Armitage Hux ✦ Star Wars

Peu avant la débâcle de Yavin, Armitage naquit comme une erreur. Bâtard d'un haut dignitaire proche de la défaite et d'une simple femme de cuisine, vite retirée du récit acceptable.
Si son père, Brendol Hux, s'enlisait à Arkanis où il espérait voir son académie militaire tenir tête au désordre, au glas annoncé, la retraite s'imposa sous à peine quelques mois lorsque la Nouvelle République vint revendiquer les terres - cette fuite ne fut possible que grâce à Rae Sloane, officier désormais hautement gradé de l'Empire, qui répondait à la volonté de l'Amiral Gallius Rax. Sloane missionna un mercenaire d’escorter les Hux hors du péril.
Rax ambitionnait de réunir les cendres de la flotte impériale et entendait confier à Brendol un poste décisif dans la contre-attaque en gestation. Il prévoyait également un avenir prometteur pour son fils. Le conseil de l'ombre, qui devait réorganiser l'avenir impérial, naquit en marge de la victoire éclatante d'une République sans doute trop rêveuse. Hux père en devint un membre clef, Itinérants à bord d'un destroyer, père et fils finirent par rallier Jakku.
La concordance galactique fut signée en parallèle de leur exode. Elle laissa de son fer rouge des marques indélébiles, une amertume empoisonnant les consciences embrigadées. Une paix des vainqueurs qui conduisit certains partisans de l'Empire vers l'autodestruction - le trône vide de Palpatine annonça les guerres d'intérêts rivaux.
Produit et porte-étendard en devenir de la propagande impériale, Armitage se construisit à partir des récits prêtant à la République les traits de la faiblesse, de l'oisivité, les mêmes récits qui dépeignaient un Empire légitime et outragé. Il reçut la seule vérité qu'on lui contait, celle qui présentait l'Empire sauveur de la guerre des clones acculé par des frontières politiques. Il recevait la colère de son père face à la démilitarisation forcée et encaissait l'humiliation de ses violences physiques et psychologiques. Aux yeux gorgés d'amertume de son père, Armitage était faible, malingre, était irrémédiablement une erreur. Il n'incarnait pas l'idéal de renouveau qu'il recherchait maladivement. Déception malade.
Pour le garçon le discours était net, familier comme une berceuse : la Nouvelle République était la menteuse. Celle qui promettait la protection aux systèmes l'ayant adoubée pour ne leur offrir que l'anarchie et l'abandon. La non-viabilité du régime dépassé et prétentieux aboutissant comme une évidence de marbre.

Quatre ans avant Yavin, Brendol Hux administrait à l'insu de ses pairs une force secrète d'élite nommée les cadets du commandant. Les enfants étaient repérés par leurs résultats à l'académie militaire d'Arkanis. Si Brendol, vétéran de la guerre des clones, s'était montré sensible aux performances des troopers acquises, selon lui, par l'enrôlement dès la naissance, il souligna également les faiblesses biologiques de ce type de recrues. Alors il souhaita faire table rase de l'archétype du trooper. Sous la direction du père, le conditionnement des masses, l'abandon des traits individuels excluraient le recours aux clones. La sélection rigoureuse des cadets devait ainsi permettre une reprise du flambeau, un perfectionnement de la méthode martiale - Brendol entendait s'essayer à une nouvelle variante de l'endoctrinement ; encoder dans l'esprit, par de puissantes stimulations sensorielles, l'absence de toute peur, le fanatisme, pour s'assurer une absolue fidélité. Armitage perfectionnera cette méthode par la suite. Si Brendol ne trouva aucun soutien dans la réalisation de son idée il s'employa pourtant à lui prêter vie à l'abris des regards.
Armitage fut affecté au service militaire dès son plus jeune âge, les cadets et lui évoluèrent dans un parallèle empoisonné.
Hux fils fut, lui aussi, sculpté dans la discipline qui devait fournir une nouvelle génération, plus affûtée que la précédente. Depuis son plus jeune âge il tutoyait la certitude d'être destiné à diriger la galaxie, à l'ordonner en effaçant sur son chemin jusqu'à la dernière trace d'instabilité. Tout en étant sauvagement mésestimé par son père qui n'avait de cesse de lui rappeler qu'il n'était pas à la hauteur de la tâche à accomplir.

Lors d'un voyage interstellaire le garçon se trouva seul face aux cadets, dépassé par eux d'une tête et d'une poignée d'années. Armitage se trouva glacé, il avait devant lui de véritables assassins modelés par l'idéal de son père. C'est à cet instant que l'amiral Rax intervint pour lui présenter ces soldats sous un nouveau jour. Il lui fit don de ce commandement, dessaisissant son père et sous-entendant qu'une mort regrettable ne tarderait plausiblement plus à venir le faucher.
Hux fut profondément marqué par ces paroles, pour la première fois le pouvoir pouvait réellement gronder au prolongement de ses volontés. Il avait du pouvoir. Le sentiment fut enivrant. Le tout premier ordre qu'il donna fut aussi violent que l'avaient été son humiliation et sa frustration ; il commanda à un cadet d'en battre un autre.
Peu après, Rax, emporté par son ambition au détriment des intérêts de l'empire, trouva la mort de la main de Sloane. Une perte qui ne fut pas pleurée, Armitage avait retenu la leçon que devait lui transmettre l'officier obsolète : il se savait désormais, sans plus en douter, être né pour diriger. Puisque les cadets lui vouaient toujours leur fidélité le garçon pu passer un accord avec Sloane. Si elle faisait en sorte de le préserver de Brendol alors il ferait en sorte de la préserver d'eux.
Armitage obtint ainsi de son père qu'il cesse ses brutalités et qu'il consente à lui enseigner ses savoirs. Progressivement sa personnalité se mua en quelque chose d'impitoyable, froidement carnassière malgré son jeune âge.
Hux père et fils furent ensuite dirigés vers Wayland où les pierres fondatrices du Premier Ordre furent déposées au fil des années, une édification en partie consolidée par leurs habilités dans le domaine de la gestion des armées et de l'ingénierie. Armitage adapta l'héritage des cadets de son père en étendant progressivement cette idée à une force de plus grande envergure.

Alors qu'Armitage avait vingt-cinq ans, jeune officier en ascension à la force de son intransigeance, il intercepta un message de détresse en provenance de son père isolé sur la planète Parnassos. C'est à cette occasion qu'il fit la connaissance de Phasma, placée initialement sous les ordres de Brendol. Il pressentit la compétence de la combattante et une alliance ne tarda pas à se nouer entre les deux. Leur alliance se fomenta jusqu'à aboutir à la mort de Brendol, donnée sous l'ordre d'Armitage et de la main de Phasma. Hux fils n'avait plus qu'à répondre à quelques formalités protocolaires et il s'assurait le poste de général des armées. il se heurta toutefois à quelques résistances.

Une figure de proue émergea rapidement, une stature qui dépassait de loin les autres : Snoke. Bien qu'armitage n'eut pas à sa disposition un éventail confortable d'informations concernant ce leader indiscuté il n'en demeurait pas moins visionnaire et le jeune gradé trouva en lui un adjuvant de poids dans sa prise de pouvoir. Les impériaux, vestiges à la légitimité souvent oisive, mésestimaient son existence et sa vision. Snoke était respecté et lui obtint la légitimité qui pouvait encore lui manquer, en contrepartie, il accepta de se placer sous sa coupe, estimant que ses intérêts seraient bien servis. C'est par le biais de Snoke qu'Hux se heurta à l’individualité décousue et instable de celui présenté comme son disciple, Kylo Ren. Hux en savait assez sur celui qui commandait aux chevaliers de Ren pour vigoureusement s'en méfier - une relation s'insinua entre eux, faite de défiance intime et de rejet féroce. Un antagonisme aussi viscéral que familier - Hux apprit les origines de Ren et était l'un des seuls à connaître son visage démasqué. Une lutte s'institua rapidement entre les deux hommes opposés dans la course à la validation de Snoke.
Malgré la concordance Galactique, les restes de l’Empire étendirent leur influence sur les Régions inconnues en bénéficiant de la passivité de la Nouvelle République. Les recrues impériales y affluèrent de plus en plus nombreuses et de nouveaux troopers naquirent pour escorter les convois, des enfants furent enlevés à leurs mondes d’origine et conditionnés par les méthodes de Brendol Hux afin de grossir les rangs. De la dedlanite, un minerai nécessaire à la fabrication des blasters, fut amplement foré. Cette ressource était foisonnante dans les Régions inconnues et tout particulièrement au sein des champs d’astéroïdes.
Snoke chapeauta l’expansion du Premier Ordre ; grâce aux notes laissées par le Grand Amiral Thrawn il cartographia les routes hyperspatiales secrètes, il dirigea de nombreuses missions de reconnaissance. Rapidement Sloane fut éclipsée à son profit.
Une fois la junte militaire ordonnée sous le nom de Premier Ordre, Hux obtint le grade de général. Il commandait la base Starkiller ainsi que le Destroyer Stellaire de classe Resurgent Finalizer, auquel il était affecté en permanence.
Le Premier Ordre était très mobile. Le Leader Suprême Snoke était à la tête d'un centre de commandement itinérant et les nouvelles académies impériales étaient implantées à bord de croiseurs interstellaires.
La Résistance a également vu le jour, sous l'impulsion de Leia Organa qui souhaitait garder un œil sur les agissements de l'Empire acculé. Cette dernière demanda l'assistance de la République qui lui fut refusée sous ordonnance du Sénat Galactique, focalisé sur ses intrigues politiques. Un Sénat convaincu du passage irrévocable à une nouvelle ère ; pour lui, la guerre contre l'Empire relevait du passé et il fallait maintenant organiser la pérennité d'un pouvoir nouveau, rassurer également les populations. Malgré l'Indépendance de la Résistance, la République tolèra ses agissements tout en redoutant son antagonisme envers les cendres de l'Empire.
En 28 après Yavin l’influence du Premier Ordre dépassait, en toile de fond, les seules régions inconnues. Certains sénateurs de la Nouvelle République financèrent des milices prêtant allégeance au Premier Ordre ; le noyau de la Nouvelle République était donc gangrené.
En 34 après Yavin la guerre s'ouvrit entre le Premier Ordre et la Résistance. La base Starkiller, sous l'ordre du général Hux, détruisit Hosnian Prime ainsi que ses deux lunes, capitale provisoire de la Nouvelle République et socle du sénat Galactique.
Mais la victoire fut rapidement émaillée, se convertit en défaite cuisante lorsque la Résistance lança sa contre-attaque sur Starkiller.
Oscillateur thermique détruit, les piles à combustibles fracturées, c'est la planète toute entière qui s'effondra sur elle-même en libérant l'énergie stellaire accumulée. Le général Hux souhaita cingler la riposte, paramétrer un dernier tir sur le quartier général adverse, D'Qar. Starkiller devait emporter avec elle les dernières forces rebelles actives. Cette fantastique machine conçue pour la guerre, l'aboutissement de brillantes recherches sur la matière noire et le voyage à travers l'hyperspace pilotées par ses soins, devait amener la victoire.  Un seul tir pouvait être chargé sur le temps imparti alors une fois la cible acquise Hux quitta son poste, galvanisé par sa haine de la résistance il en oublia de frémir mais il n'en oublia pas la promesse qu'il s'était faite : leur survivre à tous, aux officiers qui demeurent fidèles à la mémoire nauséabonde de son géniteur, à Ren et même à Snoke. Il n'était pas faible, il était patient et prudent. S'il donnait assez d'importance à sa vie pour quitter le navire à l'agonie c'est qu'il se savait être le seul en capacité de diriger le Premier Ordre pour l'amener au triomphe, qu'il n'acceptera jamais la capitulation. C'est à pas pressés qu'il traversa la station de combat pour rejoindre l'antre sépulcrale du Leader Suprême. En lui brûlaient les feux d'une ambition sourde alimentés par le dépit, une ambition inextinguible. Il se refusait à mourir vainement et c'est une confirmation qu'il était venu chercher. Il n'a pas été surpris par la demande de Snoke ; revenir à ses côtés en exfiltrant Kylo Ren. Il l'attendait.
Kylo Ren avait failli. Les escadrons de X-Wings engagés contre leurs chasseurs avaient en premier lieu échoué à détruire leur cible ; ce n'est que l'explosion des colonnes supportant le tunnel d'accès attenant aux conduites de l'oscillateur qui permit l'ouverture d'un point faible. Ren était sur place - les données de son capteur de position étaient formelles - il permit cette perte magistrale. L'abaissement des boucliers était par ailleurs un acte de traîtrise évident qu'il serait idiot d'imputer au meneur des chevaliers de Ren - non, Hux savait qui disposait des accréditations requises et d'une volonté de survivre équivalente à la sienne.
Kylo Ren et lui ont toujours entretenu cette rivalité qui n'appartenait qu'à eux ; elle se jouait à chacune de leurs rencontres, s'infusait dans les rictus sardoniques de Hux et faisait flamboyer sa volonté de suprématie sur cette individualité trop marquée ; détonante hors des rangs serrés. Si le général est un pur produit de l'ordre le chevalier en est son parjure ; ses intérêts personnels sont saillants et mugissants. Ils étaient deux entités contraires, deux autorités entrelacées qui devaient opérer en tandem du fait de la force décisionnaire de Snoke. Les allures bestiales et les conduites impulsives de Ren ont souvent compromis l'agencement rectiligne des programmations de Hux. Mais le général savait se nourrir de la moindre erreur du chevalier qui démontrait par antithèse la fiabilité de ses propres méthodes ; un besoin vorace était né au fil des années à son contact, celui de briller à son détriment. Hux se ferait donc un plaisir de le sauver.
Il triangula sa position grâce au capteur implanté dans sa ceinture ; ses snowtroopers scannèrent la zone accidentée dans la blancheur épaisse, convulsante sous les plaintes de Starkiller, les terres hurlaient leur agonie en s'étirant et en cédant sous les poussées ardentes du cœur du monde. Et ils le trouvèrent.
Il ne restait que deux minutes et trente-sept secondes avant que Starkiller n'implose pour former une étoile, ils s'échappèrent.

Le revers de la médaille fut plus amer encore. Les intérêts personnels de Ren ainsi que ses obsessions prirent le dessus sur tout le reste, sur le Premier Ordre, il abattit Snoke.
Si Hux fut désarçonné, il ne pleura pas un instant la dépouille du Leader Suprême : il n'hésita qu'une seconde de trop avant de dégainer son blaster et d'abattre Ren. C'était trop tard, malgré toute sa légitimité à gouverner, l'autre homme venait de dérober la place qui lui revenait. Hux collabora un temps, malgré la rétrogradation, malgré la surveillance permanente sous laquelle Ren l'avait placé. Mais l'humiliation et cette asymétrie nouvelle était trop cuisantes - impardonnables. Il connaissait suffisamment Ren et son entêtement pour efficacement savoir le trahir ; ivre de vengeance et de le destituer de son piédestal Hux commença à dispenser des informations capitales à la Résistance.
Son double-jeu finit par être percé à jour par un impérial qui, comble d'ironie, fut un proche de son géniteur. Armitage Hux fut abattu sommairement sur le pont du Destroyer Steadfast.

Lorsqu'il se réveilla, s'extirpa des limbes, Hux découvrit une ville dont il ne connaissait rien et qui n'était semblable à aucune autre qu'il eut connue. Le niveau de technologie était morcelé par les connaissances hétéroclites de ses résidents - vraisemblablement des déportés au même titre que lui. Les siennes lui permirent d'investir le champ, ouvert et peu fréquenté, de la recherche en robotique. En toile de fond l'idée de ne pas capituler, de gagner en capital, de regouverner un jour.