What do you mean, you FORGOT? [PV Killian]

What do you mean, you FORGOT?

@Killian Jones et @Oswald Cobblepot

La rancune était tenace chez Oswald Cobblepot. L'homme n'oubliait jamais les torts qu'on avait pu lui causer, le mal qu'on lui avait fait, l'humiliation qu'il avait pu subir. Et il n'avait certainement pas effacé de sa mémoire son interaction ô combien déplaisante avec le libraire qui, il l'avait appris plus tard, se nommait Killian Jones.

Tout ce qu'il avait voulu, c'était un livre digne de son nom pour célébrer ses futures retrouvailles avec Ed. Et c'était sur un véritable navet qu'il était tombé, alors que l'ouvrage était supposément rempli d'énigmes réputées insolvables. Un scandale !

Et qu'avait fait le libraire, au lieu de le conseiller d'une meilleure manière ? Il s'était moqué de lui, avait ri de sa colère, avant de l'agresser physiquement. Un scandale ! C'était évidemment en toute objectivité qu'Oswald analysait leur catastrophique rencontre, les torts étant exclusivement du côté du libraire incompétent. Oswald pouvait pardonner l'inaptitude crasse : il ne pouvait toutefois pas passer outre un tel irrespect.

Il lui avait promis qu'il se vengerait. Mais, contrairement à ses dires, Oswald n'avait pas eu la patience d'attendre davantage. D'autres auraient mérité bien plus de temps et de précaution de sa part, mais pas un libraire minable comme Killian Jones. Oswald n'attendit donc qu'une chose : l'opportunité idéale. Et il finit par la trouver, avec une certaine facilité : Mr. Jones semblait mener une vie plutôt solitaire, après tout. Tout ce dont Oswald avait besoin, c'était d'un lieu où le piéger, à l'abri des regards.

C'était ainsi qu'il se retrouvait à vagabonder dans ces lieux si différents de ce à quoi il était habitué, son accoutrement élégant peu approprié pour mener une telle expédition. Oswald jura à voix basse lorsque sa chaussure s'enfonça dans un sol trop mou et menaça d'y rester, maudissant un peu plus Killian pour l'obliger à évoluer dans des endroits aussi indignes de sa personne. Vraiment, il allait le payer...

Le pingouin avait apporté avec lui un pistolet, mais ce n'était pas ainsi qu'il comptait le tuer. Trop facile. Trop soudain. Oswald voulait qu'il souffre. Qu'il regrette chacun de ses mots. Il souhaitait l'entendre le supplier, avant de lui arracher la langue pour ne l'entendre émettre que gémissements plaintifs et inarticulés. Peut-être l'obligerait-il à l'avaler...

Oswald se força à calmer ses ardeurs, attendant en silence et en toute discrétion l'arrivée de Mr. Jones. Il savait de source sûre que l'homme était supposé effectuer des recherches ici, l'endroit parfait pour un guet-apens. L'excitation était à son comble : le Pingouin avait dû réprimer son côté sombre trop longtemps, obligé de faire bonne figure à Nowhere, et il lui tardait de laisser parler sa cruauté en toute liberté. Enfin, Killian Jones se présenta, dans un accoutrement qui faillit déclencher l'hilarité d'Oswald.

Au lieu de cela, l'homme se contint, doigts refermés sur son arme, attendant l'opportunité parfaite pour se faire remarquer. Killian était tout à ses recherches, dos tourné, lorsqu'Oswald s'extirpa de sa cachette, pointant son arme sur lui, la rechargeant bruyamment pour se faire remarquer :

"Mes salutations, Mr. Jones."

Il aurait pu le tuer, si facilement. Mais où était la satisfaction là-dedans ? Oswald ne voulait pas simplement le voir disparaître. Il souhaitait que Killian en vienne à regretter qu'il ne l'ait pas simplement exécuté sur le champ, et qu'il le supplie de le faire...

"Je vous avais dit de faire preuve de vigilance, stupide imprudent que vous êtes."

Ses lèvres se déchirèrent en un sourire dément, alors qu'Oswald prenait pleinement conscience du pouvoir qu'il exerçait à cet instant sur Mister Jones. S'il n'avait pas eu davantage de self-control, sa satisfaction aurait pu d'ailleurs s'exprimer de manière très humiliante... Mais Oswald était un homme raffiné. Il ne se rabaissait pas au comportement vil de ses anciens camarades d'Arkham, certainement pas.

"C'est le moment de demander pardon, très cher. Peut-être réfléchirais-je à vous épargner, si vous êtes assez convainquant..."

Est-ce qu'il y songeait réellement ? Non. Mais l'idée restait malgré tout très, très distrayante...

Killian & Oswald

what do you mean
you forgot ?

Killian adorait cette nouvelle facette de sa vie. Chaque fois qu’un client le payait, il se mettait en chasse d’un objet ou d’un autre, enquêtait dans les recoins les plus sombres et parfois les plus surprenants de la ville. Il ne restait pas en place, jour après jour, à faire la même chose sans arrêt. Et sans son bateau, c’était la chose qu’il avait qui se rapprochait le plus des explorations qu’il adorait mener, au gouvernail de sa chère Jolly Roger. Il faisait désormais avec ce qu’il avait et faisait surtout en sorte que chaque exploration soit rémunérée. Après tout, il restait un pirate, il n’allait pas se donner tant de mal et faire tout ça sans la moindre compensation ? Ç’aurait été ridicule de penser ça. En ce moment, il cherchait un livre apparemment précieux – du moins aux yeux de sa propriétaire – qui n’avait été trouvé dans aucune des bibliothèques de la ville. Un défi à sa hauteur, donc, qui l’avait mené en ce jour finalement peu loin de chez lui, en plein cœur du Mirage. Vêtu de son long manteau de cuir, sabre à son côté, il avait également remis son crochet en place, le dissimulant sous sa manche. Alors qu’il consultait sa boussole, suivant la carte qu’il avait établie mentalement, il entendit un bruit qui ne trompait pas. Une arme à feu, qu’il avait appris à connaître depuis qu’il était à Nowhere. Il entendit ensuite son nom et se retourna lentement, penchant la tête sur le côté en constatant que l’homme qui lui braquait une arme dessus... Lui était parfaitement inconnu. Tête légèrement penchée sur le côté, il l’écouta parler et finit par plisser les yeux. Il laissa planer le silence un long moment, fixant l’autre homme, avant d’hausser les épaules.

« Je crois que tu te trompes, mate. Je sais pas trop qui tu cherches, mais ta tête me dit rien. Mauvais pirate, probablement. »

Est-ce qu’il y en avait beaucoup d’autres ici ? Peut-être. Ce n’était pas comme s’ils allaient se promener avec une étiquette sur le front. Contrairement à toute personne sensée, il n’avait pas levé les mains en signe de reddition, et il décida de tourner à nouveau le dos à l’homme, peu impressionné. S’il lui tirait dessus... Eh bien soit. Killian trouverait un moyen de survivre. Il trouvait toujours un moyen de survivre, c’était ce qui faisait son charme. Bon, il allait devoir être vigilant, parce qu’il ne savait pas vraiment d’où il était sorti et que ne pas avoir entendu la moindre brindille craquer n’était pas digne de lui... Mais il n’allait pas s’inquiéter beaucoup plus que ça. Le type avait l’air complètement dérangé, mais rien qu’il n’aurait pu gérer.

« Je sais pas ce qu’il t’a fait, mais franchement, ça a rien de vraiment effrayant, le coup de sortir de l’ombre avec une arme en exigeant des excuses. Vu et revu, si tu veux mon avis. Et maintenant va-t’en, j’ai des choses à faire. »

Ça avait été plutôt distrayant, mais ça s’arrêtait là. Il voulait des résultats dans ses recherches et ne pouvait pas se permettre de perdre trop de temps. Plus vite il ramenait ce foutu bouquin, mieux il serait payé. Il n’avait pas de temps à perdre avec un imbécile pas capable de trouver la bonne cible.

What do you mean, you FORGOT?

@Killian Jones et @Oswald Cobblepot

Oswald s'était représenté ces retrouvailles de mille manières, la plus plaisante étant définitivement celle où le libraire arrogant tombait à genoux devant lui, le suppliant pour son pardon. Mais il y avait une alternative qu'il n'avait pas imaginé, et c'était celle à laquelle il était confronté actuellement : que Killian Jones ait pu l'oublier.

C'était impossible. Tout simplement impossible. Personne n'oubliait le Pingouin. Personne. Il avait été le Roi de Gotham, son maire, son gangster suprême. Et ici, il empruntait le même chemin, se haussant peu à peu aux sommets qu'il voulait atteindre. Il avait été interviewé pour le journal local, quand même ! Et il osait... Il osait prétendre ne pas le connaître ? Lui tourner le dos comme s'il ne signifiait rien pour lui ?

La mort serait trop douce pour cet abruti. Oswald allait lui faire souhaiter la belle délivrance du décès, et ne jamais la lui accorder. Il allait lui arracher personnellement chaque dent et le forcer à l'avaler. Il lui couperait sa langue, et la donnerait en pâture aux chiens. Chaque doigt serait tranché, puis recousu, puis tranché à nouveau, encore et encore, jusqu'à ce que la lame choisie ne s'émousse.

"Ne vous moquez pas de moi, Mr. Jones ! Ce n'est pas un pirate que je cherche, mais le minable petit libraire que vous êtes ! Et vous le savez très bien !"

Il ne pouvait pas l'avoir oublié. Pas aussi facilement. Tout le monde connaissait Oswald Cobblepot, de près ou de loin, et nul ne lui était indifférent. Ce n'était pas même une option dans son esprit : Oswald existait dans l’œil de l'autre, dans l'influence qu'il exerçait sur ses pairs et ses ennemis, et la peur qu'il inspirait à ceux qui connaissaient son vrai visage. Nul ne l'ignorait. Nul ne l'oubliait. Killian Jones mentait pour le contrarier, c'était évident. Et il allait le regretter.

"Et ça, c'est vu et revu, peut-être ?"

Sans la moindre hésitation, Oswald tira, mais il ne le fit pas pour tuer, ni même pour blesser. Pas de façon significative, en tout cas. La balle effleura l'épaule, arrachant le tissu, de sorte à caresser douloureusement la peau. S'il n'était pas Victor Zsasz, Oswald n'en savait pas moins viser, et il tenait à ce que cet imbécile comprenne qu'il n'hésitait pas à tirer. A tuer. C'était le plus simple, ça. Rien de plus qu'une pression sur une détente. Mais ce serait trop lui donner, à cet idiot qui continuait à lui manquer de respect.

"REGARDEZ-MOI !"

Oswald commençait à perdre toute contenance. Une colère fumante empoisonnait son esprit, ses sens, sa raison, à l'idée terrifiante qu'il puisse être oublié si facilement, qu'il puisse être insignifiant. Il ne le supportait pas. Il ne l'acceptait pas. Folie faisant battre son cœur, déraison au bord des lèvres, c'était pourtant avant tout les yeux d'Oswald qui reflétaient son égarement mental, exorbités, furieux, enragés. Le regard d'un homme à qui l'on ne pouvait dire "non" sans conséquences explosives.

Pourtant, l'homme parvint à reprendre son calme, forçant sa respiration à s'apaiser, ses pensées affolées et agitées retrouvant un semblant de sens. S'il laissait la fureur prendre le dessus, il le tuerait beaucoup trop vite. Oswald se connaissait : en colère, il donnait la mort si aisément, avec tous les moyens disponibles à sa portée. Ce serait trop rapide. Trop soudain. Killian Jones méritait de souffrir. Souffrir pour son audace répétée, pour ses offenses dont il ne cherchait pas à se faire pardonner. Pour avoir osé prétendre l'avoir effacé de sa mémoire.

"Je veux vous voir à genoux, Mr. Jones. Et je veux entendre mon nom sortir de votre bouche, tandis que vous me supplierez de vous pardonner."

Oswald boita pour s'approcher, mais son équilibre était plus que précaire dans ce terrain inadapté, tout autant à sa tenue qu'à ses limitations physiques. Il resta donc à distance, détournant brièvement son attention pour s'assurer d'adopter une posture à peu près stable, avant de reprendre, arme braquée vers Killian Jones avec détermination :

"Je vous veux à mes pieds, Mr. Jones. A nettoyer chaque grain de poussière, chaque saleté, chaque millimètre d'impureté de mes précieuses chaussures. Peut-être consentirais-je à réfléchir à vous laisser l'opportunité de conserver une partie de votre dentition. Bien évidemment, vous devrez avaler le reste, dent après dent, cela n'est que justice !"

Oswald avait retrouvé son sourire, mais il n'avait rien de joyeux : c'était l'expression d'un être habité, hanté, si méthodiquement détruit par la vie qu'il s'acharnait à briser celle des autres et y trouvait un plaisir cynique, sadique, diabolique. Un enfant capricieux qui refusait l'éventualité d'être ignoré, ne serait-ce qu'un instant, par qui que ce soit.

Killian & Oswald

jeu d’enfant

Mais c’est que ça s’énervait vite, ces petites bêtes, dis donc. Cet homme était d’un ridicule affolant et Killian serait parti sans plus de cérémonie s’il n’avait pas été en pleines recherches. Il tiqua lorsque l’autre lui avoua être à la recherche d’un libraire mais n’en fit pas grand cas. Bon, visiblement, il s’agissait bien de lui, mais il ne se souvenait quand même pas de quoi que ce soit alors tant pis. Il continua de l’ignorer – il n’avait ni le temps ni l’envie de lui accorder la moindre attention – jusqu’à ce qu’un bruit assourdissant retentisse, quelque chose lui frôlant l’épaule et le faisant tressaillir. Il ne se retourna pas pour autant, se disant qu’à force, il finirait par se décourager. Il fut secoué d’un rire en l’entendant lui hurler de le regarder, comme un enfant capricieux qui n’avait pas obtenu le jouet qu’il voulait. Non, franchement, la situation tout entière était bien trop ridicule pour qu’il la prenne au sérieux. C’était probablement l’un de ses nombreux défauts. Il ne prenait que rarement les choses au sérieux, depuis Milah, et même ce qui pouvait potentiellement mettre sa vie en danger lui paraissait dérisoire. C’était pourtant la seule chose à laquelle il tenait – hormis son cher bateau – mais son côté risque-tout prenait largement le dessus. Le silence revint tandis qu’il s’avançait à la recherche d’indices, mais bientôt la voix de l’autre s’éleva à nouveau, le faisant cette fois soupirer. Il commençait à en avoir marre. Il le laissa parler, se mettant à nouveau à rire en l’entendant.

« Tu sais... Je ne me mets à genoux que pour certains de mes amants, et ça reste rare. Quant à supplier... Il faut qu’ils soient réellement convaincants. »

Provoquer, encore et toujours, parce que c’était probablement l’une des choses qu’il faisait le mieux. Toujours le dos tourné, il avait abandonné l’idée de trouver le moindre indice pour l’instant, tant que cet idiot ne le lâcherait pas.

« J’apprécie la compagnie, mate, mais il va falloir finir par me laisser tranquille. Je n’ai aucune idée de qui tu es, aucune envie de te présenter la moindre excuse, et on sait tous les deux que tu ne me tueras pas. Alors arrête tes enfantillages et va-t-en, ça nous évitera une perte de temps à tous les deux. »

Il était pour l’instant magnanime, lui laissait la chance de s’en tirer sans problème. Mais s’il continuait d’insister et refusait de le laisser en paix, il devrait sévir. Son sabre était dissimulé, mais il lui faudrait moins d’une seconde pour le sortir de son fourreau et l’enfoncer dans le cœur de cet impertinent, si les choses en venaient à ce point. Arme à feu ou non, il savait qu’il s’en sortirait. Il s’en sortait toujours. Mais son opposant pouvait-il en dire de même ? C’était loin d’être sûr.

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@Killian Jones et @Oswald Cobblepot

Il persistait. Il persistait à ne pas le regarder, à lui accorder à peine son attention, à prétendre ne pas le reconnaître. Tant et si bien que l'assurance d'Oswald finit par vaciller, alors que l'indicible lui traversait enfin l'esprit. L'idée que, peut-être, Mr. Jones l'avait véritablement oublié...

Lui, Oswald Cobblepot, Maire de Gotham, Roi du crime, celui qui n'avait eu cesse de se relever, de gravir à nouveau la colline qu'il avait dévalé encore et encore, tel l'inépuisable Sisyphe supportant son rocher. Lui avait été oublié. Effacé, tel un grain de poussière. Tel le porteur de parapluie que tant avaient continué à voir en lui, malgré tous ses accomplissements, malgré tous ses exploits. King of garbage, l'avait surnommé Tabitha Galavan, avec tout le mépris dont la femme était capable.

La colère aveuglante flirta avec le gouffre de ses doutes, le néant qui menaçait de l'avaler à chaque instant. Mais l'arme resta pointée sur Mr. Jones, conscient que l'abaisser reviendrait à déclarer sa défaite ouvertement. A admettre que chaque pensée haineuse qui le traversait à cet instant était vraie. Oswald se ressaisit, prenant une profonde inspiration, parvenant à souffler d'une voix plus calme :

"Vous m'avez offensé, Mr. Jones. Et vous avez insulté l'intelligence d'un précieux ami, à qui j'espérais offrir un livre à la hauteur de sa perspicacité. La dernière chose que vous auriez dû faire après cela, c'est bien m'oublier."

Tandis que, secouée par la réalité qui l'avait saisi l'espace d'un instant, sa raison reprenait le dessus, Oswald réalisait que, effectivement, tuer Mr. Jones ne serait pas du meilleur effet. Ce serait risquer cet empire qu'il commençait à construire à Nowhere. Nowhere n'était pas Gotham. Il ne pouvait pas tuer quelqu'un sans conséquences, en glissant quelques billets dans une poche quelconque. Ici, le Pingouin devait apprendre à jouer différemment. Finement.

"Croyez-moi, ce n'est pas l'envie qui me manque de percer de multiples balles votre visage et l'arrogante expression que je lui devine. Et ce n'est certainement pas l'absence de cran qui retient mon doigt, si c'est ce que vous imaginez. A vrai dire, il m'est plus dur de ne pas vous tuer ici et maintenant."

L'opportunité était là. Oswald pourrait probablement s'en sortir, ni vu ni connu. Mais "probablement" n'était pas "certainement". Dans un monde où les super-pouvoirs étaient choses courantes, le Pingouin ne pouvait exclure la possibilité que ses actes puissent être retracés, que cette image qu'il avait bâtie puisse être détruite à cause de la stupide arrogance d'un pirate-libraire.

Un soupir. Oswald finit enfin par abaisser son arme, maudissant le sentiment de frustration qui suivit son mouvement réluctant. Patience, Oswald, patience... Chaque chose en son temps. Il ne renonçait pas à faire payer Mr. Jones. Mais peut-être trouverait-il une vengeance plus... courtoise. Plus acceptable, d'un point de vue social. Il avait certainement les moyens pour le faire.

"Je ne vous ferai pas le plaisir de partir, Mr. Jones. Pas tant que je n'aurais pas obtenu d'excuses satisfaisantes de votre part."

Avec prudence, au vu du terrain inégal sur lequel tous deux évoluaient, Oswald s'approcha un peu plus de Mr. Jones, lui laissant savoir, un sourire sarcastique se dessinant sur ses lèvres :

"Vous découvrirez très vite que je peux être très patient, Mr. Jones. Et que je n'ai pas mon pareil pour vous mettre des bâtons dans les roues."

Quoi qu'il soit venu faire ici, Oswald ne laisserait pas l'homme retourner tranquillement à ses activités. S'il ne le tuait pas, rien ne l'empêchait de l'agacer... La petite satisfaction que cela lui procurait devrait être suffisante, pour le moment.

Killian & Oswald

what do you mean, you forgot ?

La situation entire était tout à fait hilarante, et parfaitement à la hauteur de la réputation qu’il avait toujours eue. Killian Jones n’oubliait ni ne pardonnait la moindre offense... Mais n’avait absolument que faire de ceux qu’il pouvait lui-même blesser dans leur orgueil. Visiblement, il avait décidé que cet individu pathétique n’était pas à la hauteur de la moindre pensée et l’avait tout bonnement effacé. Le fait qu’il le prenne aussi mal, allant jusqu’à le menacer d’une arme, était absolument exquis. Oh que l’insolent Captain Hook aimait rester dans les mémoires de ceux dont il n’avait jamais eu que faire. La petite menace de l’autre ne le fit même pas sourciller. C’était loin d’être la première fois qu’on menaçait de l’éliminer pour une raison ou pour une autre. Il ne pouvait même plus les compter sur les doigts de son unique main valide. Il le laissa s’exprimer, lui envoyer tous ces mots plus ridicules les uns que les autres, puis laissa échapper un rire en entendant sa remarque.

« Eh bien alors tue-moi, mate, si c’est si simple que ça. Pourquoi perdre ton temps à me laisser en vie, si tu es si sûr que ça de gagner ? Je ne comprendrai jamais la logique des imbéciles de ton genre. »

Son discours n’avait réellement ni queue ni tête. S’il n’était pas lâche ni ne manquait d’envie... Pourquoi ne pas passer à l’acte ? Quelle raison pouvait-il donc y avoir derrière tout cela ? Non pas que la curiosité du Captain ait été piquée – il s’en fichait éperdument – mais s’il pouvait le laisser enfin tranquille et plus rapidement que prévu, ce serait une très bonne chose. Un petit coup d’œil vers l’arrière en entendant du mouvement le vit récompensé. L’autre rangeait son arme. Bien. Il abandonnait. Cela collait avec le personnage qu’il avait découvert depuis quelques minutes. Un petit lâche incapable de faire quoi que ce soit de ses mains, qui se cachait derrière de grandes paroles pour dissimuler son incapacité de passer à l’acte. Feignant une recherche qu’il n’avait au fond même pas entamée, il avança de quelques pas sans plus se soucier de l’autre, levant les yeux au ciel en l’entendant le suivre. La suite de ses propos le fit à nouveau rire de façon plus que sonore et il secoua la tête.

« Suit yourself, mate. »

Il se fichait pas mal de l’avoir dans les pattes, au fond, et savait qu’il ne serait pas le premier à se lasser. Il avait après tout passé plusieurs centaines d’années à naviguer autour d’une seule et même île dans l’unique but de créer un plan et d’obtenir un jour vengeance. D’entre eux, il était probablement le plus patient. Si repousser un peu la fin de sa mission de recherche lui permettait de se débarrasser de ce type, ce n’était pas une perte. Et puis, plus longue seraient les recherches, plus il pourrait entourlouper la personne qui l’avait commissionné, inventer une difficulté incroyable à retrouver l’objet tant convoité afin de se faire payer encore plus que prévu. Il n’y avait au fond que du positif à cet acharnement idiot. Sourire toujours aux lèvres, il s’adossa à un arbre, un pied contre l’écorce, et sortit de l’une de ses poches une pomme brillante. Son sabre toujours dissimulé par son long manteau, il commença à soigneusement détailler un quartier du fruit à l’aide de son crochet, avant de l’approcher de ses lèvres pour le déguster tranquillement. Durant tout ce laps de temps, son regard ne quitta pas l’intrus. Malgré son apparente bonne humeur, ses yeux racontaient une tout autre histoire. Pour la première fois depuis le début de leur échange, le Captain montrait enfin qu’il n’était pas tout à fait aussi sans défense qu’il n’aimait à le laisser paraître. Le métal de son crochet brillait doucement dans les quelques rayons de soleil qui réussissaient à traverser le couvert des arbres, promesse d’un gouffre béant dans le crâne de quiconque oserait s’approcher d’un peu trop près.

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@Killian Jones et @Oswald Cobblepot

Mr. Jones faisait partie de ces gens qui avaient une aptitude naturelle pour aiguiser la colère et les émotions viscérales d'Oswald Cobblepot. Ce n'était pas sans lui rappeler Jim Gordon ou Fish Mooney, avec qui il avait entretenu des jeux de trahison et d'alliance tour à tour, toujours dans son meilleur intérêt. Mais Killian Jones n'avait rien à lui apporter, sinon un potentiel ulcère. A Gotham, le Pingouin l'aurait éliminé sans y réfléchir à deux fois. Ses mains étaient couvertes d'un sang qu'il avait fait verser sans la moindre conséquence légale.

Mais Nowhere n'était pas Gotham, et Oswald avait encore du travail à faire pour régner au sommet de la ville comme il avait pu le faire à Gotham. Une ambition de longue haleine qui pourrait être ruinée d'un simple claquement de doigts... L'espace d'un instant, pourtant, Oswald se laissa aller à imaginer renoncer à tout cela pour faire ravaler ses paroles à l'arrogant "pirate". C'était si tentant, et les mains de l'homme frémirent d'excitation à l'idée de les enserrer autour du cou de celui qui avait insulté son ego.

Mais Oswald retint sa colère, comme on le ferait d'un chien féroce prêt à se jeter sur sa proie. Crispant son emprise sur sa canne, le Pingouin se força au calme et étira un sourire faux sur ses lèvres, offrant à Mr. Jones le privilège d'une réponse de sa part :

"Je ne m'attends pas à ce que vous compreniez, Mr. Jones, ce serait trop demander à votre pauvre cervelle. Vous tuer ici et maintenant serait aussi ennuyeux que contre-productif. Il y a tant d'autres manières bien plus divertissantes de faire souffrir un homme que de lui tirer une balle en plein cœur. Vous m'avez offensé, Mr. Jones, et j'attends donc de vous que vous m'amusiez. Avec ou sans votre consentement."

Oswald avait beau remettre sur son visage le masque de la courtoisie, la fureur n'était jamais bien loin, et la nonchalance de Killian Jones l'agaçait profondément. Conformément à ce qu'il avait dit, le Pingouin entreprit de suivre le pirate, mais fut quelque peu surpris le voir prendre une pause, s'adossant contre un arbre pour manger une pomme. Le regard d'Oswald s'attarda sur le crochet de Mr. Jones, mais ce ne fut pas la peur qui anima ses yeux. Non, ce fut une forme... d'excitation. Comme elle se manifestait dès lors que son esprit s'emballait et laissait libre cours à son imagination la plus tordue.

Oh, peut-être se servirait-il du crochet de Killian Jones pour le torturer ? Ou il pourrait le forcer à s'énucléer, dès qu'il aurait trouvé le levier à utiliser contre lui ? Se perdant brièvement dans ses pensées, Oswald revint à lui quelques secondes plus tard, prenant une profonde inspiration, cœur battant. Un nouveau sourire, aux nuances alléchées et gourmandes, vint prendre place sur ses lèvres, tandis qu'il conservait une distance prudente :

"Joli accessoire, si ce n'est un peu vulgaire et simpliste. Quelqu'un vous a pris cette main ?"

Oswald pouvait le comprendre : lui-même rêvait de mutiler l'homme atrocement crispant. Mais il ne se serait pas arrêté à sa main. S'appuyant un peu plus sur sa canne, sa mauvaise jambe le lançant douloureusement, Oswald reprit, non sans une certaine avidité :

"Je vous l'aurais faite manger, cette main que vous avez perdu. Lorsque la viande vous est familière, il paraît qu'elle est bien plus délicieuse. Ma belle-mère aurait pu vous le confirmer, si elle était encore en vie pour témoigner. J'ai cru comprendre que son fils avait une saveur particulièrement poivrée. Sa fille était beaucoup plus sucrée."

L'anecdote était racontée sur un ton badin, comme si Oswald se contentait de relater une histoire familiale particulièrement cocasse. C'était probablement le cas pour lui, dans sa conception ô combien tordue du monde. A Gotham, face aux bonnes personnes, il se serait probablement attiré quelques rires. Bon sang, que la ville lui manquait...

Killian & Oswald

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Peut-être que l’autre se disait qu’insulter son intellect était un genre d’offense ultime, mais Killian n’en avait réellement pas grand-chose à faire, peut-être même encore moins que ça, d’ailleurs. Il se fichait pas mal qu’on le prenne pour un idiot, puisqu’il connaissait lui-même sa valeur et savait très bien que l’insulte était généralement le propre du lâche et du craintif. Il était loin d’être de ceux-là. Les menaces ne l’atteignaient pas beaucoup plus, et c’est donc d’un sourire insolent qu’il répondit à la nouvelle tirade, sans pour autant laisser à l’intrus l’occasion de s’en rendre compte, puisqu’il continua de lui tourner le dos, lui montrant le peu d’intérêt qu’il lui portait. Lorsqu’enfin il lui fit face, tout à son insolence, le pirate remarqua tout de même l’étincelle étrange qui brilla de façon fugace dans les yeux de l’autre homme. Il la connaissait bien, cette étincelle. Celle de la violence, mais surtout de la folie. Il ne l’avait vue que trop de fois, dans les yeux de nombre de personnes qui s’étaient payé ses services. Dans le regard de son crocodile, également, le jour où il lui avait pris Milah. Son regard – déjà bien sombre et empli d’une colère qui augmentait – se durcit encore un peu lorsqu’il l’entendit parler de sa main perdue. Il n’en montra cependant que très peu, gardant ce sourire si caractéristique aux lèvres, continuant de déguster sa pomme. Il n’était pas là pour raconter son histoire à quiconque voudrait l’entendre, et surtout pas à cet imbécile de première. Hors de question de lui parler de quoi que ce soit, et surtout pas de sa main volée par l’immonde Rumplestiltskin. Tout ça ne regardait que lui, personne d’autre. Il le vit changer de position et se retint d’hausser un sourcil, penchant cependant légèrement la tête sur le côté. Tout ça lui rappelait un infirme dont il aurait préféré ne jamais croiser la route. Ou peut-être que si. Parce qu’après tout, c’était sa rencontre avec le crocodile qui lui avait permis de rencontrer l’amour de sa vie, la seule pour qui son cœur ait pu battre, la seule pour qui il aurait pu mourir. La suite le rebuta bien plus, mais il n’en laissa à nouveau rien paraître. Se livrer au cannibalisme était probablement la seule chose dont il n’aurait pas été capable, même pour sa propre survie. Y forcer d’autres personnes – qu’importe la haine que l’on éprouvait pour eux – était un geste infâme, que seul un esprit tordu aurait pu se prêter. Tout cela confirmait ce qu’il pensait de l’autre. Quelque chose dans sa tête ne tournait pas tout à fait rond. Cependant, Killian n’était pas prêt à se laisser intimider par de telles paroles. Il n’avait aucune preuve de ce qu’il avançait et n’en avait au fond pas grand-chose à faire. Tout ça ne le regardait pas.

« Quand tu auras fini de me raconter l’histoire de ta vie entière, il faudra songer à y retourner. T’immiscer dans celle des autres ne te donnera jamais la satisfaction d’en avoir une à toi-même, tu sais ? Il serait temps de te souvenir de cela. »

Dernier quartier de pomme avalé, le pirate laissa le trognon tomber mollement au sol, sortit son mouchoir blanc pour essuyer le bout de son crochet, sans cacher les tâches brunes qui ornaient certaines parties du tissu. Le sang séchait toujours trop rapidement et il n’arrivait jamais à le nettoyer suffisamment à temps pour s’en débarrasser. Il se demanda l’espace d’un instant si cette haine débordant des yeux de l'autre était une partie inhérente de l'infirmité qui semblait être sienne. Tous les hommes qui perdaient l’usage complet d’une de leurs jambes devenaient-ils pareils monstres assoiffés de meurtre ? Il fit un signe du menton pour désigner sa canne.

« Je ne sais pas ce que tu pensais accomplir, mate, mais ce n’est pas dans ce genre d’état que tu iras où que ce soit. »

Il commençait petit à petit à abandonner l’idée de trouver ce qu’il était venu chercher aujourd’hui. L’autre ne semblait pas vouloir le laisser en paix, et il finirait donc par rentrer chez lui bredouille, ce qui n’était en soi pas un problème, mais l’ennuyait tout de même. Quitte à perdre une journée de recherche, il aurait préféré en profiter pour boire un peu de rhum dans l’un des bars de la ville. C’était d’ailleurs probablement ce qu’il ferait si cette sangsue ne disparaissait pas bientôt.

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@Killian Jones et @Oswald Cobblepot

Oswald Cobblepot était observateur, assez pour savoir que sa petite histoire familiale n'avait pas laissé Mr. Jones aussi indifférent qu'il voulait le laisser paraître. Comment pourrait-il en être autrement ? La terreur qu'il avait inspiré chez la mégère ce jour-là continuait à le délecter après tout ce temps. Elle avait commis l'erreur de tuer son père à petit feu, et avait de surcroît profité de l'état de faiblesse d'Oswald pour mieux l'exploiter. Malheureusement pour elle, ce faisant, elle avait réveillé le monstre, qui sommeillait à cette époque. Et elle en avait payé le prix, fort.

Peur ou dégoût, toutefois, difficile pour Oswald de déterminer ce que Killian Jones pouvait éprouver réellement. Sa Poker face était pratiquée et efficace. Et, aussi analytique pouvait-il l'être, Cobblepot n'avait pas encore appris à lire dans les pensées. Il lui faudrait s'entourer comme il l'avait fait à Gotham, de ces personnes puissantes prêtes à lui accorder toute leur loyauté. Une autre Ivy Pepper, par exemple. Suffisamment stupide pour ne pas réaliser qu'il l'exploitait sans vergogne, mais tout de même assez compétente pour lui être utile.

Mr. Jones ne lui offrit pas la réaction qu'il cherchait. Au lieu de cela, il continuait à malmener son ego, d'une manière qu'Oswald ne saurait tolérer. Le sourire qu'il arborait était rempli de colère, de haine, de mépris, de toutes ces émotions qui l'animaient depuis trop longtemps :

"Je vous permets pas, Mr. Jones. Je suis Oswald Chesterfield Cobblepot, et vous n'êtes guère plus qu'un insecte sur le chemin de mon ascension. Cette ville est déjà mienne, et vous regretterez vite de ne pas avoir su mettre votre stupide ego de votre côté pour me présenter vos excuses. Je ferai de vous un paria."

Il avait les relations et les moyens de faire cela. S'assurer que Killian Jones soit persona non grata à Nowhere, et qu'il ne puisse rien obtenir de la part de qui que ce soit. S'il ne pouvait pas le tuer sans risquer d'assumer les conséquences, rien ne l'empêchait de s'assurer que sa vie serait un enfer. L'arrogant n'avait qu'à bien se tenir. Un homme profondément idiot qui s'amusait une fois de plus à tester les limites de sa patience, désignant son handicap comme pour s'en moquer.

Les mains d'Oswald se crispèrent sur sa canne. Il se rappelait encore de la manière dont Fish Mooney avait détruit sa jambe, après qu'il ait tenté de la tuer. Le monde dans lequel il évoluait était impitoyable, et son erreur de jugement lui avait été fatal : la douleur qui lui servait de compagnon éternel ne cesserait jamais de le lui rappeler. Plus d'une fois, il avait failli mourir, être mutilé davantage, mais il s'en était toujours sorti. Cette jambe était une preuve de sa force, et non de sa faiblesse. De cette survie constante qui était sienne.

"Je vais où je le souhaite, Mr. Jones, et vous n'avez aucune légitimité pour questionner mes capacités. Faites l'erreur de me sous-estimer ou de me considérer comme diminué, et vous le regretterez. Contrairement à vous, je n'ai pas la stupidité de considérer votre handicap comme une limite. Votre crochet est tristement simpliste, voilà tout. De tout ce que vous auriez pu attacher à votre poignet, voilà ce que vous choisissez ?"

Le mépris était évident dans sa voix. Rajustant sa position une nouvelle fois, il ajouta, sourire amusé aux lèvres :

"Un "ami" que j'ai amputé par le passé avait une certaine inventivité pour remplacer sa main. De ce qu'on m'a raconté, il y a notamment attaché une perceuse dont il se servait d'une manière tout aussi imaginative pour délier les langues. Vous comprenez donc que votre crochet me semble délicieusement primaire, en comparaison. Mais, après tout, n'est-ce pas là ce qui vous caractérise le plus ?"

A défaut de flatter son ego, Killian Jones lui offrait la possibilité de s'égarer dans la nostalgie de ce passé aussi sombre que délicieux. Et s'il venait à en parler, qui pourrait le croire ? Ici, Oswald Cobblepot était respecté. Respectable.

Killian & Oswald

what do you mean, you forgot ?

Nouveau sourire amusé aux lèvres du côté du pirate, tandis que l’autre s’égarait en grandiloquentes présentations de sa propre personne. Visiblement, il avait un terrible problème d’égo. Et Killian savait bien de quoi il parlait, puisqu’il en avait lui-même un. En revanche, l’idée de devenir un paria le fit proprement éclater de rire. Secouant la tête, il décida à nouveau de ne pas répondre à ce que l’autre pensait probablement être une provocation. Décidément, il ne comprenait rien. Killian avait toujours été un paria. Fils d’un père ivrogne, criminel et lâche, marin déserteur, pirate sans vergogne et sans respect, il n’avait jamais été de ces gens qui inspiraient confiance ou se retrouvaient portés aux nues. Peut-être que tout ça avait de l’importance pour l’individu qui lui faisait face, mais Killian s’en moquait plus que largement. Il avait toujours vécu en paria et se complaisait dans ce rôle. Au moins, cela lui apporterait une notoriété dont il pourrait bénéficier. Il aimait évoluer dans l’ombre, et cela ne ferait que servir sa cause. De toutes façons, ce n’était pas comme si l’autre homme pouvait réellement se targuer d’avoir un tel pouvoir. Qui le suivrait, s’il se lançait dans une telle campagne à son encontre ? Probablement très peu de gens. Contrairement à ce qu’il disait, la ville ne lui appartenait en rien. Il n’y avait qu’à voir les prouesses dont certains étaient capables pour savoir que de simples humains comme eux n’avaient que peu de chances d’obtenir le moindre pouvoir. Killian s’en contentait, il n'avait jamais été à la recherche d’une telle chose, mais l’autre le vivait assurément mal. Il vivait apparemment beaucoup de choses assez mal, puisqu’une simple réflexion concernant son infirmité sembla l’envoyer à nouveau dans les sphères d’une colère sourde. Décidément, l’individu était quelque peu soupe au lait. Il haussa un sourcil en l’entendant parler de son crochet comme d’un handicap. Lui ne le considérait pas comme tel. Il s’agissait d’un rappel constant de celui qui lui avait pris sa main, de celle qui n’était plus à ses côtés, et de ce qu’il devait accomplir pour la venger. Ce n’était en rien un poids, ni ne changeait qui il était. Au contraire, perdre cette main avait été et était toujours une force. Il leva les yeux au ciel en l’entendant dire que son crochet était simpliste. Ce n’était pas comme s’il avait réellement eu le choix, il avait dû improviser avec les moyens du bord et s’était forcément retrouvé avec un objet maritime à la place de la main, puisque le combat s’était déroulé sur le port. Il n’avait pas choisi mais s’était simplement adapté, comme toujours, puisque survivre était ce qu’il faisait de mieux. À nouveau, l’autre tenta de le provoquer. Il ne comprenait décidément rien. Il n’existait à peu près rien au monde capable de faire sortir Killian de ses gonds, et ce n’était pas un amateur de ce genre qui réussirait. Non, pour ça, il aurait fallut s’armer de patience et d’armes qui n’étaient absolument pas en sa possession. De toute façon, depuis la mort de Milah, plus rien n’avait d’importance dans sa vie au point de le mettre en colère. Oslo Commonpot ou peu importe son nom aurait beau essayer, il ne réussirait jamais à le provoquer suffisamment pour obtenir ce qu’il voulait. Puisque c’était ça, qu’il semblait vouloir : l’énerver au point de le voir fauter. Ce n’était pas près d’arriver.

« Écoute, mate, tu n’obtiendras rien de plus de moi, alors arrête d’insister. Je me contrefiche de tes petites anecdotes et tout ça n’a absolument aucun effet sur moi. Abandonne, tu gagneras du temps. J’en ai à perdre de mon côté, ne compte donc pas non plus là-dessus. »

Cette conversation, si c’en était une, n’allait nulle part. Il aurait bien voulu espérer que l’autre le comprenne, mais il en doutait plus que largement. Cet homme n’était décidément pas sain d’esprit. Comment donc s’en débarrasser ? Il n’en avait strictement aucune idée. Il poussa un soupir, se détacha de l’arbre contre lequel il était toujours adossé, et commença à rebrousser chemin. C’en était assez pour lui. Il avait soif, et tant pis si cet idiot le suivait jusque dans un bar. Au moins finirait-il peut-être par devenir ne serait-ce qu’un peu amusant, une fois le sang du pirate réchauffé par quelques verres de rhum. N’entendant pas de bruits de pas derrière lui – l’autre probablement consterné par son détachement – il finit par reprendre la parole, railleur.

« Alors, Oslo, tu comptes rester au beau milieu de la forêt ? Ce n’est pas pour me déplaire, mais tu devrais te méfier des bestioles qui peuvent rôder par ici. Elles sont bien plus dangereuses que toi. »

Bien entendu, il ne pouvait pas s’adresser à lui pour la dernière fois – du moins l’espérait-il – sans lui offrir une nouvelle plaisanterie.