On m’a fait comprendre qu’il serait de bon ton d’écrire ma vie. Un narcissique aurait sauté sur l’occasion pour glorifier son existence et l’ériger au statut de légende, mais je n’étais pas particulièrement friande de ce genre de mise en avant. J’ai refusé au départ. À quoi bon ? Je n’ai même pas trente ans et on me demande de ratisser mon existence comme si j’étais déjà au crépuscule de ma vie. Qui cela intéresserait-il, d’ailleurs, de connaitre mon vécu jusqu’à ce jour ? Pas grand monde. Puis on m’a rappelé ma fonction de princesse d’Alderaan, de sénatrice, de générale… Ça n’a pas donné plus de poids à leur propos. « Oui et alors ? » ai-je répondu. Je ne me suis pas impliquée dans ces combats pour qu’on me couvre d’éloges ou pour qu’on érige des statues à mon effigie. J’ai fait ça pour l’intérêt commun et, au même titre que toutes les personnes engagées dans ce conflit, je n’ai été qu’un petit rouage efficace qui a mis en branle une grande machine. Puis on m’a suggéré de confier mes souvenirs à une main experte, une plume habituée à ce genre de récit. Puisque je refuse que quiconque s’approprie mon histoire pour faire de moi une héroïne dans leur légende, j’ai décidé de prendre moi-même la plume. Je ne suis toujours pas convaincue par la manœuvre, mais personne ne connait mieux que moi ma propre vie.

Je suis née durant l’ère impériale, dans un contexte de guerre sans précédent. D’un commun accord avec Obi-Wan Kenobi et Maître Yoda, le sénateur Bail Organa m’avait adopté séparément de mon frère jumeau. Si beaucoup pouvaient trouver la manœuvre cruelle, elle ne visait en réalité que notre salut, à Luke et moi. À cette époque, et pendant très longtemps d’ailleurs, j’ignorais qu’ils avaient fait ça pour que mon géniteur ignore tout de notre existence après le décès brutal de ma mère en couche. Je ne suis pas au fait des circonstances précédant ma naissance, mais avec les bribes d’histoire que j’ai entre les mains, je peux aisément les deviner. En tout cas, mes parents adoptifs ne m’avaient jamais caché que nous n’étions pas liés par le sang et cela n’avait que très peu d’importance pour moi. Ils n’ont jamais montré la moindre différence. J’ai compris plus tard qu’ils ne m’avaient jamais parlé de mes parents biologiques pour ma sécurité, mais je dois reconnaitre que cette inconnue m’avait, à plusieurs reprises, travaillé. En dehors de cette énigme au sujet de mes origines, j’ai vécu une enfance plus qu’heureuse. J’étais devenue la Princesse Organa et je crois que je détestais passablement ce titre pour toutes les charges, responsabilités et règles qu’il m’imputait. Je n’avais jamais été très friande d’ailleurs du respect de l’étiquette, menant mes tantes par le bout du nez dès qu’il s’agissait de m’inculquer quoique ce soit en rapport avec mon rôle de futur monarque. Elles ont tout fait pour gommer ce qu’elles considéraient comme des imperfections, mais mon arrogance, mes provocations et mon côté têtu faisaient visiblement profondément partie de moi. En revanche, j’étais très curieuse pour tout ce qui concernait le savoir et la connaissance de notre monde. Je détestais les mondanités au point qu’il m’arrivait de fuir pour me dérober au protocole. Une fois, malheureusement, lorsque j’étais dans ma dixième année, un groupe en profita pour me kidnapper. Ce fut au cours de cette mésaventure que j’ai eu la chance de rencontrer Obi-Wan Kenobi, un ancien Jedi haut placé qui aurait apparemment connu mes parents biologiques. En plus de me sauver et de me ramener chez moi après une aventure particulièrement éprouvante, j’en sus un peu plus sur mes parents biologiques, grâce à lui. Ils étaient passés du stade d’inconnus à celui de figures brumeuses dans mon esprit auxquelles je pouvais associer des traits de caractère — selon les dires d’Obi-Wzn j’ai autant hérité de l’un que de l’autre. Une vérité qui avait, quelque part, réconforté l’enfant que j’étais jusqu’au jour où j’ai appris la véritable identité de mon géniteur, mais nous y reviendrons plus tard.

Cet incident poussa par la suite mes parents à engager un tuteur spécialisé pour me former au combat et aux techniques d’autodéfense. Vous l’aurez compris, j’étais bien plus investie dans ces cours-là que dans ceux dispensés par mes tantes au sujet de mon devoir de futur monarque. A seize ans, en plus d’être investie officiellement comme la prétendante au trône d’Alderaan au cours de la cérémonie du Day of Demand, je devins officiellement l’assistante de mon père, Bail, au Sénat galactique. En travaillant avec lui, j’avais compris que ma place n’était pas sur un trône, mais dans l’hémicycle pour défendre les intérêts du plus grand nombre. On peut aisément dire que j’avais, de fait, trouvé ma voie. Depuis que j’étais en âge de savoir lire, écrire et de comprendre des choses plus complexes, je crois que je n’avais jamais été aussi passionnée par un sujet que celui de la politique. Bien évidemment, je tiens ce gout de Bail, mais je crois que c’est une chose que j’ai directement héritée de ma mère biologique depuis que j’en sais un tout petit peu plus sur elle. Je suis fière de poursuivre son combat, en dépit du fait que je ne l’ai jamais connue. Peut-être est-ce prétentieux de ma part, mais j’ai l’impression de la faire revivre au travers de ma voix et de la rendre fière, où qu’elle soit. Cette fierté et ce gout de la politique s’étaient exacerbés lorsque j’avais œuvré au côté de mon père dans l’édification, avec d’autres, des prémices des mouvements rebelles contre l’Empire. Avais-je peur de mourir et d’être accusée de trahison ? Bien sûr que oui, mais cette peur n’était pas aussi grande que celle de vivre éternellement dans un état fasciste et corrompu. Alors, ces craintes très humaines avaient rapidement été mises de côté, encore plus lorsque nous apprîmes les plans machiavéliques et génocidaires des Impériaux.

Je n’avais que dix-neuf ans lorsque j’avais eu vent, avec effroi, de l’existence de l’Étoile de la Mort. Je savais que l’Empire était capable de beaucoup de choses en trois ans d’engagement dans la rébellion, mais j’avais eu bien du mal à croire à l’existence de cette arme de destruction massive et planétaire abominable. Quand les événements survenus sur Jedha et Scarif furent portés à ma connaissance, j’avais été bien forcée d’admettre qu’il ne s’agissait pas de rumeurs. Toutefois, le sacrifice de l’escouade Rogue One n’a pas été vain dans cette quête de liberté. En plus d’avoir appris l’existence de l’Étoile de la Mort, nous avions été mis au fait d’une faille dans son système, une erreur volontaire à laquelle nous pouvions accéder grâce aux plans récupérés dans les archives impériales sur Scarif. J’avais naïvement cru que la chance continuerait de nous sourire. Je ne sais pas pourquoi un tel sentiment m’avait gagné alors que, mieux que quiconque, je savais ô combien notre situation était dangereuse et précaire en tant que mouvance rebelle dans un état profondément liberticide. L’abordage de ma flotte diplomatique par Lord Vador m’avait douloureusement ramené à la réalité. La présence de l’effroyable Wilhuff Tarkin aussi. Tous deux me sommaient de rendre les plans. Ils me parlaient aussi de deux droïdes qui avaient pris la fuite — R2D2 et C-3PO étaient en mission pour moi. Ils devaient transmettre un message de toute urgence à Obi-Wan, caché sur Tatooine. Je jouais les innocentes, faisais mine de ne pas comprendre. Croyaient-ils vraiment qu’ils m’impressionnaient ? Ils avaient eu tort de me sous-estimer tout comme moi j’avais eu tort de sous-estimer leur cruauté. Ils me firent chanter : les plans et la localisation des deux droïdes ou alors ils abattraient leur couperet sur Alderaan. Pensant que ce n’était que du bluff, je refusai toujours autant de parler. Puis, sous mes yeux qui perdirent leurs dernières miettes d’innocence, je vis ma planète d’adoption, et toustes celleux qu’elle portait en son sein, disparaitre en un coup de laser. Par ce geste d’une cruauté infâme, ils n’avaient pas simplement réduit une planète à néant. Mon enfance, mon adolescence, ma vie heureuse et les souvenirs qui y étaient attachés venaient de disparaitre avec elle. Mes tantes, mes parents… Plus rien de ce que j’avais connu n’existait. Je devais déjà vivre avec le deuil de mes parents biologiques et des questions auxquelles ils ne pourront jamais répondre et voilà que s’ajoutait le deuil de ceux qui m’avaient accordé une vie d’amour infini. Je n’étais pas seulement en deuil et animée d’une rage folle à ce moment-là, je portais également le poids de la culpabilité d’avoir mis ce peuple en péril au profit d’une décision de ma part que j’estimais importante. La rébellion n’avait pas d’autres choix que de réussir tout ce qu’elle entreprenait désormais : hors de question que le peuple d’Alderaan et toustes celleux impliqué·e·s dans ce combat soient mort·e·s vainement, à cause de cette décision que j’ai prise en connaissance de cause.

Les horreurs du Grand Moff et de Dark Vador ne s’arrêtèrent pas là puisque, à la suite de la destruction d’Alderaan et de ma profonde colère, j’avais subi un interrogatoire particulièrement violent et musclé entre les mains du Seigneur Sith. Il s’était étonné à plusieurs reprises de ma résistance alors que jamais personne ne lui échappait sur ce plan-là. Autant lui que moi, nous ignorions que ce fut la Force contenue dans mon sang qui m’avait doté de cette capacité. Par fierté et provocation, je lui avais lancé que je n’étais pas étonnée d’un tel revirement puisque c’était la première fois qu’il ne s’en prenait pas à plus faible que lui. Autant vous dire que j’avais rapidement regretté mes paroles. En parallèle de ces séances de torture, j’ignorais que mon message avait été reçu par Obi-Wan et qu’une petite équipe composée du Jedi, d’un gamin de Tatooine, d’un contrebandier peu scrupuleux (mais pilote de talent) et de son compagnon d’aventure était en chemin pour me libérer. Puisque les kamikazes d’un jour avaient réussi leur abordage sur l’Étoile de la Mort où j’étais retenue prisonnière, ce fut ainsi que je fis la connaissance de Han, Luke et Chewbacca qui ne me quitteront plus depuis ce jour. Je dois reconnaitre qu’au départ, j’étais très dubitative et loin d’être impressionnée par leurs nombreuses manœuvres, mais fort heureusement nous arrivons à nous échapper. Cette fuite ne s’était pas faite pas sans perte : à nouveau, j’assiste tragiquement à la mort d’une personne qui m’était chère. Sans le sacrifice d’Obi-Wan face à Dark Vador, nous n’aurions probablement pas pu nous en tirer. Attristés, mais pas sans espoir, Luke, Han et moi rejoignions ensuite la base rebelle sur Yavin 4. Une fois à bon port, je n’étais pas rassurée pour autant : je restais convaincue que le Seigneur Sith nous avait laissé partir afin de nous pister et de découvrir la localisation de notre base. Han, de son côté, n’en démordait pas : ses talents de pilote étaient à l’origine de leur succès. Nous nous étions disputés parce que j’étais (et je suis) absolument têtue et bornée et je ne supportais pas son arrogance ainsi que son ton éternellement satisfait d’un rien et imbu de lui-même. J’ajoutais la lâcheté à la pléthore d’adjectifs que j’usais lorsqu’il prétendit être là simplement pour récolter la rançon promise en échange de mon sauvetage et lorsqu’il quitta la base alors que nous étions en pleine préparation de l’assaut contre l’Étoile de la Mort. La bataille fut rude, mais notre objectif avait été atteint : la première super-arme de l’Empire était détruite. Nous y étions arrivés notamment grâce à l’intervention de Han revenu au cours de la bataille connue désormais sous l’appellation de « Bataille de Havin » et sur laquelle tout notre système de datation est basé.

La destruction de l’Étoile de la Mort ne marqua pas pour autant la chute de l’Empire. Dark Vador était encore bien vivant et l’Empereur aussi. Je ne me reposais donc pas sur mes lauriers. En parallèle de diverses missions qui mirent à mal la suprématie de l’Empire, il était important pour la Rébellion de trouver un nouvel endroit pour établir une base depuis que celle de Yavin 4 était compromise. Une tâche à laquelle je me dévouais avant de tomber sur l’endroit idéal : Hoth, une planète gelée et loin de tout, située dans les Territoires de la Bordure extérieure. Trois ans s’étaient écoulés depuis la Bataille de Yavin et autant dire que l’Empire menait une campagne des plus agressive contre toute mouvance rebelle. Ils nous rappelèrent à nouveau la précarité de notre situation lorsque nous fûmes débusqués sur Hoth. Nous n’avions pas tout de suite battu en retraite, menant tout d’abord une bataille acharnée contre leurs forces. Un combat difficile à diriger à cause, entre autres, de Han qui s’employait à m’impressionner par tous les moyens. Le pire fut sûrement lorsqu’il joua au coq et qu’il m’embrassa alors qu’il y avait plus important à faire. Je détestais en réalité l’effet et la prise qu’il avait sur moi : je comprenais ce qui était en train de m’arriver, sauf qu’à ce moment là de ma vie je voulais tomber amoureuse de tout le monde et de n’importe qui tant que ce n’était pas ce pilote arrogant, narcissique, sarcastique, provocateur et séduisant . J’avais tout fait pour nier ces sentiments au prétexte qu’il y avait plus urgent à vivre, mais mon cœur s’acharnait à me rappeler l’inévitable : je devenais, lentement mais sûrement, folle de lui. Pour en revenir au plus important, nous remportâmes la bataille de Hoth et parvînmes à nous enfuir sans savoir que nous étions suivis de près par Boba Fett, l’un des mercenaires de prédilection de Dark Vador engagé expressément pour nous localiser.

Alors que Luke avait décidé de poursuivre sa propre route vers Dagobah pour suivre sa formation aux côtés de Maître Yoda, Han, Chewie et moi, nous nous étions rendus sur Bespin afin d’y retrouver un ami de Han, Lando Calrissian, qui me rendait… plutôt perplexe. Peut-être me méfiais-je un peu trop de tout et de tout le monde, mais dans des temps si troublés… C’était loin d’être de trop. Ça amusait Han, l’agaçait sur la fin, mais j’étais ainsi. Que ça lui plaise ou non, ce n’était pas mon problème. Enfin bref, à la base, nous étions ici pour faire réparer le Falcon Millennium sacrément endommagé après la bataille de Hoth. Le moment avec Lando aurait pu être agréable et même me faire baisser ma garde si mon intuition ne s’était pas confirmée : Vador était présent sur Bespin. Lando avait passé un accord avec lui — nos pauvres âmes en échange d’une promesse de non-interférence dans ses affaires de la part de l’Empire. Nous avions bien évidemment essayé de nous défendre, mais nous avions fini par être capturés. J’avais tenté d’alerter Luke avant que nous soyons emmenés, en vain. Pris au piège, Han est cryogénisé après que j’eus juste le temps de lui avouer l’impensable « Je t’aime », cri du cœur auquel il a simplement répondu par un « Je sais. » Ma déception fut grande, mais bien moins que la tristesse qui m’éreintait en le voyant captif de la carbonite. Puisque Jabba le Hutt réclamait sa tête à cause d’une vielle dette, son corps fut vendu au chef du crime sur Tatooine. À partir de cet instant, je n’avais plus qu’une seule idée en tête : sauver Han. Mais comment faire maintenant que j’étais entre les mains de l’Empire ? C’était sans compter sur l’aide inattendue de Lando qui se retourna contre Vador et qui nous aida à nous libérer avec Chewbacca. Nous fuîmes tandis que Luke se posa sur Bespin. Je l’avais récupéré avec plus tard, avec une main en moins, après avoir senti sa détresse, sans savoir ce qu’il venait de traverser — il avait affronté Vador avant qu’il ne lui révèle le terrible secret qui les liait. Luke en sécurité dans le vaisseau, je décidai de mon côté de retourner sur la base rebelle tandis que Lando se rendit sur Tatooine pour s’assurer que Han piégé dans la carbonite s’y trouvait.

Une fois que nous avons eu la confirmation que Han se trouvait bien dans le quartier général de Jabba, nous élaborions un plan pour nous infiltrer. Si nous avions estimé, au départ, que notre plan était bien ficelé, une fois sur place, il tourna complètement à la catastrophe. Certes, nous avions réussi à libérer Han de la carbonite et j’ai eu le bonheur de l’entendre me confirmer la réciprocité de son amour à mon égard, mais nous n’avions pas réussi le principal : fuir. Han, Luke, Chewbacca furent condamnés à mort et moi je fus réduite en esclavage aux côtés de Jabba. Je n’avais jamais autant haï ma vie qu’à cet instant précis. Je n’avais jamais autant haï le fait d’être femme, car j’avais été immédiatement réduite à l’état d’objet supposé répondre au moindre désir du chef, et bon sang comme j’avais envie de le tuer ! Une envie qui s’était accrue lorsque j’assistais impuissante à l’exécution des êtres les plus chers à mon cœur. Mais comme toujours, nous avons trouvé une échappatoire et moi, j’exultais, ayant arraché mon droit de liberté en tuant l’infâme Jabba avec les mêmes chaines qu’il avait chevillées à mon corps. Le clan du Hutt réduit à néant, nous fuîmes.

Encore une fois, ma route et celle de Luke se séparèrent : il s’envola vers Dagobah tandis que le reste de l’équipe et moi nous mettions le cap sur Sullust afin d’y rejoindre la base rebelle. Une fois sur place, nous apprenons qu’une seconde Étoile de la Mort est en construction en orbite de la lune d’Endor. Sans plus attendre, nous mettions sur la table un plan d’attaque qui s’articulait de la même manière que le premier : attaquer l’arme en son cœur, mais avant cela, il fallait désactiver le bouclier qui l’entourait en détruisant sa base située sur Endor. Han se porta volontaire pour cette mission. Je me joignis à lui, bien évidemment. La sénatrice Mon Mothma m’a déconseillé de prendre part à cette mission suicide, mais avais-je déjà écouté les conseils de qui que ce soit ? Pas vraiment.

Plus tard, Luke et les fidèles R2 et 3PO nous rejoignirent. Une fois sur place, détruire la base du bouclier n’était pas une mince affaire puisque, après avoir été attaqués par des troopers, Luke et Han furent faits prisonniers par la population locale — les Ewoks. Ayant sympathisé avec l’un d’eux au cours d’un accrochage avec un stortrooper, je fus épargnée. Luke et Han devaient leur salut à C-3PO que les Ewoks confondaient avec un dieu, mais… le Jedi n’était pas non plus étranger à cette libération. D’ailleurs, au cours du banquet organisé en l’honneur de C-3PO, je remarquai Luke en train de se dérober. N’écoutant que ce que mon cœur me dictait, je le suivis à l’écart du groupe. Je le questionnai sur ce qu’il le troublait. Je refusais qu’il aille combattre Lord Vador. Puis il me lassa complètement interdite au moment de me révéler le plus doux, le plus évident des secrets, mais surtout le plus terrible : Dark Vador est son père. Luke est mon frère. Je n’ai pas tardé à assembler le reste du puzzle.

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Je n’avais pas empêché Luke de rejoindre Dark Vador ce soir-là. J’avais préféré concentrer mes efforts sur la bataille du lendemain — il fallait coordonner autant les attaques terrestres que spatiales avec les troupes rebelles qui nous rejoignirent. Ça n’était pas une mince affaire d’ailleurs, une fois que nous étions dans le jus. Les combats faisaient rage autant dans les airs que sur la terre ferme. Beaucoup périrent, mais personne ne déserta, surtout pas les Ewoks sur qui personne n’aurait misé un centime en raison de leur petite taille et de l’aspect primitif de leurs armes et techniques de défense. Mais sans eux, nous n’aurions jamais réussi à atteindre notre objectif. Au sol, nous réussîmes à faire exploser la base qui contrôlait le bouclier. Dans les airs, ils firent exploser comme prévu la seconde Étoile de la Mort qui marqua la chute de l’Empire cette fois-ci, contrairement à la première fois. L’Empereur était mort. J’étais très loin de me douter que, durant la bataille d’Endor, Luke avait été confronté à de grands dilemmes moraux et que Lord Vador l’en avait sorti en plus de le sauver de l’Empereur.

Quand il nous avait rejoints sur Endor, il avait emporté avec lui le corps du Seigneur Sith. Les festivités battaient leur plein, mais moi je n’avais plus le cœur à la fête en voyant ce que mon frère avait fait : il offrit des funérailles à notre géniteur, en retrait. Je ne l’avais pas rejoint. Prétendre que je m’amusais et que je n’étais pas touchée était plus facile que de surmonter ma colère. La guerre était finie. Tous les peuples jouissaient d’une liberté plénière. C’était tout ce qui importait.

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À la fin de cette période de tumultes et de guerre, ce fut le plus logiquement du monde que Han et moi, nous avions décidé de sceller notre union de manière très solennelle. Il était devenu mon époux. J’étais devenue sa femme. Jamais au moment de notre rencontre je n’aurais cru que je puisse un jour porter son nom avec autant de fierté. La seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir pris le temps de fêter mes noces avec lui. Reconstruire la République était trop important à mes yeux et passait avant notre mariage. Je le devais à mes parents, à ma mère biologique et à toustes celleux qui s’étaient investi·e·s dans ce combat au péril de leur vie. C’est d’ailleurs ici que mon récit s’achève, car j’ai encore tout à écrire au sujet de ma vie de sénatrice et j’entends, avec l’aide de tous, redonner sa grandeur à notre si belle galaxie.

Ici s’achèvent les mémoires de Leia Organa. Elle n’aura pas l’occasion d’en écrire la suite, en tout cas, pas dans son monde puisqu’elle subit, au même titre que son jumeau, les effets aléatoires et aveugles du Collapse. Elle n’était pas si déboussolée que cela puisqu’elle retrouva Luke à assez rapidement. Sans grande surprise, elle travaillait depuis ce temps avec lui et œuvrait pour le bien envers celleux qui démontraient des aptitudes particulières sans les maîtriser. Elle s’épanouissait autant dans ce travail que dans son entrainement de Jedi qu’elle suivait avec assiduité en compagnie de Luke. Il ne lui manquait que Han pour avoir un équilibre parfait dans la logique de ce monde qui lui échappait. Le Collapse allait lui faire un cadeau, mais pas celui auquel elle s’attendait : celui-ci était empoisonné. Au lieu de lui ramener son époux, ce monde allait la torturer en lui ramenant cette ombre du passé qu’elle souhaitait par-dessus tout oublier : son géniteur.