Time to talk | PV Jace & Bucky

Jace & Bucky

time to talk

Jace aimait son travail. Bosser dans un bar n’était pas une chose à laquelle il s’attendait réellement dans la vie, s’il était tout à fait honnête, mais depuis qu’il avait commencé, il trouvait tout ça étrangement satisfaisant. Il aimait le contact avec les clients – sans pour autant que tout ça le réconcilie avec l’idée d’apprécier les gens en eux-mêmes – la musique quasi constante qu’on pouvait entendre dans le bar, les lumières basses qui lui rappelaient les bars du Monde Obscur qu’il aimait fréquenter... Tout lui plaisait, ici. Même son patron était plutôt sympa. Bon, il était peut-être le seul à penser une chose pareille, parce que le type ne donnait pas l’impression d’être fréquentable, mais pour être honnête, Jace était conscient que lui non plus, n’était pas du genre ouvert et approchable. C’était sûrement pour ça qu’ils s’entendaient bien. Il n’aurait pas été jusqu’à dire qu’ils s’appréciaient, parce que tout ça restait au fond une relation professionnelle, mais il n’avait rien contre ce mec bourru qui n’hésitait pas à sortir les clients en leur bottant littéralement le cul. Ça, c’était quelque chose qu’il appréciait réellement. Il ne se laissait pas marcher sur les pieds, et Jace ne pouvait qu’être admiratif. Lui non plus n’était pas du genre à se laisser faire. Alors qu’il était occupé à ranger et nettoyer derrière le bar après un long service, il releva les yeux en entendant Bucky lui dire de laisser tomber. Il haussa les épaules et se mit à sourire en le voyant lui verser un whisky sans glace. Pas mal. Il s’approcha mais resta debout face à lui, accoudé au bar tout en faisant tourner le liquide ambré dans son verre. Il n’était pas tout à fait fatigué, étant bien plus endurant que la plupart des humains, mais les nombreuses pensées qui occupaient son esprit ces temps-ci ne l’aidaient pas vraiment à rester concentré. Il haussa un sourcil à la question de son boss et pouffa légèrement de rire.

« Ce serait mal me connaître, ça. Je suis pas du genre à rester assis. Là d’où je viens, c’est complètement l’inverse. C’est pas quelques heures debout qui vont me faire peur. »

Et puis, s’il était trop fatigué, il pouvait toujours tenter d’activer une de ses runes pour se donner un petit coup de boost. Il n’avait toujours pas sa stèle et son pouvoir angélique ne fonctionnait pas à tous les coups, mais il fonctionnait tout de même. C’était grâce à ça qu’il pouvait mener ses rondes après le service, parcourir la ville entière à la recherche de monstres qu’il pourrait transpercer de sa lame séraphique. Mais ça, son patron n’était pas vraiment au courant. Pour l’instant, il n’avait pas encore dévoilé sa vraie nature à qui que ce soit, ses runes n'apparaissant pas aux yeux mortels puisqu’il les camouflait chaque fois. Il ne faisait pas encore assez confiance aux autres pour avouer qu’il n’était pas réellement humain. Et puis, ça ne les regardait pas. Le seul que ça regardait, c’était le vampire qui occupait son appartement à cet instant et ronflait probablement déjà, vu l’heure.

« Et toi ? T’as pas arrêté ce soir. »

Observateur qu’il était, il avait bien remarqué que Bucky n’avait pas non plus une endurance normale. Sa résistance à l’alcool non plus, n’était pas tout à fait humaine. Un nouveau point sur lequel ils pouvaient s’entendre. Mais il avait estimé que ça ne le regardait pas et n’avait donc posé aucune question. Au fond, il n’en avait d’ailleurs pas grand-chose à faire. Tant que son patron ne lui posait pas de problèmes, il n’avait pas vraiment besoin de savoir qui il était. Il prit une gorgée de sa boisson, mais décida finalement de vider le verre d’un trait, se redressant ensuite, gardant une main à plat sur le bois.

« Tu veux que je commence à venir t’aider la journée, aussi ? Je sais que c’est le soir qu’on a le plus de monde, mais si t’as besoin... »

Il ne travaillait pas tous les soirs, et cette idée allait un peu à l’encontre de celle qu’il avait en tête pour l’instant, mais si c’était nécessaire, il le ferait. De toute façon, il ne savait pas rester en place, et ça passait par le fait d’enchaîner les services. Hors de question qu’il reste à rien faire.

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Piétiner plus que marcher, c’était assez vrai que ça ressemblait à ses soirées passées au bar. Il ne s’en plaignait cependant pas, au contraire d’ailleurs. Il appréciait vraiment tout ça, et puis ça lui donnait l’occasion de travailler son endurance... Au moins un petit peu. Il retourna forcément la question à son patron, parce qu’il l’aimait bien, le vieux bourru, et qu’il s’inquiétait quand même un peu pour lui. Il ne put s’empêcher de rire doucement en l’entendant dire qu’il pouvait faire ça toute la journée. Il n’en doutait absolument pas... Puisque c’était exactement ce qu’il faisait. Jace préféra donc ne pas commenter, se disant que le sujet était désormais clos. Ils n’allaient pas s’étendre là-dessus, au fond. Ils étaient tous les deux résistants et en forme, il n’y avait pas grand-chose de plus à en dire. Il proposa ensuite de venir également travailler la journée, et la réponse ne se fit pas attendre. Il le savait bien, que c’était le soir que le bar était le plus occupé. Après tout, c’était un bar. Et puis c’était également le soir que l’autre gars venait, en règle générale. Il n’avait pas retenu son nom, ne lui avait d’ailleurs même pas demandé, mais il savait qu’il se tramait un truc entre les deux. Il aurait fallu être sacrément idiot pour ne pas le voir, et Jace restait très observateur. Mais tout ça ne le regardait pas, alors il se contentait de bosser tout seul quand Bucky disparaissait et de ne pas poser de questions. Il lui lança ensuite qu’il pouvait demander à travailler plus s’il le désirait, mais ce n’était pas tout à fait l’un des objectifs du chasseur d’ombres. Au fond, il ne savait pas ce qu’il voulait. Il fronça les sourcils en l’entendant demander si c’était cette histoire qui le travaillait.

« Comment ça ce qui me tracasse ? Y’a rien qui me tracasse ? »

Non, vraiment, il ne voyait pas ce dont son patron parlait. Il ne pensait pas avoir la tête ailleurs ou avoir montré quoi que ce soit... C’était étrange. Bon, s’il était tout à fait honnête, il y avait bien un truc qui habitait son esprit depuis quelques temps, mais pas au point de l’obsession. C’était juste une chose à laquelle il pensait, un truc qui occupait une petite portion de ses pensées, parfois, quand le bar était calme et qu’il n’avait aucun démon à traquer. Soupirant, il sortit le carnet qu’il gardait dissimulé sous le bar, le glissa vers Bucky.

« Ouvre. »

Petite gorgée de sa boisson avalée, il laissa l’autre homme feuilleter quelques pages, découvrir les petits gribouillis. Ce n’étaient pas vraiment des dessins au sens propre, juste de petites choses qu’il avait commencé à croquer depuis plusieurs mois déjà. Au début des runes, parce qu’il n’avait plus sa stèle pour en dessiner de nouvelles et qu’il était terrifié à l’idée de les oublier. Puis quelques uns des démons qu’il avait pourchassés, encore une fois pour faire travailler sa mémoire, ne pas oublier. Et puis, il avait commencé à gribouiller quelques choses qui lui passaient par la tête. Des fleurs, quelques insectes, des lignes abstraites... Et petit à petit, l’idée lui était venue. Ses runes agissaient en général comme des tatouages, les terrestres le pensaient encré de la tête aux pieds, même si aucune d’elles ne lui avait été apposée par une aiguille.

« J’crois que j’ai envie d’apprendre à tatouer. Peut-être que ça pourrait plaire à des gens, ce que je dessine. J’en ferai pas un métier, je suis pas assez doué ou assez patient avec les gens pour ça. Mais j’ai un peu d’argent de côté pour m’acheter le matériel, alors j’y réfléchis. »

Il n’abandonnerait pas son travail au bar pour autant, il avait trop besoin de cette source de revenu stable, mais l’idée lui plaisait réellement.