Vox ✦ Hazbin Hôtel

Cette phrase l’avait toujours fait rire, avant sa mort et plus encore après. Des intentions, il en avait eu des tonnes, ça oui ; mais il ne lui semblait pas qu’on ait jamais pu dire qu’elles étaient bonnes. Car Vox n’a toujours eu qu’un seul but en tête : être le meilleur. Avoir le pouvoir. Et pour cela, il n’a jamais hésité, par une seule seconde, à écraser ceux qui pouvaient se mettre en travers de son chemin d’un mouvement sec du talon de sa botte. Qu’étaient-ils, après tout, face à lui ? Face à ces rêves de grandeur qui ne demandaient qu’à s’épanouir. Son domaine ? Le monde des nouvelles technologies, sous tous ses aspects. La finance qu’il maîtrise à la perfection, l’information qui sert à contrôler les moindres des malversations. Voilà dans quel monde a évolué Vox de son vivant, sévissant au milieu d’un XXe siècle en pleine transformation. Lui, ayant grandit en plein cœur de Manhattan dans une famille plus qu’aisée, ayant si facilement fait passer l’idée qu’il était parti de rien, qu’il s’était construit seul et qu’il était arrivé, ainsi, à imposer l’une des multinationales les plus puissantes de la planète. La morale ? C’était pour les autres. C’était ce qui servait à contrôler les masses. Lui s’en était passé volontiers et ne l’avait jamais regretté. Pas un seul instant. Pas même après sa mort et son arrivée en enfer. Il aurait été difficile, il est vrai, de trouver un endroit qui aurait pu lui correspondre plus que ce dernier.

Bien sûr, il n’avait pas commencé comme démon majeur, débarquant en Enfer comme toute autre âme damnée, au plus bas de l’échelle. Mais loin de se complaire dans d’éventuelles souffrances, loin de s’arrêter à chacune des embûches se dressant sur son chemin, Vox avait fait montre de la même hargne que de son vivant. Il avait monté les échelons, un à un, avec moins d’hésitations encore que de son vivant – si tant est qu’il en ait déjà eu – à éliminer tout obstacle sur sa route. Des années pour construire pierre après pierre son tout nouvel empire : VoxTek Enterprises. Et, petit à petit, s’imposer dans la majorité des foyers des enfers. Comme si la mort aurait jamais pu l’arrêter.

Mais VoxTek, qu’est-ce que c’est ? Une entreprise de nouvelles technologies, basées aussi bien sur le divertissement que sur le contrôle des informations. Pour cela, Vox s’est très vite associé à deux démons montant : tout d’abord à Valentino, dont les scrupules dans le contrôle des corps – des autres, bien sûr – n’avaient d’égal que sa propre absence de scrupules face à la souffrance d’autrui. Valentino, avec qui sa relation se développe vite, qu’il est capable la plupart du temps de mener exactement dans la direction qu’il veut, jusqu’à ce que ses propres  nerfs ne craquent. Valentino, dont l’esprit peut-être plus tordu encore que le sien est capable d’imaginer à son tour mille tourments. Valentino, qui le quitte et qui revient sans cesse, lié à lui non pas par un contrat mais par un mélange d’intérêt et d’affection étrange – malsaines, diraient les bien-pensants, mais qu’à-t’on à faire de leur avis ? Et puis à leur duo vient se joindre, quelques décennies plus tard, Velvette, une jeune démone des plus prometteuses, spécialisée dans la mode et maîtrisant à merveille les réseaux sociaux. Très vite, leur trio comptant toujours plus d’âme, ils prennent une place incontournable aux enfers et se font appeler les Vees.

Il ne faut cependant pas croire que Vox n’a que la belle vie aux enfers. Il y a les caractères explosifs de ces deux comparses, déjà, avec lesquels il doit sans cesse composer et qu’il se retrouve toujours à devoir calmer. Il y a les aléas à gérer, régulièrement. Il y a les exterminations auxquels échappés quand ces tarés d’anges décident de venir faire leur ménage dans leurs enfers. Et puis il y avait ces types qui pensaient pouvoir prendre sa place, comme ce foutu démon de la radio qui avait bien faillit l’avoir, avant de disparaître pendant sept ans… puis de revenir, comme si de rien n’était.

C’est bien la seule chose qui pouvait  attirer son intérêt sur le Hazbin Hôtel, monté par la fille chérie de Lucifer dans l’espoir d’apporter la rédemption à ceux qui le souhaitaient. S’il ne s’était agit de cette pourriture d’Alastor, il se serait contenter de se moquer de Valentino et de la perte de son jouet favoris, tout en canalisant ses humeurs pour ne pas qu’il mette à mal la réputation de VoxTek. Rien n’est plus satisfaisant, cependant, de le voir se faire battre à plate couture par Adam lors de l’extermination suivante. Rien n’aurait pu plus lui faire plaisir. D’autant plus que cela leur laissait désormais les mains libres pour prendre le contrôle total des enfers. Enfin.

Sauf que ça ne dure pas. Qu’un beau jour, il se réveille ici, à Nowhere. Que ses pouvoirs foirent sans qu’il ne comprenne pourquoi. Et qu’il ait de nouveau un corps humain. Sans qu’il ne parvienne à rien comprendre à ce bordel !

Mais il était Vox. Et il se devait de reprendre en main sa vie, ce qu’il avait fait, aussitôt. Et il y avait en ConneXion une opportunité d’enfer. Alors voilà dans quoi il s’était lancé. Présentateur vedette du « Vox Show », où il pouvait ainsi contrôler à qui il choisissait de donner la parole aux heures de grandes écoutes, Vox était également CEO de la toute nouvelle VoxTek, brique de la mégacorporation. Ne restait plus qu’à retrouver Velvette et Valentino. Et, bientôt, il en était sûr : il pourrait régner sur Nowhere, comme il en avait toujours rêvé.