That looks like it's gotta hurt [PV Hawks]

Cinquième intervention de cette nuit, le périmètre qui lui est attribué est large, logique. Ses ailes peuvent couvrir la distance et la versatilité de son alter est un avantage pour les opérations en milieu urbain - recherches et écholocalisation, extraction de civils engoncés dans un quelconque guêpier, frappes à distance et sans esclandre, il y en a pour tous les besoins. Bien qu'il n'en dise pas grand chose, le rapace se sait loin de sa vitesse de pointe. De l'extérieur la différence n'est pas saisissante ; son taux d'arrestation n'a pas chuté, ses patrouilles s'étendent toujours sur la même durée. Il ne tolèrerait pas un réel aménagement. Pourtant ses ailes sont fatiguées, il a trop tiré dessus alors qu'elles n'étaient pas encore guéries - leur envergure n'est toujours pas au maximum. Il a déjà connu ça, dans son monde il avait été contrait de recourir à des artifices pour se remplumer. Cette technologie ne les a pas suivis ici alors Hawks fait sans. Il ne s'autorise pas de piquées à partir de l'altitude ordinaire, il temporise, enfin quand il se souvient de devoir le faire et quand il le peut. C'est un peu gênant car ses ailes sont comme des membres, on bouge avec par habitude, on se souvient qu'ils déconnent après le faux mouvement.
Ses plumes se sont secouées comme d'habitude, vibrations caractéristique de l'asphalte au contact de pneus survoltés, une voiture lancée à vive allure sur le périphérique. Trajectoire linéaire à l'exception d'un balancier saccadé de gauche à droite, sans déperdition de vitesse :  les freins ont lâché, c'est ce qu'il déduit rapidement. Hawks s'élance à la poursuite du véhicule qu'il parvient à rejoindre aux alentours des 130 km/h. Il faut évacuer les occupants, deux adultes dont il approxime le poids en volant côte à la fenêtre passager, puis détourner la voiture loin des autres sinon la collision se fera d'ici quelques secondes. Le héros ailé dépasse le véhicule en forçant, un peu, se positionne dos à sa ruée, dans le bon angle, envoie une volée écarlate chopper le conducteur et sa passagère qui sont soulevés - pour amortir la vitesse - avant d'être portés sur le bas-côté. Hawks récupère ses plumes et les réexpédie au contact des pneus de sorte à les dévier vers la forêt en contre-bas du talus routier. L'engin termine sa course contre un tronc épais, le capot fumant et éventré. Hawks se pose et examine la carcasse, pronostique les risques d'incendie, vérifie au passage si la dysfonction aurait pu être d'origine criminelle. Une fois ses conclusions établies - pas de danger immédiat - il fait son rapport à la police, appelée pour prendre en charge les accidentés. Il n'a pas le temps de leur adresser plus que des salutations rapides, avant cet imprévu l'aigle traquait une proie. Ses ailes l'asticotent un peu, se plaignent clairement, mais c'est pas le moment. Après un large sourire pour remercier les remerciements des deux laissés en plan, Hawks décolle et retourne à son jeu de piste.
Le rapace est sur une affaire qui se situe entre le personnel et l'obligation d'utilité publique - il fuse vers son point de chute lorsqu'une détonation se fait entendre, par réflexe son aile droite se déploie devant lui. Rien ne suit. Il ne ressent pas d'appels de détresse au prolongement de ses ailes, aucun autre bruit sourd ne remonte jusqu'à ses sens en alerte.
Le tir, il ne l'entend pas venir. Il n'y réagit que trop tard. Déséquilibré dans son vol, Hawks tombe de sa vive allure, tournoie sur lui-même dans sa chute, son plumage se débat, essaie de se défaire de la substance qui l'emprisonne mais rien n'y fait, beaucoup trop adhérente. Elle se répand, plus vite à chacun de ses mouvements. La compréhension frappe son regard et il agit en conséquence, tête vers le sol et à quelques instants de ce dernier, le rapace désagrafe les plumes touchées, s'en débarrasse pour stopper la propagation. Grâce à un battement sec et au prix d'une perte d'équilibre, Hawks frôle le sol et fuse de nouveau vers les hauteurs. Il a salement dégringolé, sacré tir aux pigeons, pense t-il dans une goulée de cynisme tout en réajustant - derrière la protection d'un mur bétonné - son plumage aussi bien qu'il le peut. Il répartit ses plumes de sorte à s'octroyer un peu de symétrie. Il a bien dégusté, c'est ce qu'il comprend à ce moment-là, le mouvement tire et sa gueule se crispe avec.
Lady Nagant. C'est à elle que son esprit pense spontanément avant de se raviser et d'en rire jaune. Si c'était elle et qu'elle voulait sa peau, vu la négligence dont il a fait preuve, elle l'aurait eue. Mais c'est quelqu'un qui le connait ou, au minimum, qui connait son alter. Hawks comprend que la détonation était là pour le distraire et qu'il n'y a sûrement pas de hasard derrière la mobilisation d'Endeavor à l'autre bout de la ville. Son regard s'affûte et ses lèvres se serrent ; qui aurait à la fois intérêt à le mettre sur la touche et suffisamment de matos et de connaissances pour faire mouche ? Il n'aime pas vraiment ce que ses pensées lui suggèrent et, encore moins, savoir Enji peut-être autant ciblé que lui. Ses doigts pianotent un SMS à destination de son partenaire, un appel risquerait de le distraire au moment inopportun. Le message est générique, il ne veut pas le faire rappliquer sans y avoir réfléchi car ça pourrait conforter le plan de l'adversaire.
Lui, en attendant, ne peut pas se payer le luxe d'être oisif. Celui ou celle qui le veut semble exceller dans le tir à distance et avoir de la ressource, peut-être que le quartier est déjà bardé d'explosifs. Contrarier la susceptibilité du vilain, en ne se montrant pas, risquerait de mettre les civils de la zone en fâcheuse posture. L'adversaire pourrait les utiliser pour le faire sortir. Il est inenvisageable de traîner. Trois coups de feu ont été tirés vers le ciel ; Hawks sait parfaitement que c'est un piège, que l'adversaire veut le traîner là-bas, mais il ne compte pas se préserver au détriment de la sécurité des civils. Encore heureux. Il ne voit qu'une solution ; prendre le vilain de vitesse, ne pas le laisser s'installer ou installer les prochaines étapes de son plan - eh, c'est sûrement déjà fait et il en est conscient. Le terrain doit être miné.
Le héros ailé fuse à sa vitesse maximale, tant pis si c'est désagréable pour ses plumes. Armer et déclencher un tir prend plusieurs secondes, il tâche de rendre son vol le plus imprévisible possible : enchaîne les montées et descentes, les déviations de gauche à droite, sans répéter deux fois le même pattern, il se stoppe parfois derrière un élément de décor. Les deux kilomètres sont vite engloutis. Sans surprise le tir provient de la cime d'un immeuble ; Hawks s'évite de mordre à l'hameçon le plus grossier. Il ne bondit pas là où le tireur était posté, inutile, il doit s'être barré depuis un moment. Et s'il ne s'est pas téléporté alors... L'issue de secours, une passerelle vers l'immeuble d'à-côté. Un tireur d'élite ne lâchera pas son surplomb si facilement. Il s'attend sûrement à le voir débarquer par les airs, en conséquence Hawks met pied à terre, contourne, grimpe les marches quatre à quatre. Ses plumes lui rapportent les vibrations d'une course effrénée, il en envoie une volée dans cette direction et s'élance dans leur sillage. T'as raté ton tir ou tu voulais juste faire connaissance ? Qu'il croasse en distinguant une silhouette dans le contre-jour. Si ça peut provoquer une demi-seconde d'inattention, on ne crache pas dessus.

Ses plumes n'ont pas été particulièrement réfractaires, il n'y a pas eu d'hésitation, pas de latence et pourtant l'adversaire a trouvé une fenêtre d'esquive. Ce n'est pas commun, ça. Le type face à lui est entraîné et, à le voir nettoyer le périmètre autour de lui, il est évident qu'il connait plutôt bien le fonctionnement de son alter. C'est mauvais. L'adversaire n'a laissé glisser aucune surprise, même brève, il s'est acclimaté dans la seconde - sinon il aurait été copieusement touché et serait, actuellement, placardé dos au mur. Hawks pressent qu'il lui réserve plus d'un coup taillé sur mesure. Le spectre de Dabi plane sûrement, peut-être que la paranoïa sous-tend cette association d'idées, mais ça se tiendrait. L'oiseau a observé le petit manège du suturé, l'a déjoué à plusieurs reprises par ricochets, il sait qu'il essaie de se mettre la pègre dans la poche. Les hypothèses se vérifieront plus tard. Il ne peut pas se permettre de laisser l'adversaire retourner au terrier - Hawks bondit à la suite du vilain, une nimbe écarlate armurant son saut au cas où le type s'essaierait à tirer sur son angle mort. Un sabre rougeoyant glisse dans son gant, son vol stationnaire - maintenu par des battements réguliers - le poste en léger surplomb de l'armature métallique où est posé l'homme casqué. Ce gars n'a pas hésité un instant avant de faire un saut de l'ange, note Hawks, il est confiant, peut-être prévoyant, sinon adepte du tout pour le tout. Il ne se laissera pas avoir facilement et sûrement pas convaincre.
Est-ce que le rapace est surpris de le voir dégainer un boitier ? Non, c'est précisément ça qu'il redoutait. Alors ses yeux mordorés ne jouent pas le jeu imposé, ne vendent pas la mèche et ne rapportent pas les calculs qui s'alignent en interne, ses paupières retombent comme s'il était tout bêtement prodigieusement gonflé. Le type face à lui a l'air d'être un grand cynique, pour le dire avec les formes, placer l'épée de Damoclès au-dessus des civils d'entrée de jeu c'est plus qu'un coup-bas, ça pose le ton. Hawks doute du fait que le masque rouge soit un grand partisan des valeurs héroïques, alors peut-être qu'il ne misera pas éternellement sur sa bonne conduite. En conséquence ses épaules s'affaissent exagérément et le rapace remballe ses plumes vers lui, les dispose en arc de cercle dont il est l'épicentre. Il doit agir vite, gagner le temps requis. Les vibrations lui rapportent une vingtaine de respirations dans le bâtiment menacé par le vilain - il pourrait réaliser l'évacuation en cinq ou six secondes, mais c'est bien assez pour appuyer sur un bouton et rien ne lui assure que l'explosion retentira bien à cet endroit, la télécommande pourrait déclencher un désastre n'importe où dans le périmètre. Son écholocalisation essaie de cartographier les lieux à la recherche de la rythmique d'une bombe, mais ça va prendre un peu de temps.
Il aurait certainement le temps de foncer sur le gars et de le toucher avant qu'il ne puisse activer son détonateur - mais c'est hypothétique, le vilain lui a déjà glissé entre les doigts une fois, il est parfaitement inenvisageable de miser sur une approximation. Les civils sont la priorité absolue. Hawks ne peut pas non plus se payer le luxe d'attendre que le gars amorce son geste pour le déjouer, c'est encore plus incertain. Une floppée de plumes tournoie laconiquement autour de lui, pour meubler son égide, surtout pour paramétrer une intervention d'urgence l'air de rien. Sa voix est pâteuse, railleuse, calme. T'es contradictoire comme gars. J'croyais que ta première option c'était de me descendre. Sacrée sociabilité. Il ouvre les paumes comme pour temporiser alors qu'il sait que ce n'est pas à l'ordre du jour, d'un côté comme de l'autre. J'ai pas tellement envie de provoquer - enfin ça serait surtout ta faute - des morts évitables, ça ferait mauvais genre. En conséquence je suis tout à toi! Sa voix n'exhibe aucune gravité, s'il peut passer pour un insouciant qui flirte à la limite de la négligence, ça fait son affaire. Sa recherche finit par aboutir, le minuteur d'une bombe ça a une fréquence très particulière. Il ne laisse rien transparaître. Il lui faut encore évaluer s'il y en a d'autres, combien de personnes se trouvent à proximité. Il lui est impossible d'anticiper la puissance de la charge. Qu'est-ce que tu veux savoir, hein? Et que tu sais pas déjà? Parce que j'ai la nette impression qu'on a un pote en commun. Qu'il se trompe ou non, c'est clairement pour gagner du temps. Il doit finir de quadriller le périmètre, évacuer les civils à distance - ce qui va demander une grosse concentration - et ensuite fuser sur lui une fois la zone nettoyée. Il doute de se prendre facilement une balle entre les deux yeux, par contre, à cette distance il parie sur ses chances. Eh, les approximations, au final. Tu veux pas laisser les civils tranquille? T'as pas fait un massacre pour me faire sortir, je me dis que c'est peut-être pas ton genre dans le fond? C'est ça, oui.

C'est le pire cas de figure possible. Ce type a une idéologie, aussi désaxée soit-elle. Hawks doute très sérieusement d'être capable de l'amener à réviser son système de valeurs moyennant quelques tirades, plus ou moins, bien senties. Il n'y est pas parvenu avec Twice alors qu'il se faisait une idée plutôt précise du bonhomme, un gars bien on ne le répètera jamais assez, il n'y arrivera pas avec un parfait inconnu dont l'action semble motivée par autre chose que la simple camaraderie. Le rapace n'a pas suffisamment d'arguments humains en stock et ce registre est, sûrement, parfaitement invalide dans le contexte - pire, il risquerait de mettre le feu aux poudres. Pas compliqué de comprendre que l'adversaire déshumanise totalement ceux qui roucoulent derrière le double-vitrage. C'est tendu.
Si les dires de son interlocuteur s'avèrent fondés, désolé de ne pas croire sur parole un gars dont le plan b consiste à faire planer une bombe au cœur de la ville, il s'agirait clairement d'une ribambelle de pourris. Mais on va poser les choses très calmement : le meurtre c'est pas bien. Hawks se garde d'exprimer son positionnement ô combien clivant, au contraire son regard se noircit très distinctement en traversant les vitres, feignant un changement de cible. Toujours les mêmes qui s'engraissent au-dessus du petit peuple, hein. L'éternel problème. L'oiseau croasse, cynique, sans avoir à se forcer. Il ne trahit pas son éthique en balançant ça, la corruption il ne la découvre pas. L'aigle se dit que son interlocuteur a, sûrement, un passif avec ce genre d'énergumènes alors il dodeline du visage de manière entendue. Ce qu'il comprend surtout c'est que le gars s'est persuadé d'être dans son bon droit et qu'il n'aura aucune milliseconde d'hésitation si la réponse qu'il entend ne lui plaît pas. Il doit être sur ses gardes, à l'affût d'un signe annonciateur qu'il pourra identifier. Alors Hawks décide de se la jouer plus imprévisible - celui qu'il expose en faisant ça c'est lui, parce qu'il s'offre en cadeau et que l'autre semble plutôt opportuniste, alors c'est acceptable. Il rengaine son sabre, enfourne les mains dans ses poches - c'est de la décoration, du tape à l'œil, s'il frappe ça ne sera pas avec ses mains - et descend lentement vers l'échafaudage. Il se pose à une distance se voulant raisonnable, tu parles, ils sont tous les deux à parfaite distance pour se recevoir un headshot, colle un gant contre la surface vitrée. Une moue pensive survole son sourire en coin. S'ils étaient irremplaçables tu les aurais déjà tués je me trompe? T'avais aucun intérêt à m'ajouter à l'équation si c'est eux que tu voulais. D'après ce que tu me dis, les infos que t'as déjà sur eux... J'ai plutôt l'impression que les buter te ferait perdre un temps monstre. Tu peux déjà en faire ce que t'en veux. Il se rapproche du vilain, d'un pas, sans se départir de son sourire sincère. Faut croire que tout te réussit ce soir. De là, il peut l'avoir, il en est presque sûr. Presque n'est pas encore suffisant. On travaille pas exactement dans la même branche mais ça veut pas dire qu'on peut pas se comprendre, aucune idée que t'existait avant ce soir, désolé d'avoir dérangé ton business. C'est ça que tu voulais entendre? Il hausse les épaules avec désinvolture, prend une seconde de plus, ne force pas le rapprochement, comme si ce n'était pas l'objet de son manège. Il laisse un soupire lui échapper. Twice, hein? Dabi va le balancer à la terre entière? Eh, ça commence à sentir le réchauffé. Je te le dis très honnêtement : aucun regret à ce niveau. Y'avait de vrais innocents dans la balance, du style des gosses. Il croise les fentes du casque, menton haut, regard intraitable. Bon t'arrête de brandir ton truc là ? Tu vas finir par chopper une crampe. Chouette mise en scène mais on peut passer à autre chose. Qu'il dégaine le visage mitigé entre inexpressivité et flemme carabinée. Donne-moi encore quelques secondes. Juste quelques secondes.

Hawks le laisse venir à lui, conscient que ce rapprochement peut être motivé que par deux choses bien distinctes : la mise au défi ou la volonté d'en terminer en profitant de l'appel d'air. Son regard perçant badine à la surface écarlate du masque qui lui est opposé, sa posture reste relâchée. Il a gagné ce qu'il voulait, du temps et c'est ce qui compte. Il observe l'allure nonchalante du type, ne serait pas étonné de lui découvrir un passé dans les basses-strates d'une société indifférente et dérégulée. Tout le monde n'a pas eu la même chance que lui, celle d'avoir eu un soutien au milieu de l'asphyxie généralisée, un idéal pour faire le tri entre l'acceptable et son contraire. Tout à coup un rire sonore et clair s'échappe de ses lèvres, rien ne cherche à le retenir. Je m'y retrouve, dans ta philosophie. J'ai toujours rêvé d'un monde plus calme pour la nouvelle génération. Il bazarde ses mots comme s'ils déclamaient une joyeuse et inaltérable conviction, une évidente passerelle. Ce n'est clairement pas acéré comme le serait une moquerie, c'est sincère pour ce que ça vaut au-delà de l'interpersonnel, qui n'a jamais été le facteur décisif. Hawks n'a pas fait que mentir à Twice, les semi-vérités fonctionnement beaucoup mieux. Et, en vérité, ça le fait bien chier. Parce qu'il n'a pas de mal à lui partager son rêve, parce que leurs visions se touchent suffisamment - pour voir à quel point elles sont amèrement inconciliables. Il n'est pas surpris de l'entendre dire que les gosses constituent une limite pour lui, il avait déjà identifié les contours d'une éthique de travail, aussi vengeresse, d'anticipation et arbitraire soit-elle. Hawks n'est personnellement pas en capacité de lui donner tort sur toute la ligne, ou sur le fond de son raisonnement, il peut le comprendre. Il est sûrement l'un des seuls héros de sa génération à avoir les mains sales et n'a jamais eu l'arrogance de se promettre le respect d'une ligne, d'espérer que l'avenir lui donnera forcément une meilleure option que celle-ci. Mais c'est et ça restera l'ultime mesure de protection, qu'il estime devoir à plus humain que lui. Il n'ôtera une vie que si d'autres sont à coup sûr dans la balance, que si toutes les négociations ont échouées et il accepterait les condamnations. A priori c'est ça qui l'éloigne du masque rouge, il n'estime pas incarner la loi. Il ne normalise ou ne justifie pas le meurtre. Et, accessoirement, le type lui parle de répliquer l'acte à grande échelle. Une purge. Peut-être que sa société fonctionnait mieux que celle dont provient le type, ça ne serait toujours pas une justification. Qui plus est, dans cette ville, tout est à reconstruire, tout peut encore tendre vers le mieux. Hawks abaisse le visage de côté, toujours de la sympathie scotchée aux lèvres sans grande difficulté, mais elle n'est pas bien importante. Et c'est toi qui est censé être son cadre maintenant ? Il répond du tac au tac, le défiant d'un léger froncement de sourcils. T'aurais pas dans l'idée de t'en servir, si? Je te préviens, te laisse pas mystifier, ce gars n'a aucun idéal. Hawks tranche d'un revers de main avant de la rengainer dans sa poche. Il n'as pas de mal à tenir ce discours connaissant Dabi et sachant que son interlocuteur se persuade d'avoir la bonne vision, presque curieux de voir comment il pourra l'argumenter face à cette évidence. Il va te parler d'assainir la société, il va te dire que les héros sont des pourris, il a appris la chansonnette mais il s'en tape, c'est une croisade personnelle. Dans l'idée c'est un tueur de héros, dans les faits c'est un tueur tout court. Ce gars a massacré trente innocents juste pour marquer un point devant l'audimat. C'est à ça que tu veux t'associer? Si le masque rouge lui échappe aujourd'hui, ce qu'il ne laissera pas se produire mais rien n'est jamais gagné par avance, impensable de laisser leur tandem se reproduire. Tu m'es assez sympathique alors je vais être honnête : je compte en finir avec lui. Mais pas n'importe comment. Endeavor. Tant que Dabi respirera il constituera une menace, jusqu'ici, inégalée pour cette ville et la parade ultime braquée contre le héros le plus compétent sur lequel elle pourrait s'appuyer. Il risque de détruire Enji en allant au bout de son acte et il le sait, c'est ça qui le temporise - ça et le reflet indistinct de Toya auquel il ne veut pas croire, mais qui lui glisse toujours davantage au creux de l'oreille. Sa mâchoire se crispe légèrement.
Est-ce qu'il est étonné de se voir confier le détonateur ? Pas vraiment. Option numéro un alors : la mise au défi. Il faut croire que le sentiment de sympathie est réciproque, juste vicié ce qu'il faut. Le gars semble vouloir le voir adhérer, participer, à son argumentaire. Le héros ailé soupèse l'engin d'un regard égal. En soit, ça décale l'ultimatum, ou plus exactement ça lui fait prendre une autre forme. Il lui est impossible de déterminer si ce boîtier est le bon, si le casqué n'a pas une autre dispositif planqué sous son cuir. Hawks mime d'y réfléchir sans être plus que ça dérangé dans son émotionnel. Tu déconnes, rassure-moi. C'est pas formulé comme une question, il soulève un regard dubitatif sur l'autre homme. Tu pourrais en trouver d'autres pour gérer ça? Mec, ça, ça se démantèle mais ça s'autorise pas. Le narcotrafic c'est un truc et, pour m'y être frotté, je sais qu'il a au moins un "magicien" dur à déboulonner. Mais la pédopornographie? Il monte le détonateur au-dessus de son crâne dans un mouvement d'épaules ample. Nan, là je marche pas. Avoue que tu me mets au défi, mais pas comme tu prétends le faire. J'vais quand même pas faire péter un building à ta demande si t'es de ce genre-là. Il cligne de la paupière. En vrai il n'en sait rien du tout et c'est franchement pas le propos. Le temps de parler il a terminé de quadriller le périmètre et a identifié une seconde bombe - il n'y en a pas d'autres, le rapace en est sûr. Un moment d'inattention peut désormais suffire.

Hawks croise les doigts contre sa nuque, la gueule colorée par des rondeurs candides et une humeur radieuse - sur ce coup-là, peut-être que l'angle de son sourire raille avec moins d'indulgence. Il peut se le permettre désormais. Tu te bats pas contre des illusions, mec, mais contre des démons et c'est pire. T'as pas bien vérifié leurs planques, regarde aussi sous ta caboche. Ils te suivront partout ceux-là. Et c'est moche. Il ne dirait pas que le gars face à lui est un hypocrite, Hawks envisage plutôt des intentions en sortie de piste. Peut-être pas disproportionnées au regard du monde dont il peut être issu, mais qui excluent toute alternative - qui cautionnent un système, en viennent à le répliquer sous un format à peine révisé, par féroce fatalisme. Ce type est puissamment désillusionné - plus encore que Nagant qui cherchait encore à s'expliquer l'optimisme. Son passé n'a sûrement pas été rose. C'est pas parce qu'il est convaincu qu'il en devient convainquant. Tu t'en es peut-être pas rendu compte mais t'as changé de référentiel, mon pote. Sa voix est sérieuse tout à coup, pas surplombante, à peine un peu navrée. C'est sûrement tout ce que le type refusera d'entendre, de l'empathie, alors il nuance avec une opposition plus mordante. Là d'où je viens la paix n'était pas totalement une utopie, on l'a déjà plus ou moins vécue. De là d'où tu viens j'ai l'impression que ça relevait de la pure fiction. Mais, ici? J'ai envie de croire, au minimum, à un entre-deux. Hawks porte un instant, sans l'y perdre, son regard sur la ville qui ne dormirait pas peinardement si elle savait ce qui se trame à sa cime. Cet endroit rassemble tout et n'importe qui, les règles sont encore à faire. Vraie question : t'es sûr que ton idée va pas en faire germer d'autres et permettre un peu trop de trucs sales? T'en es déjà à tolérer Dabi! En faisant ça, tu choisis ton symbole. Je pensais aussi à un truc du style, mais assez différent. Si le masque rouge lui ressemble sur un autre point, c'est concernant la mise en scène qui l'outille. Les catchphrases désacralisantes - en arythmie ton/fond - c'est autant pour l'auditoire que pour soi-même. Une ponctuation, un souffle, un jeu et plus il semble naturel, plus il est travaillé. Et ça veut véhiculer quelque chose, de l'auto-discipline peut-être pour se garder là où on veut être, un message surtout : tu m'atteindras pas. Sinon oui, ça claque. Qu'il dit en balançant nonchalamment la gueule de côté. Il n'arrivera pas à le convaincre de quoi que ce soit et il le sait. Mais il se devait de ballotter une contradiction devant sa visière sans tain. Il n'a rien de personnel contre lui.
Enfin presque rien. S'il tient autant à la participation de Crématorium c'est sûrement pour sa puissance de feu et, clairement, elle ne serait pas à destination d'une pègre que le masque rouge semble déjà capable de domestiquer. Le feu par le feu, mon pote?
Tu vas quand même pas me reprocher de surveiller la police de l'intérieur? Presque sûr que tu doutes d'elle autant que moi, aller peut-être plus je concède. C'est plus logique que cynique dans le fond, ceux qui portent le badge dans le coin travaillent dans un cadre proche du néant. Hawks n'est pas étonné, le montre éhontément, en comprenant que son interlocuteur en sait beaucoup. Après tout, il a envoyé Endeavor à perpète les oies. Parlant de ça, son regard retombe légèrement, maquillant une réaction épidermique derrière de la lassitude sans ampleur. Peu importe ses raisons, même si elles ont bien un fond. On parle d'innocents grillés vifs, là. Je me disais juste que c'était pas ta came. Il ne parlera pas d'Endeavor, ça sert juste à rien de dévoiler son flanc. Il préfère provoquer sur le même ton que précédemment. Y'a rien de pire que s'entendre dire qu'on se parjure quand on se pense investi d'une mission. Hawks veut tirer sur les nerfs du casqué pour ouvrir la bonne fenêtre de tir.

Il ne s'attendait pas à ce que ça marche à ce point. T'es vraiment sincère, hein? C'est ce que l'aigle déduit en penchant la tête de côté pour accueillir le changement d'attitude corporelle avec plus d'arrogance. T'es peut-être même trauma. L'offre et la demande, hein? Ce n'est pas cette hypothèse qui le fera revoir son positionnement, ses impressions personnelles n'ont pas ce rôle. Le type face à lui est férocement instable. L'injustice semble lui exploser dans les veines, dans les neurones, il brûle de la punir au bout du flingue, sans compromis - les verrait-il comme des compromissions ? Il crame encore plus à l'idée d'être vu comme leur auteur, assez - sûrement - pour qu'il ne puisse pas se le demander. Hawks dégaine un rire sincère, il n'a pas envie de se moquer de ça. Ne pas le permettre suffira. La subtilité c'est pas vraiment mon truc. Il se frotte la nuque. Mais sur la fin on se rejoint encore. Pas de ça ici. Il a enfin l'angle qu'il attendait. Hawks a eu le temps d'inventorier toutes les poches de la tenue du masque rouge ; il s'élance jambes en premier et un tourbillon carmin l'enveloppe pour faire barrage au corps-à-corps de l'adversaire dont il anticipe la rigueur du réflexe musculaire. Ses plumes repoussent et se plantent au niveau des articulations des bras, pour éviter qu'il ait le temps d'agripper le second détonateur. Il ne faut qu'une seconde ; Hawks lui fait les poches et s'écarte dans le même mouvement, prenant appui entre son épaule et sa nuque pour déséquilibrer, se réceptionne, second boîtier en main. Il n'a pas eu le temps de récupérer son flingue. Un sabre rouge retourne dans sa main, rotation rapide, position de garde avec une aile repliée en égide. Des plumes se détachent, mettent l'homme en joug à bout portant. Me force pas à t'amocher, on commence à bien s'entendre.