In the shadow (of your heart) [Hux]

Une migraine pulse sous le crâne de Kylo, là où sa tête a dû heurter le sol après sa chute. Le crissement du sable sous sa joue, lorsqu'il pivote pour prendre appui sur ses bras, lui paraît assourdissant. Même sans ouvrir les yeux, il peut sentir le monde tourner autour de lui et il prend un moment pour attendre qu'il se stabilise. Chassant le sable de ses cils d'une main maladroite, il se redresse enfin et, par réflexe, lève la tête pour guetter la présence de Rey au bord du gouffre.

Mais il n'y a pas de gouffre. Pas de parois de pierre autour de lui, pas d'éclairs.

Il tente d'étendre sa perception de la Force, mais est aussitôt frappé par la désolation au milieu de laquelle il se trouve, et par une vague de nausée si violente qu'il ne peut continuer à chercher.
Les étoiles lui apprennent qu'il n'est pas sur Exegol, pas même dans les Régions Inconnues. Mais où, alors?

Ses doigts se tendent vers son sabre, et il s'immobilise lorsqu'il les referme sur une poignée qu'il ne connaît que trop bien. Dans sa main, la lame rouge et tremblante prend vie, illuminant son casque posé juste un peu plus loin.
La visière le fixe, moqueuse, alors que le froid ambiant s'insinue jusque dans ses os.

"Non, non, j'étais avec Rey, j'ai…"

J'ai donné ma vie pour elle, aurait-il voulu prononcer, mais à l'évidence il est bel et bien vivant. Il est vivant, et avec pour seule compagnie son casque et son sabre.

Ce n'est qu'à l'aube que Kylo réalise ce qui signifie ce qui aurait pu apparaître comme une seconde chance. Il devait se réincarner dans la Force, c'est la promesse faite à tout ceux qui choisissent le côté Lumineux, comme il l'a fait aux dernières heures de sa vie.
Mais la Force n'a pas voulu de lui, et lui a rendu ses insignes de l'Obscurité.

Il se lève avec le soleil, ce jour-là, choisit une direction et abandonne son matériel derrière lui. Lorsque l'astre atteint le zenith, son casque le nargue à l'horizon; il a tourné en rond. Il l'ignore, ajuste sa trajectoire et continue.
La lune se reflète sur le métal noir lorsqu'elle grimpe à l'assaut du ciel, et Kylo plante dans le sol la branche qui lui a servi de bâton de marche improvisé pour fixer le sabre à sa ceinture et remettre son casque.
Il ne croise plus le morceau de bois.

Peu importe où il est, la Force s'avère capricieuse. Tour à tour elle ne répond pas ou décuple ses intentions, se montre rétive puis coopère soudainement. Chaque utilisation zèbre ses muscles d'une douleur lancinante, déclenche des vagues de nausées.
Il survit, tant bien que mal, sous la chaleur écrasante et le froid glacial des petits animaux qu'il parvient à débusquer. Peut-être est-ce eux qui lui donnent la nausée.

"Ben."

C'est à peine un murmure, et pourtant il fait vibrer chacun de ses os avec l'intensité d'un éboulement.

"Rey?!"

Sa propre voix lui semble assourdissante, éraillée par la soif et le manque d'usage alors qu'il se redresse, se tournant, guettant la silhouette familière. Mais rien. Seulement du sable, et quelques vestiges d'arbres morts, parfois un rocher et, toujours, ce soleil aveuglant.

"Ben."

Le murmure résonne à nouveau, et Kylo s'élance à sa poursuite. Elle est là, tout près, il en est certain.

Mais il ne trouve rien.

Pendant plusieurs heures, il n'entend plus un mot. Et puis, alors que le soleil se couche, sa Dyade reprend la parole. Lui demandant pourquoi, et il sait qu'elle parle de son casque qu'il a ramassé dans le sable, et n'a plus lâché depuis.
Elle lui parle pendant des jours, chaque phrase un peu plus tranchante que la précédente et quoi qu'il dise, quoi qu'il promette, ce n'est jamais assez. Son sacrifice et son errance dans le désert ne représente pas une rédemption suffisante aux yeux de la Jedi qui n'a de cesse de le condamner, de le narguer en lui réclamant la seule chose qu'il ne peut faire.

Quand le désert a finalement raison de ses forces, il choisit de ne pas essayer de se relever et accepte avec gratitude la perspective du néant qui l'attend.
Mais rien ne se passe jamais comme il le souhaite et, après ce qui semble être une éternité, une main agrippe son épaule et le retourne sur le dos, l'aveuglant aussitôt.

Ses réflexes s'activent avant même que la pensée qu'il ferait mieux de se laisser achever ne puisse le traverser. Il repousse la silhouette sombre -pas celle de Rey- d'un coup de pied au torse et décroche le sabre à sa ceinture pour en déployer la lame, se relevant pour se mettre en position de combat. Mais à peine debout son affaiblissement le rattrape et il doit poser un genou à terre.

L'une des silhouettes, soudainement floue quoique Kylo puisse discerner les mains tendues en avant, essaye de dire quelque chose. Il ne la comprend pas, pas plus qu'il ne réalise qu'il chute avant de percuter le sol.

Le ciel se teinte de rouge, quand il le voit défiler au-dessus de lui.

"Monstre."

Le murmure le secoue davantage encore que l'engin sur lequel il est attaché, et il se laisse sombrer une nouvelle fois.

Il est dans un lit, et une perfusion est fixée à son bras. Il prie pour que ce soit du poison.

L'aube se lève, et avec elle la certitude qu'il ne mourra pas. Un médecin entre, vérifie la perfusion, débite des explications que Kylo n'écoute pas. Il se fout de savoir où il est.

"Où est la fille?"
"Quelle fille?"
"Rey. Elle était avec moi dans le désert."
"On n'a ramené que vous, mais je vais me renseigner."

Les éclaireurs affirment n'avoir vu personne d'autre, mais une nouvelle patrouille est lancée. Elle revient bredouille, comme les suivantes, jusqu'à ce qu'on lui annonce qu'il lui faut faire son deuil. Que les chances sont trop infimes. Mais elle n'est pas morte, il le sait.

On le nourrit, et lorsqu'il est déclaré suffisamment remis on l'invite -gentiment mais fermement- à se rendre utile à la communauté. On lui demande son nom complet et, sans surprise, aucune correspondance n'est trouvée. Kylo Ren est né de la mort de Ben Solo, et ni l'un ni l'autre n'ont de famille qui soit encore en vie.

On lui explique que les personnes compétentes ont été contactées, pour ce que ça peut lui faire, mais il n'y a pas d'autres explications sur ce que ça signifie et il n'en demande pas. Il se contente de faire ce qu'on lui demande, jour après jour, en s'efforçant de ne penser ni à la veille ni au lendemain.

"Monstre."

Kylo ignore si sa Dyade continue de lui parler, ou s'il s'agit d'un souvenir trop vif. Ce mot-là est le premier, toujours, mais des bribes ne cessent de résonner à l'arrière de son crâne, comme si elle murmurait contre sa nuque.

"Monstre!"

Peut-être…
Peut-être aurait-il mieux valu qu'on ne le trouve pas.
Mais il est trop lâche que pour y remédier.

Si Armitage Hux délaisse le sommeil c’est qu'il connaît la valeur du temps. Arrivé au pouvoir jeune, trop jeune pour ses détracteurs, il a usé de chaque seconde pour préparer son ascension vers des victoires décisives. Le temps est matière d’avenir, il faut savoir en saisir le fil pour le tisser soigneusement mais aussi le saisir au moment opportun ; ne pas rater les opportunités qui jalonnent son déroulé capricieux.

Voilà pourquoi en Nowhere, son regard aiguisé reste bordé de cernes creusées, résultat de ses nuits passées à découvrir les lois qui régissent ce monde, à créer un réseau et à ériger une nouvelle organisation capable de le porter vers le sommet de ses ambitions.  Il administre son nouvel empire avec l’efficacité et l’implacabilité dont le Premier Ordre a pu profiter pour prospérer. Du moins jusqu’à la débâcle provoquée par l'élément imprévisible et instable qu’a été Ren.

C’est justement sa présence qu’on lui rapporte, ses informateurs connaissant le portrait rigoureux que Hux leur a dressé et savent qu’il veut être informé en priorité sur sa présence, peu importe quelles autres affaires urgentes peuvent le concerner. Ren. Cet homme qui lui a arraché la maîtrise du Premier Ordre peu de temps après qu’il l’ait amené jusqu’au-devant de la scène interplanétaire, qui lui a ôté l'organisation dont il a défini les règles et principes. Créature faite d’instinct et de passion, Kylo Ren a entraîné dans sa chute l’héritage de l’Empire et son renouveau, a perverti la cause du Premier Ordre sur son chemin d’instabilité.

Hux ne peut empêcher l’amère indignation de le gagner quand il songe au brun et à sa survie potentielle et pourtant, une autre partie de lui est piquée à l’idée de le retrouver, de le confronter. Ren a toujours suscité chez lui cette ambiguïté, le révulsant par sa simple existence et pourtant, l’attirant par sa puissance, sa psyché brisée et l’envie d’asseoir sa domination sur lui.

Voilà pourquoi il quitte Nexus et ses bâtiments vertigineux aux reflets cristallins pour s’aventurer sur les terres arides de Mirage. Le voyage est tout tracé, le port de Nexus est relié à celui de Mirage de sorte à permettre l’exportation des ressources de ces grandes échappées sauvages vers le quartier du progrès. La voie des airs est proscrite à cause des contrôles aériens au-dessus de The Heart. C’est contre un coût modique que l’ancien général fait affréter un bâtiment disposant des dernières technologies de Nexus pour son voyage, de quoi continuer son travail lors de la traversée. Continuant d’agencer ses pions même loin de l’échiquier, toujours en partie contre le monde.

Quand Armitage Hux pose un pied sur le ponton, c’est le soleil éblouissant des lieux qui l’accueille. Il range son Pad dans une poche de sa tenue sombre qui, si elle est cousue à la mode de la ville, a des accents militaires. Son regard ne tarde pas à s’ancrer dans celui de la femme qui sera son accompagnatrice vers le point de chute où se trouve Ren. Nombreux sont ceux à Mirage connaissant mieux la langue acquise de l’argent que celle de l’usage courant et l’entrepreneur sait user sans peine de ce qui lui est proposé, pour peu qu’il y trouve une utilité. En silence il s’approche d’elle et monte dans le véhicule motorisé à ses côtés, s’installant avec un aplomb sévère contre la banquette.

A travers la vitre de la voiture tout-terrain, les espaces côtiers et leurs villes tropicales font place à des étendues boisées à perte de vue. Au loin, on peut discerner les monts enneigés des plus hauts sommets, à des centaines de kilomètres de là. Et soudain, arrivé à l’orée de la forêt, le désert surprend ceux qui en sortiraient, l'espace aride bordant la verdoyance.  

Plusieurs heures de voyage à observer l’immensité de plaines de sable défilent avant qu’ils n’arrivent à leur destination ; une ville à proximité des dangereuses Oasis, un des avant-postes des sauveteurs de Mirage mais également le lieu de repli de certains proscrits et exilés. Sa botte cirée s’enfonce dans la couverture de sable qui resplendit comme mille diamants sous l’effet du soleil. D’un mouvement leste il sort une carte sur laquelle sa guide s’empresse de coller un terminal, actant leur transaction et créditant son compte en dehors des réseaux banquiers conventionnels.

Puis d’un pas assuré il avance entre les tentes épaisses qui abritent blessés et égarés. Du dos de sa main, il balaye une étoffe pour s’ouvrir un accès vers le lieu qui l’intéresse. Ses pas sont étouffés par les tapis sous ses pieds, trouvant le brun afféré à de menues corvées. La bête est donc là, et Hux l’a connue plus fière. Ici il la trouve prostrée et soumise, loin de la sauvagerie primale qui l’anime d’ordinaire. Cela lui semble… détonnant. Presque révoltant. L’entendre de la part de ses rapports était une chose, le voir en est une autre. Et cette vision lui donne envie d’écraser, de dominer, de réparer pour ensuite de nouveau briser.

Ses mains croisées dans son dos, l’ancien général lui concède un regard, suffisant et moqueur cependant.

« Quel spectacle Ren. »

Autour de lui, les journées infernales et les nuits glacées se succèdent sans sens ni ordre. L’avant-poste n’est jamais vraiment à l’arrêt, et Kylo ne se soucie guère de la course du soleil lorsqu’il s’agit de débuter et finir ses journées. Il a passé le plus clair de son âge adulte calqué sur des rythmes artificiels, sans autre logique que celle des besoins du vaisseau et de Snoke.

Les autres habitants semblent avoir rapidement appris à laisser une certaine distance entre eux et lui, après qu’un homme particulièrement horripilant ait tenté de lui soutirer plus d’informations qu’il ne consentait à en donner. Ses questions incessantes, couplées aux murmures venimeux qui continuent de couler contre sa nuque, ont vite eu raison de l’apathie de Kylo pour le plonger dans une colère noire qui a valu à l’autre d’être projeté au travers d’une toile de tente.

Le plus souvent on lui apporte des choses à réparer, la tâche ne réclamant que des interactions brèves. Et il l’accepte. Parce qu’il n’y a rien d’autre à faire ici, raisonne-t-il dans ses bons moments. Les moins bons apportent leur lot de réflexion sur ce que pourrait être cet endroit. Sur le fait qu’il a l’impression d’être vivant, mais que pourtant il se sait être mort. Sans doute Rey a-t-elle succombé aussi, dans ce cas.
Et alors…
Alors toute son existence aura été vaine.

Parfois il se demande si sa Dyade a pu être envoyée pour le torturer. S’il s’agit d’un écho d’elle à travers la Force, si elle le haïssait tant que c’est tout ce qui persiste d’elle après son décès.
Parfois il trouve du soulagement dans le fait de pouvoir réaliser des tâches concrètes.
Parfois il se hait de se reposer sur des connaissances que Solo lui a transmises. Il avait aimé la mécanique, à une époque. Il aimerait toujours piloter, il pense, si l’occasion se présentait. Il n’est pas certain que cela ne se terminerait pas dans une explosion de feu et de fumée, si l’occasion se présentait. Même sa lâcheté a des limites.

Tournevis à la main, Kylo remonte la dernière machine qu’on lui a confiée après avoir remplacé une pièce défectueuse. Un rythme familier tambourine à la limite de son audition et il l’ignore, y compris quand il s’approche. Il n’entend pas se laisser torturer davantage par des choses qu’il est le seul à entendre.
Mais la voix qui résonne, d’un côté seulement, sans la distorsion caractéristique qu’il ne cesse d’entendre depuis qu’il a ouvert les yeux dans le sable, l’immobilise plus sûrement qu’un tir de blaster.

Sa tâche oubliée, l'appareil et le tournevis lui glissent des mains alors qu'il se redresse pour venir planter ses yeux dans un regard pâle qu'il connaît par cœur.

"Hux."

La surprise transpire dans le nom qui s'échappe d'une gorge enrouée, éprouvée à la fois par le manque d'usage et les hurlements qui l'entrecoupent. Le général est bien réel devant lui. Il ne s'agit pas d'une voix désincarnée impossible à localiser, mais d'une personne, physique et solide devant lui.
Et si Kylo a un jour eu une certitude, c'est celle que Hux lui aura survécu. Mais sait-il ce qu'il s'est passé, exactement? Sait-il que le Suprême Leader a tenté de se sacrifier pour la pilleuse d'épave… et que la Force a décidé qu'il n'en ferait rien.

"Il semblerait qu'il n'y a nulle part où je puisse aller sans que vous ne me suiviez."

Le sourire en coin qu'il tente d'afficher fait trembler le muscle de sa joue sans réellement parvenir à produire l'expression voulue, alors que la façade d'assurance qu'il tente de se composer ne lui semble pas plus solide qu'un château de sable.

"Comment m'avez-vous retrouvé, cette fois-ci?"

S'il ne doute pas que la Force ait pu lui rendre ses attributs, il n'est en revanche pas certain que la puce ait survécu au voyage dans l'au-delà. Et peut-être cela le poussera-t-il à évoquer Exegol... et ce qu'il en sait.

Les bras repliés sur son dos droit, le général déguste minutieusement la surprise de Ren. Un sourire feutré se forme au coin de ses lèvres à l'entente de son nom, comme s'il accueillait la confusion de l'autre homme avec indulgence et qu'il lui entrebâillait un zeste de personnel. Le domptage est déjà réfléchi. Silencieuse, sous-cutanée, maitrisée, une satisfaction malsaine grimpe pourtant en le voyant, là, affairé à de risibles travaux comme un dépossédé - de ses titres, de ses buts, de sa place. Hux a jadis tout sacrifié pour le traîner à hauteur d'homme, d'affrontement. Et le voilà aujourd'hui bien plus précaire qu'il ne l'est.

Il sait que Ren a demandé après une femme qui, selon ses dires, l'aurait accompagné dans son errance. Les connexions n'ont pas été difficiles à établir puisque la Bête a été trouvée aux abords de l'Oasis réputée pour accabler de ses mirages ; son esprit a façonné une doublure pour la pilleuse d'épaves. Cet esprit, Hux le connait, recherche insatiablement la complétude car il est instable et dépourvu seul, en proie à ses contradictions incandescentes. Fanatisé par Vador puis obnubilé par la fille, Ren est fait de passions - que le gradé toise avec une pointe aiguisée d'aigreur. S'il s'était plutôt abandonné à lui, Hux aurait su en faire quelque chose d'efficient. Il lui reproche ce manque cuisant de discernement sans l'admettre de vive voix. Au contraire son sourire est maintenant davantage marqué.

"Ren." Lâche t-il sur un ton maîtrisé mais légèrement plus réjoui que factuel. C'est fait à dessein ; il entend lui signifier qu'il veut de sa présence, mieux et il s'apprête à le lui expliciter, qu'il est venu la rechercher. "La position que j'occupe à Nexus m'octroie certains avantages, dont celui d'être tenu informé des nouvelles arrivées si elles remplissent certains critères." Ses yeux clairs viennent toucher ceux du chevalier, pour donner du coffre à la suite de son explication. "Car je vous cherchais." Ce n'est pas un mensonge mais une vérité formulée de manière avantageuse. Hux avait bel et bien transmis son profil aux autorités Nexusiennes, était attentif aux nouveaux déportés mais le fait de le trouver, dans ces conditions, relève plus de la coïncidence que ce qu'il l'admet. Il s'attend à ce que cette révélation attise la curiosité et fauche les affects.

Le gradé s'avance de quelques pas et l'ausculte de pied en cap, comme s'il s'apprêtait à dresser un rapport méthodique. "J'ai cru comprendre que vous vous adaptiez à votre nouvel environnement. A quelques déconvenues près." Cela pourrait tinter avec suffisance, surplomb, puisqu'il est dit que Ren se complairait dans une situation spartiate, mais Hux avance son pion plus soigneusement ; ses yeux n'ont pas dévié des siens et sont restés parfaitement neutres, même l'euphémisme sarcastique était glissé sur du velours. Il s'attend à être détrompé, c'est sur cela qu'il compte pour amener la suite. "On m'a également dit que vous cherchiez la fille." Il cesse d'avancer une fois posté à l'effleurement de la zone personnelle de l'autre homme - qu'il brûle de transgresser afin d'asseoir sa suprématie. Mais chaque chose venant en son temps il se contente d'un registre qu'ils connaissent tous les deux à la perfection, celui du chaud-froid. A l'évocation de la pilleuse, ses yeux jusqu'ici conciliants gagnent en sévérité réprobatrice. "Peut-être l'avez-vous imaginée." La supposition est frontale - elle dit à quel point il est conscient de l'importance que dérobe cette fille - mais dénuée d'empressement. "Savez-vous au moins où vous êtes ?" Il lui fait miroiter la réponse, les réponses, toujours avec la même tempérance.

Un clignement d’yeux salue la façon dont Hux évoque la position qu’il occupe à Nexus, alors que les traits du visage de Kylo se tirent d’incompréhension sous la marée de questions qui lui viennent. Nexus est un nom qui lui semble familier, peut-être le médecin qu’il n’a pas écouté l’a-t-il évoqué, mais le changement d’allégeance ne ressemble pas au général. Doit-il en conclure que le Premier Ordre s’est écroulé ?
Il n’a pas le temps de s’étendre sur la certitude viscérale que ce n’est pas ce qui s’est passé, que l’homme qui se tient face à lui aurait plus tôt fait de se débarrasser du Général Allégeant Pryde que de laisser l’Ordre sombrer et le pouvoir lui échapper, que d’autres mots accaparent son attention.
Je vous cherchais.
Ce n’est pas la première fois, songe l’ancien apprenti Jedi, alors qu’il se tient immobile sous le regard qui le balaye tandis que l’autre approche et lui parle de ses déconvenues. Ce n'est pas la première fois que le rouquin le cherche, qu'il le ramène dans le droit chemin. Pas la première fois non plus qu'il se tient à ses côtés… et cette fois-ci rien ne semble l'y obliger.

"L'autre a été bien plus désappointé que moi."

Répond Kylo, avec un léger retard et une satisfaction éphémère au souvenir du corps déchirant une toile de tente sur un simple geste de sa main, parce qu'il se refuse à commenter ses conditions de vie. Il n'aurait guère pu obtenir mieux, même s'il l'avait voulu, et si ses quartiers à bord du Supremacy étaient davantage privés, ils n'en étaient pas beaucoup moins spartiates.

La mention de la fille ramène son entière attention sur Hux, et il peut sentir ses mâchoires se crisper lorsque le roux suggère qu'il l'a imaginée, avec le ton qu'il emploie lorsqu'il désapprouve, tout en se tenant plus proche que jamais.

"Je sais que vous n'êtes pas sensible à la Force, général, mais que vous ne puissiez pas la sentir ne la rend pas moins réelle. J'ai parlé à ma Dyade, que vous le compreniez ou non."

Il aurait pu, il a, en réalité, envisagé cette possibilité. Se serait rangé à cette hypothèse, si les paroles de Rey s'étaient limitées au désert. Mais s'il a souffert d'une insolation, c'est terminé. Il est reposé, hydraté et nourri. Rien d'autre ne justifie les murmures qui glissent contre sa nuque.

"A l'évidence, pas sur Exegol."

Hux savait-il que c'était sa dernière position, avant d'apparaître ici? Probablement, si le signal de sa puce n'avait pas été irrémédiablement brouillé.

"Ni dans aucun système que je connaisse."

Je ne sais pas, ne prononce-t-il pas, parce qu'au fond il n'est pas certain que ça aie la moindre importance. Il y a des questions qui l'intéressent bien davantage.

"Qu'avez-vous fait de Pryde?"

Le ton de Kylo se veut neutre, mais le général a toujours su le déchiffrer -même au travers de son masque- et ne manquera pas la réelle curiosité qui empreint la question. Plus que l'endroit où il se trouve, la réponse apportera son lot d'éclaircissement sur la position exacte qu'occupe Hux, et ce qu'il est advenu du Premier Ordre après que la flotte Sith ait été décimée.

Ren revendique son coup de sang et l'ex-général fait preuve de patience, conscient que le chevalier prétend par là réaffirmer sa force, sa présence dans la joute verbale qui louvoie même si elle n'est pas déclarée. C'est pourtant une criante preuve d'immaturité. Hux n’éprouve aucune empathie pour celui ayant été secoué par la bête maintenant dépourvue de maître ; non il songe plutôt à son manque de contrôle. Aussi révulsant que prometteur. Plus que jamais, cette sauvagerie écœure le général qui pourtant songe à combien il serait satisfaisant de remettre un collier à celui qui s’en est libéré, plus solide car fait d’un métal encore plus resserré que celui de la peur ; forgé dans l’acier de la loyauté. Hux a déjà de grandes ambitions et peut se permettre de les engager car il connait intimement l'homme face à lui, comment l'amener à obtempérer. Kylo Ren a toujours eu besoin de guidance et qu'on lui concède une place. Et que lui reste t-il, ici ?

Impossible de nier que Ren pique son intérêt, le pousse à la faute, à confronter son humanité régulée à sa puissance chaotique. Et bien que l’homme guindé amène lui-même le sujet, il sent un frisson irrité traverser son échine lorsque Ren s’emploie à lui faire sentir qu’il n’est pas fait de la même énergie que lui. Qu’eux. Lui et la fille. Armitage ne surenchérit pas, ses yeux s’effilant et regardant la silhouette musclée de l’homme dénué de ses repères avec une rigueur glacée. Ses mains se croisent dans son dos selon une discipline militaire. Ren lui présente le lien qu’il entretient avec la rebelle comme un phénomène en dehors de sa compréhension, dont les brins s’enroulent au sein de la nature profonde et mystique de la force. Voilà qui agace mais n’impressionne pas Hux. Car malgré sa chute, le jeune général du Premier Ordre a prouvé qu’il était capable de faire ployer ces forces par la froide et implacable logique, de créer un nouveau système pouvant assujettir ces anomalies de l’existence. S’il n’a pas encore cherché à faire ployer le dos du chef des chevaliers de Ren c'est pour ménager son jeu et, même s'il ne l'admettrait pas, parce que le retrouver en ces lieux convie une certaine émotion. L'heure n'est, dans tous les cas, pas à la confrontation stérile et même si cette dyade le révulse par son principe même, Armitage n'affiche qu'un sourire en coin, pointu et énigmatique, propre à celui qui en sait le plus. Le mépris demeure savamment sous-cutané.

Ren veut absolument croire à son mirage et pourrait même s'échauder s'il venait à être détrompé sans un argumentaire suffisamment solide, sans qu'on lui apporte une compensation pour sa perte - car la fille, si elle n'est pas là, le laisse sinistrement seul et dans son errance et dans son incompréhension.
Hux continue de se tenir proche de lui, jusqu'à en humer son odeur reconnaissable entre mile, prenant même le temps de chercher son regard pour tester sa volonté, à quel point il tient à sa croyance. Il sait qu'il y est fermement accroché. Et ça le pique d'amertume.

La méconnaissance de Ren concernant sa situation étire un rictus finalement satisfait chez Hux qui voit dans sa confusion le moment de l’abreuver, de lui donner un horizon auquel s’accrocher ; le sien.  

“Perspicace” assène t-il avec plus d’amusement que de mépris, ce qui n’est pas fréquent. “J’imagine que je peux répondre à certaines de vos questions. “ Kylo Ren a toujours été un enfant immature, arrêtant sa vision du monde à ses propres aspirations. Voilà le constat que Hux peut faire à partir de ses années de service à ses côtés. Un constat peut-être teinté par une pointe contrôlée mais lancinante de jalousie. La mention à Exegol le fait tiquer sur un tout autre registre, car le nom de cette planète tellurique lui rappelle le cap insensé que s'était donné Ren avant...
Lorsque Pryde est amené dans la discussion, Hux ne peut retenir un reniflement de mépris et, plus profondément, de colère. Comment Ren peut-il lui poser une pareille question ? Il est impossible qu'il n'ait pas senti sa mort lorsqu'elle s'est produite de la part de ce misérable. La rage gronde et menace de s'exprimer car Armitage y voit un affront cuisant et impardonnable, une provocation qui dépasserait les contours de leur code de bataille tacite.
A moins que Ren soit encore une fois ignorant. Hux le connait suffisamment bien pour comprendre à rebours l'honnêteté dans sa question. Comment se peut-il que Ren n'ait rien su de son exécution ? Pryde m'a fait exécuter sur le pont de mon propre vaisseau. Dit-il en jurant de ne plus se laisser atteindre comme il l'a été la seconde précédente, en conséquence ses mots sont gelés et toisent. Il lève le menton de sorte à plonger dans les yeux de l'autre homme, pour y lire directement sa réaction. Et c'est peut-être par besoin d'y trouver du choc.

Il décide de reprendre la main. De ne pas laisser Pryde ou quiconque détenir une influence sur lui.
"Vous avez été trouvé à l'épicentre d'une zone de forte perturbation, connue pour affecter l'esprit. Vous vous trouvez toujours dans son aire d'influence. N'avez-vous pas remarqué les émanations qui traversent le ciel ?" Il hausse un sourcil, avance d'une voix mesurée mais nette. Comme s'il parlait à un enfant ne supportant pas d'être infantilisé. Reprise du contrôle. Les illusions produites sont vivides et persistantes. Il ne nomme pas de nouveau la fille mais sous-entend clairement son inexistence. Vous êtes dans l'une des zones les plus reculées d'un monde nommé Nowhere, d'après les recherches scientifiques il s'agirait du dernier bastion abritant la vie. Une catastrophe est survenue, Ren. Tous les autres mondes ont été oblitérés. Il n'y a plus de systèmes. Son regard reste puissamment tempéré et, surtout, mêlé au sien. Ce n'est clairement pas le moment de le lâcher.

Hux se moque, il pense, quand il remarque sa perspicacité. Il ne cherche pour autant pas à répliquer ou à se défendre de cette pique, car il ne s'agit que de ça. Une pique, lancée par un homme vexé de n'avoir aucun contrôle sur la Force et ses mystères.
Le fait d'avoir une chance d'obtenir des réponses n'a rien à voir avec la mesure dont il fait soudainement preuve.

Il entend le mépris dans le reniflement, voit la façon dont les traits du roux se tendent imperceptiblement sous l'effort de maintenir le masque neutre que l'autre arbore en toutes circonstances. Lorsque les mots sortent, Kylo n'est pas choqué. Pas tout de suite en tout cas. Pryde m'a fait exécuter sur le pont de mon propre vaisseau. La déclaration n'a aucun sens et il fixe le général alors qu'il tourne et retourne la phrase dans son esprit.
Hux, mort. De la main de Pryde.

Il enregistre soigneusement les informations qui suivent, les perturbations, les émanations, les illusions, le dernier bastion de la vie, l'oblitération des mondes.
Rien de tout cela ne sonne aussi aberrant que l'exécution de Hux, et une colère sourde enfle dangereusement. Pryde devait simplement assurer l'intérim. Obéir sagement pendant qu'il réglait tout ce qu'il avait à régler, pour qu'ensuite il n'ait qu'à le remercier et à le décorer pour offrir son siège encore chaud à la seule personne qui vaille la peine d'être côtoyée dans tout ce maudit Premier Ordre.

"Puisqu'il est maintenant avéré que les morts ne le restent pas à Nowhere, savez-vous ce qu'il est advenu de Pryde?"

La question gronde et souligne les épaules rigides, les poings serrés et la mâchoire contractée. Elle crie le besoin viscéral de se venger, de faire payer. Kylo ne tolère que ses propres écarts, et avait choisi le vieil homme pour ses vues dépassées, parce qu'il comptait sur son respect sans faille des lignes hiérarchiques et des règles pour n'avoir à se soucier de rien pendant qu'il poursuivait la pilleuse d'épaves et Palpatine.

Rey. Il n'y a pas réagi, n'a pas pu y réagir, mais a clairement compris ce que Hux sous-entendait lorsqu'il a évoqué les illusions vivides et persistantes. Il ne pense toujours pas qu'elle soit là, qu'elle soit réelle, mais à cet instant peu importe.
Peu importe aussi que le reste de l'univers connu se soit effondré, rien ne l'y attendait de toute façon. Ses parents sont morts, ses mentors successifs n'ont voulu qu'un outil qu'il a refusé d'être.
La fille jettera un coup d'oeil à son âme et se détournera de lui, comme quand il l'a suppliée de le rejoindre.
La seule personne qui importe réellement se trouve devant lui.

Le général analyse, armé d'un regard parfaitement tempéré, les réactions qui saisissent Ren. Il distingue sans mal la colère qui, soudain, après un temps de suspension, rugit et vibre dans son corps entier. Il aurait pu corréler la rage du chevalier à une perte de sens généralisée en réponse à la fin des mondes, s'il ne le connaissait pas suffisamment bien pour en deviner plus. Kylo Ren ne pose aucune question sur le monde qui les accueille désormais mais le nomme toutefois, preuve que le discours du gradé a été entendu et vraisemblablement digéré, encaissé. Le brun admet rapidement l'hypothèse selon laquelle les morts ne le restent pas à Nowhere, preuve supplémentaire qu'Hux est cru sur parole et que les règles de cet univers, aussi invraisemblables soient-elles, semblent glisser sur Ren à cet instant précis.
Car la focalisation coléreuse du chevalier semble s'être faite sur Pryde. Hux ne s'y attendait pas réellement, avait annoncé sa propre mort de manière factuelle pour tâcher de se désengager des émotions, ne pas laisser une porte entrouverte sur le fond de sa profonde amertume, ne pas raviver ce sentiment de cuisante injustice déjà marqué au fer rouge. Et, pourtant, une réponse honnête ne parvient pas à être retenue face à l'ampleur de l'invraisemblance outrancière. Car le sith est responsable de sa débâcle.

"Vous souhaitez me venger, Ren ?" C'est dit sans détour superflus, c'est dit d'une voix acide. Hux s'approche d'un nouveau pas, les bras toujours rigides dans son dos, pour épingler le regard de l'autre homme en remontant le menton. La colère est sous-cutanée, à l'effleurement de ses micro-expressions. "Peut-être que vous n'auriez-vous pas dû le nommer à mon poste en premier lieu." La suggestion n'en est pas une, c'est un reproche clair.
Et, pourtant, sa raison lui indique une opportunité ; puisque le sith décide de s'arrêter sur Pryde avant même de reconsidérer la fille malgré les insinuations de Hux à son propos, que le sujet ne revient pas plus que celui de l'apocalypse, Ren dévoile le sens de ses priorités et une certaine forme de disponibilité. La colère se régule mais le général maintient cette proximité physique initiée. Stratégiquement le moment est propice aux mots de dressage et il ne compte pas perdre de vue cet objectif pour une flambée d'émotionnel. "Aviez-vous seulement une bonne raison de lui confier mes accréditations ? Le jeu en valait t-il la chandelle ?"

"Non."

La réponse gronde, aussi brève que sincère. Il n'est pas question de venger Hux même si, en un sens, il suppose que cela correspond. Non, il est question de punir un pion qui n'a pas su rester à sa place, de réduire en miette un imbécile qui n'a pas su voir ce qui se trouvait juste sous ses yeux. Si Hux devait mourir, c'était de la main de Kylo.

Le reproche clairement adressé le fait vibrer de colère, parce qu'évidemment le général ne sait pas. Les dents du sith se serrent, son ventre se noue et sa respiration se hache alors qu'il encaisse et refuse d'expliquer, parce qu'il a conscience d'à quel point révéler ses plans à présent qu'ils ont été gâchés, à présent qu'il est questionné, sonnerait comme la justification à posteriori d'un accès de stupidité.

Le peu de self-control que Ren est capable de réunir, surtout avec le roux à cette proximité insupportable, vole en éclats lorsque l'autre lui demande s'il avait une bonne raison, si le jeu en valait la chandelle.

"Si vous aviez été capable de ne pas me mettre des bâtons dans les roues pendant quelques jours, je n'aurais pas eu besoin de le nommer le temps que je m'occupe de Palpatine !!"

La voix de Kylo n'éclate pas moins que son tempérament, vociférant la vérité à un rythme dicté par les besoins de sa respiration.

"Je n'avais pas besoin de me battre avec vous en plus du reste, et Pryde était supposé se contenter d'obéir aux ordres jusqu'à ce que je puisse l'envoyer à la retraite avec une médaille et vous les donner, vos foutues accréditations!"

Ce n'est qu'une fois au bout de sa tirade, et à bout de souffle, qu'il réalise qu'il vient exactement d'exposer la vérité qui n'aura jamais l'air d'en être une, tout en se penchant sur Hux pour mieux lui hurler ses plans.
Il ne le croira pas, évidemment. Ou le traitera d'imbécile. Il aurait raison sur ce point.
Le visage de Kylo se ferme alors qu'il se redresse, et tâche de se préparer à la déferlante de venin à venir. Voilà qui s'ajoute à la longue liste des choses qu'il regrette, pour lesquelles il remonterait le temps s'il le pouvait.
Voilà qui s'ajoute à la longue liste des gens dont il lui faut faire le deuil.

Ils en arrivent à un point de bascule où un choix doit être fait. Hux connait intimement Kylo Ren, suffisamment pour lire une explosion d'honnêteté dans la verbalisation de sa colère, une mise à nu involontaire. Ren ne manie que rarement les mots lorsqu'il est dans cet état, se laissant devancer par la bestialité des gestes. Le voir contre-argumenter de manière intelligible, plutôt que de mettre un terme expéditif, démontre un besoin de s'expliquer, de se faire comprendre, un rien désoeuvré à en juger par son souffle anarchique.

Hux inhale une goulée d'air peut-être plus profonde que les précédentes, un frisson d'anticipation lui ayant parcouru l'échine, il doit mettre son propre esprit au clair et traiter les informations comme des ressources. Ren prétend que le priver du commandement n'était qu'une mesure contextuelle et, donc, temporaire et si l'humiliation persiste dans les chairs d'Armitage qui a dû abdiquer du travail d'une vie en tournant le dos à ce qu'il restait du Premier Ordre, il n'est pas de ceux qui ont le deuil difficile - amer mais pas difficile. Il a déjà abattu le passé plus d'une fois pour écrire une nouvelle page et décider de sa forme. Et se laisser prendre au piège de la colère en rapport aux affronts du passé risquerait de lui coûter des avantages au présent. Indépendamment de ce qu'elle vocifère, la bête est ouvertement sur la brèche, lui expose son flanc. Il pourrait rabrouer Ren et le laisser à son errance maintenant qu'il a sûrement instillé l'idée selon laquelle la fille à laquelle il croyait n'était qu'illusion, car il sait à quel point il a besoin d'attaches, mais cela lui ferait empocher une satisfaction de court terme et, surtout, de surface.

La vérité étant qu'Hux ne compte pas et ne veut pas se défaire de Kylo. Tout au contraire, il s'est employé pendant des semaines à le rechercher et a déployé des dispositifs et des interconnaissances pour le localiser. D'autant moins maintenant que Ren a fait démonstration de son instabilité émotionnelle et, plus instructif, d'à quel point il s'avère sensible aux accusations lorsqu'elles concernent ce sujet semblerait-il viscéral. Sa mort, causée par une main extérieure à leur rivalité.

Hux pourrait s'employer à détruire l'autre homme à renfort d'arguments incriminants ou persifler son sarcasme, le traiter d'enfant ayant fait passer l'émotionnel avant et en dépit du bons sens, des clauses de leur mésentente. Cependant son visage demeure aussi lisse que lorsqu'il a accueilli, par habitude, celle de ne pas se laisser intimider, la colère hurlée du sith. "Je vois. Il semblerait que nous ayons commis certaines erreurs de jugement." Son regard, d'abord intransigeant, s'adoucit comme s'il voulait rassurer.

Est-il prêt à reconnaître honnêtement quelconque tort que ce soit ? Non. Chacune de ses actions a été la réponse aux contre-sens de Ren, était parfaitement justifiée et par la situation et par la logique. Hux peut toutefois prétendre, rengainer sa rage, en l'état improductive, en revenir à la manigance. Pour mieux rendre Kylo Ren dépendant. "Cela appartient au passé et n'importe donc plus vraiment. Vous êtes ici, voilà ce qui compte." Lâche t-il avec force de conviction. Une semi vérité car s'il se réjouit en un sens de sa présence c'est parce qu'il compte incorporer la bête à ses plans de conquête. "Je vous invite à tirer un trait sur le passé et à réfléchir sur le but de votre nouvelle existence."