."

C'était définitivement quelque chose avec quoi elle avait lutté pendant ses premières semaines d'exercice. Et cela continuait à ce jour, puisqu'elle n'avait pas pu s'empêcher de venir prendre des nouvelles du collègue d'Edward.

"Je suppose que j'avais besoin de savoir si cette histoire avait un happy ending. Pourquoi vous et pas quelqu'un d'autre ? Je ne suis pas sûre. Peut-être parce que, dans un monde de super-héros et de pouvoirs magiques, il y avait quelque chose de familier dans cette normalité."

Et voilà qu'elle parlait trop, et beaucoup trop en profondeur. May se fustigea mentalement pour ses bavardages, avant d'ajouter :

"Vous devez trouver ça bizarre, non ? J'espère ne pas vous avoir causé de gêne."

Bien sûr qu'elle l'avait gêné. Bravo, May. Une performance admirable.