[Event Halloween] Biohazard -- Ford.

Il n'a n'en a rien dit mais il a décidé de laisser le sésame de James derrière, négligemment abandonné sur le canapé où il a désaoulé. S'il se fait prendre, inutile que l'on puisse le rattacher au conseil de Nexus, pas alors que les contre-pouvoirs sont aussi rares. Il pourrait entraîner Ironwood dans sa chute, ça l'a titillé, mais il faut croire que l'autre homme avait raison de faire son pari. L'intérêt commun passe avant les rancœurs aussi personnelles soient elles. Et puis... Rien. Le corbeau poussiéreux a le cœur trop sensible.

L'air frais termine de le dégriser. Battements d'ailes peu amples et plutôt raides. La nuit file à toute allure le long de son plumage de jais, les rues du quartier des affaires sont désertes, son vol ne rencontre qu'un convoi de la corporation après quelques encablures. L'évacuation vers les zones de repli a visiblement été confiée à l'avant-garde mais l'extraction des infectés appréhendés revient exclusivement à ConneXions.
Qrow s'y attendait, garde ses distances mais suit son chemin vers le complexe scientifique situé à une poignée de kilomètres. Il porte une bague qui retransmet en temps réel sa position et les images à Ironwood. Sa confiance n'est pas acquise mais il se sait incapable de mettre à mal ConneXions seul et le temps presse. Si les informations de James sont correctes, la mégacorporation est le coupable tout trouvé pour expliquer cette épidémie. Tu m'étonnes qu'elle veuille gérer l'affaire en interne. Elle ne tardera pas à faire disparaitre les preuves, personnes contaminées avec. La vidéo qui transite vers le conseil de Nexus pourra sans doute être exploitable.

Qrow s'élance vers sa descente à tire-d'aile, se ménage une réception sur une hauteur surplombant l'entrée ouest du bâtiment. Ainsi perché, il observe le cortège armé faire descendre les infectés du véhicule blindé. Ceux-ci sont contraints par des liens métalliques et par des muselières, malgré ces contentions ils se débatent violemment et doivent être escortés par une ligne de miliciens, flanqués du symbole de ConneXions, jusqu'à l'entrée de ce qui ressemble à un sas de décontamination bâché. Après un bref état des lieux de la situation, avoir fait le tour du bâtiment, il se décide sur un angle d'attaque.
Les caméras sont partout mais il y a un angle mort : les conduits de ventilation. Il ne lui faut qu'une seconde pour soulever le clapet avec son bec et s'y introduire. Qrow croise les doigts pour ne pas avoir été aperçu mais il sait pertinemment qu'il ne peut pas compter sur sa chance. Une fois à l'intérieur des boyaux métalliques il se retransforme de sorte à ramper sur ses coudes, glisse Harbinger devant lui et déchausse une grille en faisant levier avec sa lame. Mais, sa malchance ne l'ayant pas quitté, ladite grille lui échappe des doigts et propage un bruit de métal sur plusieurs mètres. L'espion mord sur ses dents, de l'autre côté de l'oreillette l'un des scientifiques d'Ironwood prend la parole pour lui indiquer le chemin. Qrow ne perd pas de temps, il a peut-être ameuté la garde dépendamment de là où donne le conduit dans lequel il se trouve actuellement, il doit récupérer la souche pour pouvoir se tirer de là.

Il progresse sur plusieurs dizaines de mètres avant d'entendre l'information attendue : il se trouve au-dessus d'un local technique à partir duquel il pourra accéder à la salle d'expérimentation principale, supposément là où se trouvent les échantillons. Le chasseur se transforme de nouveau pour passer l'embouchure étroite du conduit et se laisse choir à l'intérieur de la salle, à la réception il est de nouveau humain. Il récupère au passage une blouse où l'insigne de ConneXions est brodé et l'enfile. Il pousse ensuite la porte adjacente, une main sur la garde de son arme.
Il se trouve confronté à un spectacle glaçant ; des hommes et des femmes inertes, dont les veines boursouflées tirent au violâtre, sont sanglés à des tables d'opération. Le regard de Qrow s'écarquille et il s'avance au-devant d'un inconnu pour prendre son pouls ; il n'en trouve aucun. Sa mâchoire se crochète et il dévie le regard un instant. Il se force à observer de nouveau la scène de sorte à ce que le poste de commandement puisse avoir les détails.
Soudain un bruit coulissant se fait entendre, quelqu'un arrive. Le chasseur est prêt à dégainer.

Il s’avère que ces zombies sont bien différents de ceux endémiques à Gravity Falls, je l’ai malheureusement découvert rapidement. Dès l’annonce de l’épidémie, et après avoir confirmé mes soupçons, je me suis attelé à la réalisation de l’élixir de dézombification qui a déjà fait ses preuves lors de ma fougueuse jeunesse. Les individus souffrant de cette affliction depuis moins de cinq heures auraient dû être totalement réceptifs à la mixture (même s’il me manquait la cannelle pour contrebalancer son goût infâme. Qu’est que ça dit de vous quand vous avez à votre disposition du formaldéhyde et du sang de triton mais pas de cannelle ? Je dirais que ça veut dire que vous êtes un homme prévoyant.) Malheureusement, le constat que leur crâne est capable d’exploser à coup de batte avant mon échappé d’une mort certaine par les toits me prouve que les règles ont changés ici, à Nexus. La potion est inopérante et les zombies ne semblent pas sensibles à la musique mais bien à l’ancestrale technique de la castagne.
Cela ne doit pas me distraire de mon objectif principal ; ConneXion qui semble être à l’origine de cette situation et être également en mesure de la régler. En tout cas en avoir les ressources. Cela risque de conduite à la situation catastrophique où la propagation s’étendrait aux autres quartiers, il serait alors impossible de discerner des hordes de zombies des adolescents communs. Difficile de déterminer si Géraldine, dix-sept ans, a oublié de se doucher à cause de sa course au classement master de son FPS en ligne, ou si elle est infectée par un agent nécrotique faisant pourrir ses organes de l’intérieur.

Quand un employé passe par la sortie de secours pour sûrement aller prendre une pause, son corps est envoyé sur trois mètres à la suite d’une décharge sonique et d’un coup de pied je retiens la porte avant qu’elle ne se referme. J’avoue qu’à mon âge, on perd un peu patience. Après avoir bloqué la sortie, je le fouille méthodiquement et ensuite le met à l’abri ; dans les égouts. L’odeur infecte trompera les zombies qui n’arriveront pas à sentir la chair fraiche. J’entre alors en criminel dans le complexe sécurisé, une carte me permettant le passage dans les vestiaires sans contrariété. Cela ne m’émeut pas particulièrement, j’ai été un criminel si longtemps et dans tellement de dimension, grâce à Bill. Et aujourd’hui il n’est même pas là, ce qui n’a rien d’étonnant ; pourquoi l’être divin démoniaque n’y verrait aucun intérêt direct.

J’enfile une blouse, attrape une tasse de café que je remplie de breuvage et après un petit souffle de préparation, je pénètre dans les couloirs immaculés. J’avance comme un scientifique presque sexagénaire, usé, bourreau de travail et obsessionnel de ses recherches. Je tiens étrangement bien le rôle et personne ne m’arrête, les personnes présentent s’agitant avec urgences et nonchalance, un mélange tout à fait bac+8x3. J’essaye de cartographier les lieux et de réfléchir en fonction des lieux quel endroit serait le plus à même de contenir les souches répandues dans la population.

Je me dirige vers l’aile est et me rend vite compte que mes accréditations ne suffisent pas, alors de bousculade en faufilade, j’intervertis quelques cartes d’accès et je finis enfin par passer les contrôles numériques. Je sais qu’il ne faut plus que je me fasse voir, un inconnu serait vite repéré aussi. Alors je reste à l’affut des bruits de pas et éventuelles voix qui pourraient sortir d’un détour de couloir. Un bruit sourd et métallique me fait bondir alors que je mets ma main sur la crosse de mon arme. Rien… Admettons que c’est un stagiaire travaillant aux étages de niveaux sécurité maximum qui a fait tomber un plateau.

Je pénètre un local et c’est là que mon souffle se coupe. Nous sommes dans une morgue. Nous sommes. J’ignore si les scientifiques ont des boutons d’urgences sur eux, attaquer me semble risqué, surtout à côté des corps qui pourraient se réveiller à tout moment. Le scientifique en face de moi est le cliché du dégingandé, sa blouse est chiffonnée, une manche retroussée et pas l’autre, il a le regard fatigué et la barbe mal rasé. J’imagine donc qu’il est l’homme en charge ici. Je m’exprime alors d’une voix que je veux assurée.

« Docteur… » Je plisse les yeux pour voir ce qui est marqué sur son badge « Luckynovitz. J’ai les résultats d’analyse que vous avez demandé concernant le virus E. Ils sont très surprenants à bien des égards. Si vous voulez bien m’accompagner en salle d’interprétation des résultats. » Ma seule envie est de le neutraliser le plus rapidement possible. Enfin, c’est faux. Je sais, de rumeurs, que le professeur Luckynovitz est un éminent scientifique de ConneXion, et j’aimerais énormément lui poser de nombreuses questions qui me trottent en tête mais malheureusement le travail passe avant. « Je vous ai ramené un café, j’imagine que ce ne sera pas de trop cette nuit. »

Lucky-novitz. Il darde un coup d'œil sur le badge épinglé à sa blouse. La blague est difficile à avaler. Le corbeau retient un soupire et, sur le fil, l'expression de son agacement. C'est bien sa veine. Sa semblance s'est rarement moquée de lui aussi littéralement.

Mais ce n'est pas le premier bourbier dans lequel il est empêtré, la malchance est formatrice. Ce n'est pas non plus la première fois qu'il doit improviser un jeu d'acteur et, cette fois, il a ses anti-sèches au creux de l'oreille.
Si son communicateur lui ordonne de rebrousser chemin, l'espion décide au contraire de persister bon gré mal gré. L'inconnu grisonnant a des informations sur le virus et il ne doit pas passer à côté. Il sera toujours temps de s'envoler ensuite. ... Bonne nouvelle. Marmonne t-il en passant une main pour dégager quelques unes des mèches qui cascadent devant ses yeux.

L'homme qui a fait irruption ne semble pas hostile mais le prend pour un gars de ConneXions. Qrow sait qu'il ne pourra pas donner le change longtemps, pas seul. Sa voix rocailleuse répète "la salle d'interprétation" à destination du scientifique d'Ironwood, la demande est claire et la réponse lui parvient au bout de quelques délibérations : troisième porte du couloir est. Il fait mine de se tourner avant de se raviser.

Qrow n'est pas né de la dernière pluie, quelque chose le contrarie : si l'autre homme s'adresse à lui aussi fluidement, comme s'ils avaient pour habitude de travailler ensemble, ou du moins qu'ils partageaient le même niveau d'accréditation, comment peut-il confondre sa tronche avec celle du bon docteur ? C'est suspect. Il saisit la tasse de café mais ne la glisse pas jusqu'à ses lèvres, on ne sait jamais. La salle est occupée pour l'instant. Il improvise complètement mais ne compte pas se déplacer dans le complexe avec ce type. Il va devoir le neutraliser rapidement. Mais remettez moi les résultats et je vous ferai un compte rendu dans la soirée. Il tend une main désinvolte vers son interlocuteur.

En voilà une situation fâcheuse. C’est grandement en ma défaveur, j’aurais voulu éloigner ce bon docteur au regard insondable de ce secteur pour l’éliminer plus facilement. Son assurance et sa totale nonchalance face à la situation de crise fini de me convaincre qu’il ne s’agit pas d’un scientifique du dimanche. Il faut maintenant trouver un moyen de ne pas donner des documents imaginaires à mon collègue qui n’en est pas vraiment un.

« Curieux. Dans tous les cas, c’est regrettable, je les ai fait porter là-bas pour plus d’efficacité. Sûrement une erreur dans nos plannings. »

J’en profite pour observer les lieux, mais à part les corps je ne vois rien d’utile et il ne me semble pas y avoir de paillasse pour étudier un quelconque agent pathogène, ce qui ne m’arrange guère. Cependant j’y vois une occasion pour en découvrir plus et pour nourrir ma curiosité. Il est peut-être le moment de découvrir la nature du travail de mon cher confrère et, même si les autopsies font partis des aspects de la recherche qui m’intéressent le moins, comprendre mieux le phénomène qui transforme les individus en créature avide de mort et de chair me semble être une opportunité à saisir. Je mets donc mes mains sur mes hanches et prend la parole.

« Je vais informer le chef de service des analyses et de l’imagerie de ce contre-temps. Je n’en ai que pour quelques minutes. J’imagine que vous étiez sur le point de procéder à une opération ? Je serais ravi de pouvoir y assister, si vous n’y voyez aucun inconvénient. » Je tend un scalpel qui se trouve à mes côtés vers le brun, le tenant par la lame.

C'est pas possible. Voilà qui est salement arrangeant !
S'il saisit le scalpel c'est pour ne pas le laisser à l'inconnu, il ne peut réfréner une moue dépitée qu'il justifiera au besoin par un excédant d'heures supplémentaires. Malgré l'invraisemblance de la situation Qrow soupèse, l'idée de charcuter un corps ne le séduit pas, même en étant téléguidé par les instructions à l'autre bout du communicateur - encore faudrait il que l'un des larrons d'Ironwood dispose de ces connaissances-là et qu'il ait les tripes suffisamment accrochées pour ne pas trembler.  

Admettons que le centre de commandement puisse obtenir des informations via cette autopsie, mais ce serait oublier sa malchance chronique. Sans parler du fait que si son interlocuteur informe une tierce personne c'en est terminé de son infiltration.

Il ne dépose pas l'outil sur la console prévue à cet effet, se demandant s'il ne devrait pas privilégier une approche plus frontale pour gagner un temps précieux. L'espion inspire profondément, quelque chose ne colle vraiment pas, son intuition est formelle. L'autre homme continue de lui parler sans chercher à resituer son visage et, compte tenu de l'urgence actuelle, il ne devrait pas être en capacité de s'extraire de ses obligations comme il dit vouloir le faire. Est-ce que l'inconnu est également à la recherche d'informations ? "Etrange que vous trouviez le temps d'y assister alors que nous sommes en état d'urgence." Rétorque t-il, cynique, haussant un sourcil.

Il y a vraiment quelque chose qui cloche avec ce type. Et, même si Qrow se fait des idées, il n'en est pas moins devenu dangereux au moment où il a parlé du chef de service. Le vieux corbeau a perdu suffisamment de temps. Le mouvement est vif et entrainé, il lâche le scalpel pour l'intervertir avec Harbinger qu'il tire de sous le pupitre face auquel il se tenait. Du plat de la main il pousse abruptement le torse de l'homme grisonnant, le coince dos au mur ; sa lame fuse sous sa gorge. Vous n'êtes pas d'ici, j'me trompe ? Marmonne t-il de sa voix rocailleuse. Vous avez exactement cinq secondes pour me dire qui vous êtes et ce que vous venez faire ici.

J’ignorais que les employés de ConneXion étaient armés. Et encore plus qu’ils disposent d’armes aussi imposantes. Une épée large, mais pas une simple épée comme semble le suggérer les rouages dessus et les stries exposant sa possible capacité à se moduler. Drôle d’attirail pour un scientifique qui doit enchaîner les permanences en explosant la limite légale. Peu de chance que ce soit un agent de sécurité, il n’aurait pas fait tout ce cinéma pour me confondre ou pour éviter de me froisser quand j’ai mal interprété son identité. Même si ça aurait été extrêmement précautionneux de sa part, avouons-le.

Je suis donc face à un imposteur. C’était une possibilité que je n’ai pas ignorée, elle est toujours restée dans un -petit-coin de ma tête… Bon, débarrassé du scalpel qui me gênait, je peux maintenant sortir mon pistolet magnétique, qui sera parfaitement adapté face à une arme pareille. « J’imagine que ce n’est pas à votre reflet dans mes lunettes que vous parlez ? Pourtant, j’ai plus un doute sur votre présence que sur la mienne ! » J’écarte les jambes, prêt à me battre. C’est alors que me traverse l’idée qu’étant tous les deux – à prioris– deux rats dans la souricière, nous pourrions peut-être avoir plus à gagner en collaborant. Cela reste évidemment à vérifier.

« J’imagine que si vous êtes d’ici, vous ne verrez aucun inconvénient à ce que j’alerte moi-même la sécurité ? Hm ? Ou alors nous pouvons tous les deux baisser nos armes et discuter, n’ayant aucun intérêt à faire du bruit dans l’immédiat. » Je l’observe avec un regard aiguisé, attendant un mouvement de sa part m’indiquant une forme d’apaisement. « Je voyais bien que vous n’étiez pas à votre place ici. » C’est vrai. Non c’est faux. Mais un tel mensonge n’est pas bien méchant.

« Peu importe votre objectif, nous avons tous les deux à y gagner si nous nous entraidons » Du moins, à part s’il s’agit d’un agent d’un groupuscule terroriste venant voler la souche pour ensuite l’utiliser comme moyen de pression politique. Ca, ça serait moins gagnant-gagnant d’un coup. « Je m’appelle Stanford Pines et je suis bel et bien un scientifique. Pas de cette organisation, c’est vrai. Mon but est simplement de trouver une solution à cette épidémie. Et vous ? »

La voix du général claque dans son oreillette. Le regard de Qrow tressaute. « Qrow, ne réponds surtout pas à cette question. Tu ignores tout de cet homme, il va te compromettre. Tu dois rentrer immédiatement. Transforme toi et bats en retraite. Nous trouverons une autre manière de nous procurer la souche. » L'oiseau de mauvaise augure jurerait entendre un soubresaut d'inquiétude, ne s'attendait pas à une implication aussi franche de la part de James qui est d'ordinaire composé, si ce n'est mécanique, dans les situations de crise. Touchant, mais je vais devoir éconduire ta sollicitude, ironise t-il en pensées non sans serrer la mâchoire sous la tension.

Il ne compte pas tourner les talons si près du but. Qu'a t-il à risquer si ce n'est sa peau ? Le dispositif d'écoute qu'il transporte peut facilement être détruit de sorte à éviter qu'il soit tracé. Qrow n'a aucune attache à Nowhere, nulle part où rentrer, la mission est plus importante que sa petite personne. Et, si James a raison, s'il est compromis, l'infiltration ne pourra plus s'envisager selon la même stratégie. Il ne servira donc plus à rien.

Malgré la malchance qui lui colle à la peau, le corbeau veut jouer cette carte. Ce Stanford aurait eu le loisir d'attaquer si telle avait été sa volonté. Le chasseur pousse un soupir profond et écorné, conscient des risques auxquels il s'expose, effectue un pas de recul et récupère Harbinger en effleurant la peau de Pines. Ses épaules s'affaissent nonchalamment et il tend une main devant lui en signe d'apaisement. Qrow Branwen. Je suis ici pour la même raison que vous. ConneXions garde précieusement ses secrets, je compte les "aider" à mutualiser leurs informations. Dit-il avec sarcasme en ramenant son épée-faux sur son épaule. Il reste opaque à dessein afin de jauger le terrain, ses yeux rubis inspectant l'autre homme au peigne fin. Un scientifique pourrait s'avérer utile pour identifier la souche mais, dans l'hypothèse où ils feraient cause commune, Branwen sait qu'il devra garder ses distances. C'est toujours plus simple de travailler seul. Je suppose que le coup de la salle d'interprétation c'était pour vous débarrasser de moi. Malin. Concède, presque amicalement, sa voix rauque. Que les choses soient claires : je ne partirai pas sans ce que je suis venu chercher.

J’imagine qu’il s’agit d’une alliance salutaire. Du moins je l’espère. Je n’ai pas pour habitude de travailler en équipe, du moins pas dans des équipes où il n’y a pas d’attache affective entre les membres. Je m’interroge sur les allégeances de mon nouveau compagnon d’infortune, mais il ne semble pas relié à ConneXion et il y a peu de chance qu’il agisse sous l’influence machiavélique d’un être démoniaque ayant pour but d’asservir le monde pour son plaisir personnel. Ca n’est pas si fréquent que ça. Reste tout de même la possibilité qu’il travaille pour ; des pirates, une organisation criminelle, un sombre culte, pour des concurrents, pour l’armée… Bref. Ce que j’ai appris de mes voyages interstellaires est qu’il faut saisir toutes les opportunités qui nous sont présentées -surtout quand cela peut nous éviter d’être sous le joug de la justice radicale des 32 univers qui sont contre la peine de mort mais pour celle du Supplice Insoutenable et Perpétuel. Ou SIP. Son évocation m’a toujours simultanément glacé d’effroi et donné envie d’un bon café.

Je reste curieux de l’arme en la possession de mon camarade d’infortune, j’aimerais beaucoup l’étudier et lui dédier une page de mon journal, cependant les priorités me contraigne à reporter ma soif de savoir. Je lui tandis ma main gantée, faisant onduler mes six doigts pour l’inviter à conclure notre alliance. « Enchanté.  C’est limpide, mais j’ose espérer que nous avons plus que notre détermination et la tête de l’emploi pour trouver où sont stockés les agents pathogènes. Prenons le temps de réfléchir. Ce laboratoire n’est pas le seul de ConneXion et vu la situation de crise, l’entreprise a déjà dû transférer la plupart des preuves vers un complexe sécurisé et secret pour éviter les perquisitions du gouvernement. » Ah, les perquisitions du gouvernement ; un enfer pour tout bon scientifique qui se respecte. « Je pense donc que les souches qu’ils gardent pour une durée indéterminée ont été transportés également à l’extérieur mais qu’il reste assez d’échantillon pour travailler ici sur place. On cherche donc un milieu propice à la conservation des souches de courte durée. C’est-à-dire une pièce sans lumière mais pas trop basse, la température ambiante doit être comprise entre 15 et 25°. Je n’ai pas de carte des lieux, mais avec, ce serait possible de trouver quels sont les lieux potentiels. Je pensais en trouver une sur le chemin. »

L'espion reste silencieux un instant, pèse le pour et le contre, une chose est certaine : il ne peut pas révéler qui le mandate à son allié circonstanciel même si cela dissiperait certaines zones d'ombre. Pour autant, il ne refuse pas la poignée de main qui lui est tendue et la rend avec un rien de malaise - il n'a pas l'habitude d'être accueilli comme ça et clairement pas dans un contexte aussi tendu, improbable. L'urgence qui s'infuse dans l'air n'a pas l'air de désarçonner Pines, c'est à ce demander d'où il sort.

Qrow cale un poing sur sa hanche et digère les informations. Il vient d'outrepasser les directives de James pourtant la voix du scientifique qui l'aiguillait plus tôt refait son apparition, l'homme de métal a-t-il déposé les armes ? Ce serait étonnant car Ironwood ne dévie pas de ses idées, mais pas totalement impensable au regard de cette inquiétude qui semble s'être insinuée dans sa voix rectiligne. Qrow balaie ça pour plus tard. Il se retourne et porte par réflexe une main à son oreillette. On lui dit qu'il n'y a qu'une série de pièces répondant à ces critères au quatrième étage, c'est à dire un étage au-dessus de leur position actuelle. Le vieux corbeau pousse un nouveau soupire. Je sais où c'est. C'est au fond du quatrième. Bazarde t-il après un moment de réflexion, s'être dirigé vers la porte et avoir vérifié qu'il n'y avait pas de mouvement derrière. Je peux y aller. Il secoue le visage à la négative, conscient de prendre un risque en révélant ça et peu accoutumé à lever le secret si rapidement. en me transformant en corbeau.

J’avoue que je n’aime pas beaucoup savoir que mon interlocuteur a un aide extérieur dont je n’ai aucune connaissance ; il faudrait être niais pour ne pas remarquer que cette connaissance semble tomber du ciel. Ou d’une voix au creux de son oreille. Evidemment, j’imagine qu’il s’agit d’un dispositif de communication à distance et pas d’une véritable voix qui susurre dans les tréfonds de son esprit qui lui est dédiée. Je passe outre car la dernière information m’intéresse plus. Une créature surnaturelle ? Mais de quel type ? Connue … ou inconnue ? Une des deux possibilités me fait plus vibrer que l’autre.

Ça pourrait être le familier d’un sorcier, ce qui pourrait expliquer sa communication psychique avec son maître ou sa maîtresse. Je me penche sur le côté et vois non sans déception l’éclat métallique d’une oreillette. « Vous êtes donc capable de thérianthropie. Fascinant ! » Difficile de cacher mon intérêt qui coule sur mes mots. « Comment allez vous faire pour transporter votre arme, allez vous la laisser ici, ou bien la téléporter, ou bien votre pouvoir permet-il de stocker votre enveloppe corporelle humaine dans une sorte de vide extra-dimensionnel quand vous êtes sous forme volatile et inversement ? » Je sors déjà mon stylo pour noter toutes ces informations mais c’est le bruit d’une porte pneumatique qui me sort de mon enthousiasme savant. C’est plus loin, aucun danger, mais un besoin urgent d’avancer.

« Très bien, je vais m’occuper de faire en sorte que personne ne se trouve dans l’étage concerné. Rien de mieux pour créer une évacuation que simuler une fuite d’agent pathogène venant de la pièce concernée ! Je devrais pouvoir faire ça à distance en trafiquant les différents systèmes d’alarmes. Vous connaissez le protocole pour déplacer ce genre de produit dangereux ? J’avais ramené mon propre caisson de transport -entre autres- si cela peut vous être utile. »