Adventure may hurt you -- Entrapta & Fordsy.

Ford et lui ont bidouillé ce qu'il fallait pour préparer le voyage. Une centrifugeuse maison qui envoie 4g dans les dents histoire d'entraîner leur endurance (les bruits de turbines étaient tout à fait insupportables mais les gargouillis de son partenaire divertissants), des combinaisons anti-g fabrication artisanale (qui sont tout sauf flatteuses même sur votre élégant serviteur) et quelques plats lyophilisés parfaitement immangeables. La suite s'est avérée plutôt facile, une petite manipulation par là et une légère illusion plus tard, ils étaient aux commandes d'un vaisseau qu'ils n'auraient clairement pas pu louer. Les bourses d'innovation allouées par Nexus ne sont pas suffisamment généreuses. A part pour celleux pris.es sous l'aile du Conseil à ce qu'il paraît.
Ah, son vieil ami a toujours un bon crochet du gauche, ça il ne le lui enlève pas. Et concernant les accréditations demandées à la sortie du spatioport... Disons qu'ils avaient dupliqué l'empreinte biométrique du pilote légitime avant de l'emmailloter dans un cagibi.

Bill est mitigé lorsque son corps, sinistrement humain, reçoit l'équivalent de sept fois son poids au décollage et que son sang descend vers ses pieds. La sensation est suffisamment désagréable pour lui arracher un rire plaisantin, mais insuffisamment féroce pour le convaincre. L'hilarité ne prend donc pas. Il faut dire qu'il en a vu d'autres en un billiard d'années d'existence et après avoir arpenté trois milliards cinq-cents vingt trois mille dimensions environ- bon, avouons qu'en faire l'expérience via un corps tangible et connecté aux émotions de son vieillard d'acolyte (merci leur charmant pacte) n'est pas totalement insipide. Il papillonne des cils.
Dès lors que les forces exercées sur lui se relâchent le triangle humanoïde bondit en apesanteur, croise les mains derrière sa nuque pour trouver une gracieuse position de farniente et zieute par-delà le hublot l'espace qui avance à vitesse soutenue. Il effectue un crawl parfait vers le tableau de bord et pianote d'une main gracile les coordonnées de navigation. Direction un lopin de terre richement vascularisé en ressources et, le hasard fait bien les choses, alimenté en oxygène. A t-il contraint Fordsy à s'engouffrer dans une pareille et vilaine illégalité ? Pas le moins du monde ! C'est plutôt le vieux scientifique qui a prémédité le coup pour le bien de ses travaux sur le GMC (générateur de magie computationnel) ; le fougueux appareil a besoin de s'alimenter quotidiennement en énergie et d'interagir avec de la matière complexe pour fonctionner au maximum de ses capacités. Le générateur pulse et s'exprime de manière de plus en plus autonome d'ailleurs, peut-être que Stanford devrait s'en inquiéter un peu plus mais ce n'est pas Bill qui jouera la voix de la raison. Au contraire !

Ils finissent par débouler sur le crayeux Wetgz 300, un astéroïde aux reliefs aiguisés sur lequel est implanté depuis peu un avant-poste de Nexus (le quartier du progrès serait-il expansionniste ?) La station à laquelle ils amarrent leur vaisseau s'étale sur plusieurs dizaines de mètres et propose même un abris ainsi qu'une antenne relais.
Des bourrasques fortes de plus de 100km les accueillent dès lors qu'ils posent le pied en dehors de la navette. L'attraction de la gravité est plus puissante que sur le plancher de Nowhere, mais Bill n'en a cure ; il lévite presque sans problème et de manière tout à fait coquette.
D'après ce qui se murmure dans les tréfonds de la communauté scientifique, les massifs de Wetgz abriteraient des cristaux imprégnés de magie brute et c'est précisément ce qui les amène sous ces trois lunes brisées - sûrement percutées par des débris spatiaux.
C'est alors que le démon découvre une jeep intéressante sous une bâche que des bruits commencent à marteler les alentours. C'est vrai que la faune locale est, paraît il, inhospitalière. Il s'en souvient sans s'en émouvoir. Qu'est-ce qui peut être à l'origine de ce boucan ?