Who's afraid of little old me ft Husk

Une soirée de plus dans ce bar miteux. Une soirée qui allait ressembler à toutes les autres : le bar allait commençait à se remplir petit à petit de clients habitués, pour la plupart déjà éméché par quelques consommations précédentes, qui allaient passer leurs quelques heures ici à boire, boire, et boire encore. Oh, Husk ne les jugeait pas ; lui-même ne manquait jamais une occasion de se servir un verre, d’autant plus quand le bar était vide. Mais ce qui l’ennuyait profondément, c’était qu’il y en avait toujours quelques-uns que l’alcool finissait par échauffer. Il ne comptait plus le nombre de bagarre qu’il avait dû arrêter, depuis qu’il était ici. Et si certains, dans d’autres établissements, n’attendaient que ça pour pouvoir à leur tour jouer des poings, lui, il détestait devoir séparer les belligérants. Il n’avait cependant pas le choix, s’il voulait garder son job ici et vu que le patron refusait d’établir une liste noire… Eh bien, soir après soir, Husk continuait de faire la police, pour la bonne marche de cet établissement. Après tout, c’était ici qu’il touchait son gagne-pain. Et puis il connaissait peu d’endroits qui lui permettent de boire à l’œil comme il le faisait ici. Décidément, même s’il ne l’avouerait probablement jamais à voix haute, le Hazbin Hotel lui manquait.

Occupé à essuyer quelques verres qu’il mettait un point d’honneur à toujours gardé propres malgré la mauvaise réputation que les bar dans ce genre pouvaient avoir, Husk relève la tête en entendant la porte s’ouvrir, s’attendant à saluer d’un vague bougonnement – ou d’un sec avertissement – un des habitués du bar. Il est assez surpris, alors, quand il voit pénétrer dans les lieux un parfait inconnu. Il y en avait bien, de temps en temps, pour s’aventurer jusqu’ici, trompé par la luminosité baissante de début de soirée qui donnait aux alentour un air presque fréquentable. Mais ça restait assez rare pour qu’il s’en interroge dès les premiers pas de l’homme dans les lieux. Surtout que, sans vouloir juger à la tête du client, il n’avait pas vraiment l’air d’avoir sa place ici.

Surveillant du coin de l’œil qu’aucun de ceux qu’il savait traîner dans des activités louches ne laisse pas trop traîner son attention sur le nouveau venu, Husk le laisse s’installer avant de demander : « Bienvenue, qu’est-ce que je vous sers ? » Bière blonde, classique, qu’Husk s’empresse de préparer à la tireuse avant de poser la chope devant l’autre homme. Puis, avec l’air de pas y toucher, l’ancien démon de demander : « Alors, qu’est-ce qui vous amène par ici, jeune homme ? » Il n’avait pas exactement l’intention de faire la conversation, mais au moins pouvait-il tenter de voir si l’autre ne s’était pas perdu et, dans ce cas, le presser de retourner d’où il venait. Et puis, ce n’était que quelques mots, mais en général, il n’avait rien besoin de dire d’autre. Après tout, il était barman et c’était toujours à lui que l’on finissait par se confier.

Le rictus qui vient se dessiner sur les lèvres du barman aurait presque pu passer pour un sourire, si l’on passait outre sa mine renfrognée. Il ne les comptait plus, ce qui entraient dans cet établissement attirés par les prix bas des consommations et qui restaient par la suite justement parce qu’ils ne parvenaient pas à s’habituer à leur nouvel environnement, comme venait de le dire son nouveau client. Mais même là, il lui semblait décalé, si loin du portrait type de ce genre d’individu. Pourtant, même en ayant eu le temps d’observer les lieux, l’autre ne prend pas ses jambes à son coup pour s’enfuir au courant, loin s’en faut puisqu’il semble bel et bien s’installer. Et le tout est assez étrange pour commencer à éveiller un brin de la curiosité de Husk.

« Est-ce qu’on en est pas tous là, au fond, à se demander ce qu’on peut bien foutre dans cette foutue ville ? » Bon, peut-être qu’il n’y avait pas que l’aspect miteux des lieux qui faisaient fuir les clients, mais que son sale caractère y était aussi quelque peu pour quelque chose. Mais, après tout, il faisait quand même bien marcher l’affaire, si on le gardait depuis tant de temps. Sa façon d’écouter, peut-être. Il avait déjà réussi à en aider plus d’un, après tout. Même si certains avaient été plus important que d’autres…

Chassant vivement ses pensées, peu désireux de laisser l’image d’un certain démon de la pornographie arachnide venir les perturber de nouveau – et conscient qu’il n’y aurait pas, de toute façon, meilleur remède à cela que l’alcool dont il pourrait profiter dès la fermeture des lieux – Husk se concentre de nouveau sur l’autre homme. D’autant plus que ce qu’il lance, du même ton que si ça n’était pas impressionnant ou si ça n’avait pas de plus grande importance que cela, est bel et bien de nature à faire naitre une réelle expression de surprise sur son visage, ses sourcils se haussant brièvement alors que sa curiosité s’accentue quelque peu. Lui-même avait connu ce que beaucoup n’auraient même jamais pu croire, des tréfonds de l’enfer aux Overlords tout puissant, jusqu’à côtoyer Lucifer et sa fille en personne ! Mais il était bien conscient de n’être qu’une exception et la plupart des récits de ce type étaient conté par des ivrognes ayant déjà avalé une quantité astronomique d’alcool. Mais l’autre, qui n’avait même pas encore touché à sa bière, semblait bien loin d’être de ce bord-là. Non, Husk n’avait vraiment pas l’impression qu’il lui mentait. « Des dragons, hein ? Et vous y êtes arrivés ? » Bon, après tout, s’il était habitué à de telles créatures, les lieux ne devaient finalement pas lui faire peur. Voilà qui expliquait donc sa venue ici. A voir s’il laisserait ainsi échapper d’autres informations.