Son rire suintant le malsain et ses dents aiguisées ne l'intimident pas, au contraire se dit-il froidement, ce visage cruel remet les pendules à l'heure et efface toute confusion hagarde. Ce n'est pas le visage de Yuji. Paradoxalement, de manière dysfonctionnelle, il parvient davantage à tenir la proximité même lorsqu'un baiser s'esquisse sans jamais être déposé. Peut-être que son cœur a eu un à-coup mais il ne s'est pas dégagé pour autant. Ce n'est pas Yuji, se répète t-il, c'est un adversaire qui utilise des techniques viciées. Ce n'est que l'effleurement de deux corps faits de chairs, pas la peine d'y ajouter de la valeur symbolique.
Flatté il ne l'est pas, il exècre la pseudo-considération que lui verse le démon, même si des picots courent sur son échine. Il n'est pas de ceux qui sont sensibles à son poison doucereux - même s'il a réussi à déployer son territoire en se remémorant ce que leur affrontement lui a appris. Il se répète de ne pas l'écouter. Il sait que Sukuna a l'habitude d'obtenir ce qu'il veut et qu'il ne voit que lui-même. Il sait que les autres ne sont, au mieux, que des distractions. Le laïus sur son potentiel l'enrage davantage parce qu'il ne le comprend pas : où le Roi des Fléaux veut-il en venir ? Il lui a déjà volé ses techniques, il n'a plus rien à attendre de ça à part, peut-être, davantage de résistance afin de s'en amuser. Son cœur vacille une seconde lorsque l'ennemi lui fait l'affront de trop, celui de suggérer qu'il a aimé entendre sa voix alors qu'il était psychologiquement détruit. L'attaque touche trop près de quelque chose de vibrant - il ne veut pas découvrir, au fond de lui-même, que le démon a raison. Cette noirceur le dégoûte et l'effraie. Il voudrait la sceller à double-tour. Mais ce souhait implique que Megumi sait déjà ce qu'il en est vraiment : il a détesté Sukuna de toute son âme, suffisamment pour que cette haine devienne la dernière chose réelle dans un monde dépersonnalisé. Il lui a concédé une importance malade.
Lorsque le roi des fléaux incise chirurgicalement ses vêtements et son épiderme, Megumi contient un râle en serrant les dents, il refuse de laisser éclater sa douleur même s'il sait que cette résistance est vaine. Son corps se retrouve entièrement nu, sanglant, il se sent plus humilié et vulnérable qu'il ne l'a jamais été. Ses muscles se tendent violemment, il voudrait se recroqueviller pour se protéger du regard prédateur qui l'inspecte crûment. Un réflexe viscéral mais improductif. Ses doigts agrippent plus farouchement encore les épaules adverses, transformant sa colère et sa détresse dans le geste. Il se dégoûte en constatant que le réflexe de s'amarrer à l'ennemi est arrivé trop tôt. Doit-il vraiment persister ? Il a tout perdu, il n'en est pas à sa dignité près.
Ses yeux charbonneux luttent à la fois pour refreiner sa haine féroce et pour ne pas s'abaisser de honte. Ses pensées s'embrasent, il ne sait plus pour quelle option opter - a t-il raison de s'offrir en pâture pour gagner du temps ? Maintenant les attentes du démon sont claires et il ne sait pas s'il sera seulement capable de se parjurer à ce point. Il ne s'attendait pas à ce registre-là, il pensait naïvement qu'il n'intéresserait pas Sukuna. Peut-être qu'il se ment encore à lui-même, peut-être qu'il y a pensé dès l'instant où le souffle du roi des fléaux a parcouru sa nuque. Ses doigts resserrent leur prise et il soutient soudain le regard du démon avec une virulence qui le surprend lui-même. Fushiguro est rationnel, il sait qu'il ne pourra jamais battre Sukuna de manière frontale. Il sait que sa seule option est de retourner son égo contre lui. Le Roi des Fléaux lui a tout pris et veut encore le piétiner, il le sous-estime et c'est peut-être bien sa seule chance.
Sukuna le toise de toute sa hauteur, Megumi rassemble toutes les forces qu'il lui reste encore et se redresse péniblement, sur des jambes flageolantes, le torse recourbé sous l'effort - qu'importe s'il doit dévoiler toute sa nudité dans le mouvement. L'exorciste est suffisamment détruit pour être extérieur à son corps une fois l'humiliation encaissée. Il n'a plus le choix de toute manière, le Roi des Fléaux pourrait faire ce qu'il veut de lui. Mais il semblerait que le démon tienne à ce qu'il lui cède, peut-être parce que prendre serait trop simple et donc insipide. Peut-être parce qu'il veut le pousser à la faute et le corrompre. Peu importe.
Il ne lui dit pas un mot mais s'avance vers lui d'un pas sombre, bien qu'il soit titubant. Fushiguro saisit d'un seul coup le visage de... Celui qui lui a tout volé et jette ses lèvres à la rencontre des siennes. Ce n'est pas Yuji s'écrie et s'alarme son esprit retourné, ce n'est pas Yuji qu'il goute avec ardeur et sans tendresse. Il ne lui ferait jamais une chose pareille et, pourtant, il sait que son ami peut voir cette scène là où il est. Qu'il ne doit pas la comprendre et être révulsé. Désolé. Pense t-il en boucle avant de ne plus penser à rien si ce n'est à gagner du terrain. C'est son tout premier baiser si tant est que le contact puisse bien s'apparenter à ça car il est sans douceur, mais pas sans passion. Une passion haineuse qui fait s'entrechoquer leurs dents sans prêter d'attention à la forme monstrueuse qu'ont celles de l'adversaire. Megumi empoigne les joues du monstre pour approfondir le baiser. C'est impératif, désespéré, virulent. Il veut lui prouver qu'il n'a pas peur de lui, qu'il n'a même plus peur de cette noirceur, qu'il ne l'atteindra pas. Il a du mal à se détacher parce que cela signifie se confronter à la réalité de son acte mais il est contraint de le faire, ce qui - malgré toute son auto-persuasion - lui flanque un haut-le-coeur. Il s'essuie les lèvres d'un revers sec de la main et fusille son ennemi du regard. "J'ai compris : tu veux que ça soit moi qui fasse le premier pas." Ironise t-il d'une voix cinglante. "Satisfait?"
Ryômen Sukuna
Admin ✦ Agent of chaos
GénéralesGif : Oeuvre d'origine : Jujutsu Kaisen Avatar : Choi Yeonjun Crédits : ichi Messages : 64 Date d'inscription : 07/09/2023 Âge : +1000 / 15 ans Quartier : Interstice Situation amoureuse : Célibataire Métier : Roi des fléaux / apprenti exorciste Type : fléau de classe S / humain et receptacle
« And if the birds are just all the words flying along, singing a song, what would they do ? If they just knew what they could do. »
Sukuna n’apporte absolument aucun intérêt ou importance aux sentiments humains mais aussi à ce qui pourrait s’apparenter à des échanges physiques à proprement parler. Ce n’est pas quelque chose qui l’intéresse en premier lieu, ce n’est jamais ce qu’il cherchera de lui-même. Simplement parce qu’il ne considère personne comme son égal et surtout, comme une personne à part entière. Il n’y a que des fourmis à piétiner, humain, exorciste ou fléau. Et il le dit lui-même, ce n’est pas un romantique, mais il ne fait pas ce genre de chose sans y voir un intérêt. Le faire juste pour torturer ne lui apporte aucune satisfaction. C’est plus un outil qu’un moyen de torture. C’est pourquoi, il laisse Megumi décider par lui-même. C’est bien plus sadique comme ça. Le voir se tordre lui-même de dégout après son acte est grisant. Il s’est infligé ça à lui-même et c’était surement la pire punition qu’il pouvait lui affliger. Parce qu’il lui montre ce qu’il se refuse de voir, cette noirceur qui l’attire comme un aimant. Le gamin pouvait lui répéter maintes et maintes fois qu’il avait tort, qu’il n’y avait rien de ce qu’il prétendait savoir, mais il se mentait à lui-même. Sukuna l’a vu, bien avant de posséder son âme.
Evidemment que le roi n’y était pas pour rien non plus sur le chemin qu’a pris les choses. Evidemment qu’il l’a manipulé et poussé sournoisement sur ce chemin. Il voulait juste savoir jusqu’où il pourrait le pousser, voir ce qu’il serait capable de faire pour lui prouver quelque chose. Pour autant, il ne le forçait absolument pas à l’embrasser, ni à faire quoi que ce soit d’autre de ce registre. Sukuna était juste curieux et décortiquait ce dernier comme le ferait un scientifique avec son rat de laboratoire. Et il ne pouvait aussi pas mentir sur le fait qu’il en avait apprécier le gout et qu’il s’en léchait les babines pendant que l’autre semblait vouloir vider ses tripes après l’avoir embrasser.
Son regard ruby ne le quitte des yeux alors qu’il l’observe se torturer lui-même l’esprit après l’avoir inviter à aller encore plus loin. Il patiente sagement et en silence. Pourquoi prendrait il la peine de faire plus quand la conscience du brun le fait pour lui ?
« Qu’est ce que tu fais, ordure ?! » qu’il entend soudainement dans un creux de son oreille. Il avait finalement un public? Il ne manque pas de soupirer mais il l’ignore, il sent l’âme d’Itadori encore extrêmement affaibli et qui décline déjà. Il le sent pourtant se débattre sans cesse. Qu’il est fatiguant et pathétique…
Son attention revint cependant à Fushiguro bien assez vite quand il finit par prendre la parole et comprendre. Alors il ricane de toute ses dents en guise de première réponse et puis il penche la tête sur le coté avec un regard particulièrement… sadique et satisfait. « Mais, c’est toi qui a voulu m’embrasser, pourquoi prendrais-je la peine de te forcer ? Ca vient de toi, Me-gu-mi. » qu’il lui balance frontalement alors qu’il lui remonte le visage en choppant son menton.
« Tu devrais vraiment apprendre à ne pas lancer des paroles que tu pourrais regretter. N’agis pas comme si tu n’as plus rien à perdre, on sait tous les deux que c’est faux. Je le sais, je l’entends geindre à ne pas comprendre ce qui vient de se passer. » annonce-t-il, sachant très bien la violence de sa phrase et ce que ça pourrait faire ressentir à Megumi. Il ne faut pas être devin pour voir ce qu’il y a entre eux deux. Même le monstre qu’il est le voit. Ce serait comme rater un éléphant au milieu d’un couloir.
« Je te laisse songer à tes actions, je pense que je n’ai même plus besoin de te torturer pour aujourd’hui… » qu’il lui susurre presque au creux de l’oreille. Il prend même soin de lui soigner au moins ses genoux, histoire qu’il ne meurt pas d’une hémorragie. Et il s’apprête à l’éjecter quand l’autre casse pied revient lui hurler dans les oreilles. Il soupire et défait soudainement son kimono, se retrouvant donc torse nu, pas vraiment un problème ou un sujet à vrai dire mais il tend le vêtement à Megumi.
« Je t’ai promis de le libérer quand tu le méritais mais ton arme l’a foutu k.o. Mais il me pète les oreilles d’au moins te donner de quoi te couvrir. Considère ça comme une avance. » qu’il soupire en haussant les épaules.
« Maintenant, dégages et revient quand tu seras capable de me faire une égratignure. » Evidemment qu’il lui titillait un peu plus les nerfs dans un défi qu’il espérait qu’il arrive à réaliser un jour.
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