Sunrise gives a new beginning (and a new ending). Vaas

Les raies de lumière, tamisées et alanguies par le vitrage à demi ouvert, cajolent sa joue tuméfiée jusqu'au dessous de l'œil. Un léger inconfort tire ses muscles endoloris, courbaturés, mais le sommeil flâne encore sous ses paupières - une surface chaleureusement matelassée l'accueille et l'aide à persister dans le repos, malgré toutes les réticences de son corps et de sa psyché éprouvés. Hypnos a eu un sommeil lourd comme une masse et ne semble pas vouloir le quitter de crainte, qui bourdonne et anime ses pupilles drapées, de revoir une réalité plus cauchemardesque. Le Sommeil est son Royaume et depuis longtemps son refuge même s'il n'y rêve pas.
Une odeur charbonneuse pique son nez qui se retrousse machinalement, sa tête frotte contre son édredon de fortune en râlant presque avant d'y cramponner ses mains avec un quelque chose d'impérieux. Il réalise bien que la surface qu'il enlace est large. Il ne veut y appliquer qu'un seul nom, comme un souhait que l'on récite en chapelets.
Il veut continuer de s'accrocher à ce confort qui le réconforte mais il est bien obligé de réaliser que le monde des éveillés l'aspire comme un siphon.
La panique dès les premières lumières sur sa rétine. Il ne reconnait rien de l'environnement autour de lui. Où s'est-il encore endormi ? Dans quel problème s'est-il fourré ?
Décontextualisation totale. A cause de l'anxiété.
Et sous lui, ce qu'il enserre comme s'il ne s'agissait que d'une peluche, par Hadès, c'est un torse. Une terreur rétrospective se mêle à la panique. La déité sursaute et lévite jusqu'à cogner sa tête contre le plafond de la carlingue. Sa réaction est parfaitement hébétée, instinctive et non réfléchie, il ne veut pas. Il ne veut pas avoir été tendre. A part si c'est lui.
Et c'est lui. Vaas... Marmonne t-il de sa voix pâteuse, les lèvres sèches et la respiration essoufflée. Il n'en croit pas ses yeux mais, maintenant qu'il s'agit bien de lui, le Sommeil ne peut s'empêcher de les utiliser. Ce torse est... Très convenablement bien bâti, comme le sont ces bras - enroulés de bandages qui marquent le biceps d'ailleurs, il ne lui a jamais demandé pourquoi - et ce visage, qu'il surplombe grâce à son survol, est magistralement expressif et tout à fait séduisant, admettons-le. Mais ce n'est pas la question, n'est-ce pas?
Cela dit sa plastique ressemble vraiment à celle qu'il imaginait - et idolâtrait gentiment - pour un héros mythique. Il en a déjà fait le sien pour avoir côtoyé les persécuteurs que son ami doit défaire au creux de ses viscères.
Hypnos réalise que son flottement pourrait être considéré comme un rejet or il se doute que Vaas ne le vivrait pas bien. L'a-t-il veillé toute la nuit? Cette hypothèse fleur bleue adjointe à ce buste découvert qui aurait pu être taillé dans le marbre blanc font furieusement rougir ses joues. Ses mains se plaquent à la va-vite contre elles en ignorant totalement les restes d'hématomes. Tu... Tu es dénudé. Ahahah, oui bien sûr! Je me souviens, merci pour le débardeur. C'est bien un débardeur? En tout cas ça te va bien. Très bien même. Il secoue le visage et reste scotché au plafond, pivote à peine pour le regarder de côté. Désolé de m'être endormi sur toi... Il fait jour maintenant? Est-ce que ça fait uh longtemps? -- Et c'est la plage que je vois? Son attention était avide d'une distraction tant le spectacle le perturbait, agréablement mais de manière également coupable et embarrassée. Le soleil s'abat sur une masse d'eau en mouvement régulier dont l'écume attire son œil curieux si ce n'est fasciné. Il en avait entendu parler sans jamais en faire l'expérience. Elle est splendide et c'est avec... Lui qu'il découvre ça. C'est magnifique!