E.T Phone Home [PV Mickey]

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@Harry Vanderspeigle & @Mickey Milkovich

Harry était brillant. Personne ne pouvait le contester, et surtout pas lui-même. Si quelqu'un était en mesure de résoudre les mystères de cette ville, de retourner dans son monde, c'était bien lui. Le scientifique n'avait pas renoncé à l'idée, quand bien même il s'était familiarisé à cette ville et y avait trouvé sa place, en tant que médecin généraliste.

Son quotidien était rythmé par son travail, l'expression de son art, et des recherches en vue de comprendre la nature de ce monde et de rejoindre sa propre dimension / son univers d'origine. Pour retrouver Asta. Pour sauver la Terre, comme il était supposé le faire avant de se retrouver ici.

Et c'était cette mission-là qui l'avait mené au marché noir, à la recherche de composants susceptibles d'être utilisés pour induire la création d'un portail défiant l'espace et le temps. Il en avait traversé un dans ce monde, revenant dans le passé pour empêcher la mort des humains et la dévastation de la planète. Pourquoi ne pourrait-il pas en trouver un ici ?

Harry n'attirait nullement l'attention, un acheteur parmi tant d'autres dans cet endroit peu recommandable, mais autrement plus susceptible de receler d'objets et composants susceptibles de l'intéresser. La technologie humaine ne l'aiderait pas : elle était primaire, basique, à des années lumière de ce que le peuple de Harry pouvait accomplir, avec un matériel similaire.

Son regard fut attiré par un composant contenu dans une jarre en verre, et, constatant la nature de la pierre, Harry ne put s'empêcher de soupirer, désespéré par la stupidité humaine. Aussi attachants pouvaient-ils être, ils pouvaient également être si... idiots. Qui conservait un élément radioactif dans un récipient en verre, comme de la vulgaire confiture ? Est-ce qu'il devrait informer le vendeur qu'il était probablement irradié et risquait de mourir dans d'atroces souffrances d'ici quelques années ?

Si, dans un premier temps, Harry semblait décidé à attendre de marchander avant de le lui faire savoir, l'extraterrestre ne put s'empêcher de se demander s'il pourrait obtenir l'élément radioactif gratuitement, comme une faveur qu'il ferait au vendeur. Lui ne le craignait pas : son espèce était immunisée contre ce genre de composants. Ce qui était ironique, en connaissant le nom du radioélément, extrêmement rare : l'Astate. Comme un signe du destin, même si Harry ne croyait pas à ces boniments d'humains...

Il n'eut toutefois pas le temps d'aborder le vendeur, son attention soudainement détachée du composant radioactif, un constat sans appel se faisant dans son esprit : quelqu'un pouvait le voir. Tel qu'il était réellement. Et ce quelqu'un, c'était ce gars sketchy qui était en train de conclure sa propre affaire de son côté, quoi qu'il ait pu faire. Harry avait immédiatement perçu la manière dont ses yeux s'étaient écarquillés en se posant sur lui, la terreur s'emparant de ses entrailles, qui n'était pas sans lui rappeler sa rencontre avec Max, le premier humain capable de voir à travers son camouflage.

"Merde."

Etait-il malchanceux à ce point ? Un humain sur un million, et il en avait déjà rencontré trois depuis son arrivée sur Terre (et dans cette ville). Harry ne pouvait pas le laisser partir : pas sans s'être assuré qu'il ne babillerait pas à son sujet. L'idée le remplit de colère, et il montra les dents malgré lui, pointues, voraces. Mauvaise idée. L'humain prit la fuite et, abandonnant sa précieuse trouvaille, Harry partit à sa poursuite. Même dans son enveloppe charnelle, Harry était plus rapide, plus fort, plus avancé que n'importe quel être humain.

Il n'eut donc aucune difficulté à rattraper l'être apeuré, refermant ses mains sur le bras de l'indigent pour le stopper dans sa course :

"Si tu ne t'arrêtes pas tout de suite, je ferai fondre ta chair et tes muscles jusqu'à ce qu'il ne reste de toi que tes os. C'est clair ?"

Harry ne pouvait pas faire cela. Et il n'avait pas l'intention de se montrer violent, s'il pouvait l'éviter.
Mais ça, l'inconnu n'était pas en mesure de le savoir. C'était là une nouvelle preuve de la supériorité qu'il exerçait : impossible pour l'homme de connaître toutes les manières dont Harry disposait pour le dominer.

"Tu me vois, n'est-ce pas ? Je veux dire..."

Tout en maintenant une main sur le bras de l'homme, il utilisa l'autre pour se désigner de la tête aux pieds, avant de reprendre :

"Quand tu me regardes, tu ne vois pas un magnifique représentant de l'espèce humaine, vrai ou faux ?"

S'il s'était trompé et que l'humain s'était contenté de paniquer pour toute autre chose, Harry effacerait sa mémoire. Ça, il le savait faire. Et s'il ne se trompait pas... Eh bien, il allait devoir déterminer si l'homme était une potentielle menace ou pas. Asta lui avait bien fait la leçon à ce sujet : on ne jouait pas avec la mémoire d'autrui. Si Asta, d'Arcy et d'autres avaient pu l'accepter sous sa forme, alors peut-être que lui...

"Suis-moi. Il y a trop de monde ici. Et n'essaie pas de t'enfuir : tu ne veux pas avoir à le regretter."

Etablir un rapport de dominant/dominé, lui faire comprendre qu'il n'avait pas d'autre choix que de faire sa connaissance,  ça, c'était fait. Il ne restait plus désormais qu'à lui démontrer par A+B qu'il était un extraterrestre tout à fait respectable, et qu'il n'avait donc aucune idée de le dénoncer.

Comment le pourrait-il, une fois qu'il serait charmé par le charisme de Harry, son intelligence brillante, et son éloquence inégalée ? L'humain ne pourrait que s'attacher à lui, le considérer comme son meilleur ami : Harry était irrésistible. En toute modestie, bien sûr.

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L'humain était défectueux. C'était la seule raison que Harry pouvait trouver qui expliquait le comportement erratique de l'homme, ainsi que son agressivité. En tout cas, il lui avait confirmé que ses yeux lui permettaient de voir au-delà de son camouflage, que c'était bien son apparence d'alien qu'il percevait. Merde. A quel point fallait-il qu'il soit malchanceux pour rencontrer encore et encore ce type de personnes ? Elles étaient censées être extrêmement rares, bon sang !

Il s'apprêtait à ajouter quelque chose, lorsque l'inconnu continua à se comporter erratiquement, sortant une arme pour lui tirer dessus. Harry n'enregistra pas la douleur : c'était à peine une éraflure, que son organisme guérirait dans les prochaines minutes, comme si de rien n'était. Non, ce fut le bruit qui le saisit en premier lieu, puis la vision de ce canon pointé sur lui, tentant de le menacer de mort. Une vision qui n'était pas sans lui rappeler certains souvenirs.

Harry sentit sa gorge se serrer, en se remémorant cet homme qui l'avait menacé, des mois et des mois auparavant, et qui lui avait tiré dessus, avant d'être abattu par Asta. Asta qui n'avait jamais tué qui que ce soit. Asta, dont la culpabilité avait été si forte que Harry l'avait temporairement effacée pour protéger la femme qu'il aimait. Et cette peur qu'il avait lui-même éprouvé pour la première fois, celle de mourir. L'espèce de Harry avait des capacités de régénération impressionnantes, mais si la balle avait traversé son cœur, tout serait fini...

L'homme visait sa tête, ce qui était bien moins préoccupant à cet instant. Mais l'humanité qui habitait Harry progressivement depuis son camouflage ne lui permettait pas de réfléchir aussi rationnellement qu'il le voudrait. Empathie, crainte, amour... Parfois, Harry se maudissait d'être devenu si humain, à des kilomètres de ce qu'un représentant de son espèce devrait être.

"Tu ne veux pas me tuer. Les êtres de ton espèce doivent vivre avec la culpabilité de leurs actes. C'est très désagréable."

C'était le moins qu'il puisse dire. Jamais il n'oublierait à quel point Asta avait semblé éteinte après avoir tué cet homme, constamment habitée par ce qu'elle avait été obligée de faire pour sauver Harry. Il avait cru qu'effacer cet acte de sa mémoire était la solution, mais cela n'avait pas été le cas. Tout comme lui avait été forcé de confronter la réalisation de sa propre mortalité, elle avait été obligée d'apprendre à vivre avec ce qu'elle avait fait.

Harry ne souffrait pas de cette culpabilité. Avec la force surhumaine qu'il possédait, il savait qu'il pourrait écraser cet inconnu sans peine, s'il était en mesure de s'approcher. Mais c'était prendre le risque qu'il ne tire. Et que sa régénération ne soit pas suffisante pour le sauver. C'était le moment de changer de stratégie. Si l'individu répondait à la menace par l'agressivité, Harry allait devoir négocier autrement. Se rendre inoffensif.

Il leva une main, quatre longs doigts gris, épais, se terminant en griffes rougeâtres, posture défensive, mais n'esquissa pas d'autre geste, ne tenta pas de s'approcher davantage. Les humains avaient une tendance au sursaut des plus regrettables. Inutile de provoquer cela chez l'inconnu.

"Okay, okay. Et si on commençait par se calmer ?"

Lui en premier. Harry avait beau s'efforcer de rester apaisé face à la situation, il ne pouvait s'empêcher de revoir ce qui s'était passé autrefois, de sentir cette balle logée dans son organisme, qui aurait pu le tuer si facilement si elle avait pénétré la chair quelques centimètres à côté. Inspirer. Expirer.

"Je m'appelle Harry. Je suis médecin. Et je vis incognito parmi les humains, sous camouflage."

Inutile de rentrer davantage dans les détails. Le gars n'avait pas besoin de connaître les intentions premières de Harry, avant qu'il ne vienne à changer d'avis pour Asta, cette mission qu'il avait eu autrefois d'exterminer l'humanité. Ce ne serait probablement pas la meilleure idée pour lui inspirer confiance...

"Tu as gagné la loterie génétique, puisqu'un humain sur un million est capable de voir à travers mon camouflage et de percevoir mon apparence réelle. Mais si tu demandes à quelqu'un d'autre de me décrire, il te fera savoir que je suis un humain particulièrement séduisant et on ne peut plus ordinaire."

Comme d'habitude, l'arrogance de Harry ne pouvait s'empêcher de montrer le bout de son nez, y compris en danger de mort. C'était ainsi qu'il était.

"Je vis ma vie de mon côté. J'essaie simplement de trouver un moyen de rentrer chez moi et, en attendant, de vivre une existence normale. Et si tu déblatères à tout va à mon sujet, cela risque d'être fortement compromis. Ce que ni toi, ni moi, ne souhaitons voir arriver. Parce que je n'aurais plus de raison pour ne pas te tuer."

Réalisant la portée de ce qu'il venait de dire, Harry réfléchit un bref instant, avant de revenir sur ses mots, un rire faux s'extirpant de ses lèvres :

"C'était une blague, bien évidemment. Une blague. Ha ha. Je suis une personne hilarante. Ha ha."

C'était probablement crédible de sa part. Sûrement. Peut-être.

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Il y avait des humains dotés d'un profond talent pour l'éloquence, d'une aisance presque effrayante à tisser des mots les uns avec les autres pour traduire leurs pensées les plus riches. Puis il y avait cet homme. Son "ou pas" laissa Harry profondément perplexe, qui s'attendait à ce qu'il développe son argumentation, en vain. Avait-il oublié le reste de sa phrase ? Harry était-il supposé la déduire, remplir le vide laissé par des points de suspension invisibles à l'oreille ?

L'alien réfléchit un instant, avant de décider qu'il avait probablement d'autres priorités dont il devait s'inquiéter à cet instant. Comme cette arme pointée sur lui. Ou la manière dont l'individu tentait d'insulter ses ancêtres. En réponse immédiate, Harry montra ses dents et siffla tel un chat agacé, sa dentition définitivement acérée sous sa forme alien, avant de démontrer sa supériorité sur cet humain inférieur et stupide :

"Mon espèce est cousine des pieuvres et non des poulpes. Est-ce que ça te plairait que je te traite de babouin ? Tu en serais sûrement offensé, puisqu'il fait partie de la famille des cercopithécidés et non des hominoïdes, à l'instar des gorilles, chimpanzés ou humains. Je croyais que l'empathie était le fort des humains ?"

Et le voilà mouché ! On ne peut plus satisfait de son argumentaire et de sa réplique qu'il imaginait cinglante, Harry n'était certainement pas préparé pour la suite des événements. Il s'était attendu à ce que l'humain entende raison, par la force de son discours, ou, au contraire, qu'il se complaise dans l'idée stupide de vouloir le tuer ou le dénoncer. Au lieu de cela, l'homme lui demandait de l'argent. Harry laissa échapper un "Uh ?" interloqué, avant de retrouver le fil de ses pensées et de la conversation :

"Tu sais que l'extorsion est une infraction ? Je l'ai appris dans "New-York: Unité spéciale". C'est une excellente série ô combien révélatrice de la psyché humaine."

Cela dit, peut-être que l'humain qui le braquait avec une arme ne se préoccupait pas vraiment de l'idée que le chantage puisse être une offense punissable. Probablement. Harry soupira, considérant ses options.

Franchement, il se fichait bien de l'argent, ce n'était pas comme si il ne pouvait pas aisément en reproduire avec son intelligence avancée et les connaissances technologiques de son espèce (ce qui était également une offense, mais si l'humain ne s'inquiétait pas d'extorquer, pourquoi devrait-il se préoccuper de ça ?). De toute manière, les docteurs étaient bien payés, il avait pu le constater dans son univers d'origine.

"Je suis un docteur, j'ai de l'argent, si c'est vraiment ce que tu veux. Tant que tu ne déblatères pas à mon sujet, c'est le principal. Ce serait aussi sympathique si tu évitais de me tirer dessus. J'ai déjà dû faire repousser ma jambe par le passé, c'est très désagréable."

C'était étrange à quel point les humains étaient fragiles, en comparaison de son espèce. Jamais ils ne pourraient survivre aux conditions dans lesquelles Harry avait survécu à ses nombreux frères et sœurs, après être sorti de son œuf. Malheureusement pour lui, Harry n'en était pas pour autant immortel, et il avait suffisamment flirté avec la mort pour ne pas souhaiter s'en approcher davantage. Il aimait être en vie. Et il ne voulait pas mourir avant d'avoir revu Asta.

"Tu découvres l'existence des extraterrestres, et tu réclames de l'argent ? Est-ce que c'est un truc d'humain ou juste un truc... de toi ? C'est la première fois qu'on me fait une telle proposition."

Asta avait protégé son identité. Son père en avait fait de même, pour sa fille. D'autres avaient tenté de le neutraliser, ou de le dénoncer au gouvernement. Mais de l'extorsion ? Ça, c'était inédit. Malgré le danger, Harry ne pouvait s'empêcher d'être curieux. Un terrible défaut, ça, c'était certain...

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Cette rencontre avec cet étrange humain obligeait Harry à reconsidérer l'espèce dans son entièreté. Fréquenter Asta et les habitants de la ville de Patience lui avait visiblement fait oublier la stupidité primaire et brutale de l'humanité. L'inconnu s'exprimait de manière inutilement crue, était agressif sans raison valable, et son premier réflexe, en découvrant l'existence d'un extraterrestre, était de le braquer. Il était certain que, si Harry avait rencontré cet homme bien avant, il n'aurait pas reconsidéré son plan initial de détruire l'humanité. La Terre aurait été bien dépeuplée...

"Tu considères l'empathie comme un risque, si je comprends bien ? Que tu n'accorderais pas à quelqu'un que tu ne connais pas ?"

Harry ne pouvait s'empêcher d'essayer de comprendre son interlocuteur, entre curiosité mal placée et intérêt grandissant pour l'humanité et toutes ses facettes, y compris les plus mauvaises. Asta lui avait permis de voir ce qu'il y avait de plus beau et puissant chez les humains. L'inconnu, quant à lui, lui faisait explorer la lie de l'humanité, mue par la violence, l'instinct de survie, la méfiance. S'il n'y avait pas eu cette arme entre eux, Harry se serait probablement plus laissé aller encore à questionner l'homme. Au lieu de cela, il tenta de l'apaiser, répondant à ses conditions précédentes :

"Je m'appelle Harry Vanderspeigle. C'est mon nom humain complet. Mon véritable nom est imprononçable. Comme je l'ai dit, je suis docteur. J'ai un enfant, Bridget. Voilà, tu me connais."

Le retrouverait-il un jour, ce fils qu'il n'avait fait que croiser ? Qu'il avait renvoyé chez les siens pour le protéger ? Quoi qu'il arrivait, si ce type le tuait, il était sûr de ne jamais revoir cet enfant. Heureusement pour lui, les termes de l'homme étaient simples à comprendre. De l'argent, c'était ce qu'il voulait, et il le répétait en ponctuant ses paroles d'insultes déplacées.

Abruti, lui ? Harry était un être exceptionnellement intelligent, par rapport aux humains, mais également au sein de sa propre espèce. S'il savait ce dont il était capable, l'idiot ne l'insulterait pas de la sorte. Mais il n'en savait rien. Et Harry, aussi tenté qu'il puisse être, ne pouvait pas simplement le tuer. Ce serait risquer de compromettre sa couverture, sa vie dans cette ville.

L'homme se fit plus menaçant encore, et Harry laissa échapper une série de bruits inhumains, entre agacement et crainte. Vraiment, il détestait les armes, et plus encore lorsqu'elles étaient pointées sur lui. Sa franchise le perdrait, mais il ne put s'empêcher de répondre à sa menace, pointant sa propre tête de son index :

"En théorie, elle devrait être capable de repousser. Mais tu ne veux pas vérifier cela, car j'ai besoin de ma tête pour contrôler le reste de mon corps, et que j'ai besoin de l'usage de mes mains et de mes bras pour pouvoir te donner mon argent. Et tu ne souhaites pas non plus que cela arrive, car je serais vraiment contrarié, et je n'aurais plus la patience nécessaire pour te ménager."

La théorie, c'était une chose. Mais la pratique ? Harry était sûr à 90 % de survivre à la menace proférée par l'homme, mais les dix pour cent restants le convainquaient de ne pas s'y essayer malgré tout. De faire preuve d'un semblant de prudence, ce qui entrait en contradiction avec sa curiosité incontrôlable. Une curiosité qui énervait considérablement l'humain, même s'il prenait la peine, à sa manière, de répondre à ses questions.

"Personne ne m'a demandé ces choses auparavant. Ce n'était pas mon argent dont ils s'inquiétaient, quand ils apprenaient que je n'étais pas humain. Tu es vraiment un étrange représentant de ton espèce. J'espère que tu ne seras jamais leur ambassadeur, ce serait une très mauvaise impression."

La patience de l'homme était mise à rude épreuve, et Harry n'était pas certain de vouloir la tester davantage. Il se fichait de son argent, après tout.

"Okay, je vais te passer mon portefeuille."

Harry baissa une main pour fouiller la poche intérieure de sa veste, avant de lancer le portefeuille dans son entièreté à l'humain, sans s'inquiéter davantage pour son contenu. Il n'y avait rien de précieux, là-dedans. Si l'homme avait voulu voler son carnet de dessins, Harry s'en serait davantage offensé.

"Tu sais, j'aurais pu te laisser crier à tort et à travers pour rameuter d'autres humains. Et, tout ce qu'ils auraient vu, c'est toi en train de braquer un innocent humain, un docteur et un père, qui plus est. Je ne pense pas que la situation aurait joué en ta faveur. C'était même très tentant de te laisser faire ça. Mais..."

Harry ne pouvait pas exclure la possibilité qu'un autre de ces fichus humains soit capable de voir à travers son camouflage. Mais ce n'était pas là le plus important.

"Il y a quelqu'un dans ma vie, quelqu'un qui aimerait que je comprenne les humains, et pourquoi ils méritent une chance, contrairement à ce que le reste de mon espèce peut penser. Et cela t'inclut toi, qui est si différent de tous les humains que j'ai pu rencontrer."

Tendre une main ainsi, ce n'était pas dans la nature de Harry. Fut un temps où il n'aurait pas hésité une seule seconde avant de tuer l'homme ou à lui laver le cerveau pour effacer toute trace de son existence. Mais c'était probablement ce qu'Asta souhaiterait de sa part. Ou peut-être pas, au vu de la dangerosité de la situation. Qu'importe.

"Est-ce qu'il y a assez pour toi, là-dedans ? Je n'ai pas vraiment la notion de l'argent."

L'espèce de Harry n'avait pas de système similaire, après tout. Eux avançaient constamment vers l'avenir et la progression technologique, et la valeur d'un membre de son espèce se mesurait par sa force, sa résilience et son intelligence. Pas par ce qu'il pouvait avoir dans son portefeuille.