What a day [PV Hawks]

Raz filait sur sa bulle de pensée alors que des piques acérées de bétons s’extirpaient de la route pour tenter de le transpercer.  Il y mettait toutes ses émotions les plus volatiles alors qu’une autre partie de son esprit s’affairer à concentrer ses sentiments les plus négatifs pour lancer des détonations psychiques sur son ennemi. Il n’avait pas prévu cette escalade de violence mais la voilà, son ennemi était une femme, robuste qui faisait trembler la terre et la mouvait à son avantage. Sur le pont à treillis, il n’y avait pas de circulation et c’était une très bonne nouvelle.

Raz n’avait pas prévu que tout aille si loin, et tout dégénérait sous ses yeux. Tout venait d’un esprit et sa piste s’était dirigée ici…


Alors que le fraîchement arrivé jeune psychonaute avait rejoins un centre d’hébergement d’urgence quelques semaines plus tôt pour trouver des personnes à aider (et accessoirement dormir sur un lit une nuit), il avait croisé une jeune fille accablée. Il lui avait proposé son aide et elle avait accepté, son esprit était plein de crevasse. Le garçon avait parcouru son monde intérieur, toujours sur des routes escarpées, toujours à la limite de la chute.  Raz avait ouvert des portes et avaient découverts derrière des souvenirs abîmés, enfermés. Elle était une des nombreu.x.ses adolescent.e .s arrivé.e.s dans une ville inconnue, sans pouvoir ou sans capacité pour se défendre. Déjà bien éprouvée par une vie passé, des mains avides avait pris ses envies et les avaient mit dans un coffre fort avant de la mettre au services des leurs. Dans les archives qu’il avait pu trouvé, la pellicule d’un souvenir se dessinait sous ses yeux. Un jeune adulte qui l’avait accueillis dans un bâtiment qui arborait un graffitis géant d’œil bariolé sur la façade, les seringues plantées dans son bras, la monté à l’arrière d’un camion qui arborait un sapin souriant avec plusieurs autres jeunes.

Le jeune psychonaute avait passé la nuit dans cet esprit brisé pour créer des passerelles entre ses envies et son existence. Sans succès, à peine avait-il pu discuter des plans avec la petite fille qui sommeillait dans sa mémoire. Alors commença le lendemain l’enquête. Il retrouva le bâtiment, une laiterie abandonné transformé en squat, mais pas du genre géré par une association ou par un gentil regroupement de co-propriétaire. Il observa pendant quelques jours leurs trajets, leurs façon de faire pour récupérer des jeunes. Il avait des photos (heureusement qu’il avait gardé l’appareil photo d’Otto. Il ne lui restait plus que des pellicules avec le filtre arc-en-ciel, mais ça suffirait pour l’instant.) Puis il mit en pratique ses compétences d’espion international.

Avant d’aller voir quiconque il lui fallait plus d’information. Où allez les personnes qui étaient raptés. Il posa son sac aux abords des lieux, le cachant derrières les briques branlantes d’un bâtiment. Il y rangea sa vestes, ses gants et chaque objet un peu suspect. Il mit son casque d’aviateur sous son maillot rayé et remit son pull au dessus. Son psychoportail était bien rangé dans la poche arrière de son pantalon et ses lunettes restaient pendu à son cou. Il approcha les chien de garde du bâtiment pour demander de l’aide sur les conseils d’un ‘gars’ qu’il avait rencontré dans un centre d’urgence (qui ça ? Lui demanda t’on. Il répondit : Vous savez, le brun avec des tatous. Ils acquiescèrent comme si c’était évident. Ouf)  Sur le chemin il trouva une plume rouge et sublime, immense. Il se demanda bien à quel oiseau elle appartenait. Il la mit dans sa poche.

Son infiltration fonctionna plutôt bien, il jouait les enfants vulnérables (fugueur sans famille, discriminé, crédule. Un rôle diamétralement opposé à lui.) Les drogues n’arrivaient jamais jusqu’à son organisme, arrêté en chemin par un petit tour de psychique. Et finalement il monta dans le camion. Il aurait préféré faire ça dans le monde psychique, mais il ignorait qui dans les responsables avaient le détails des plans qu’ils accomplissaient. Il n’avait pas prévu que des coups de feux éclateraient et que le camion s’arrêterait en dérapage. D’un coup de détonation psychique il ouvrit les portes du camions et autour de lui, il voyait des éclats rouges voler alors que les malfrats tiraient en l’air.

Raz mit ses lunettes et son casque d’aviateur avant de discrètement s’avancer vers les 3 bandits armés. Il n’avait pas prévu qu’il y aurait une psychique dans le lot, une psychique qui maîtrisait les surface solide comme le béton. La suite, vous la connaissez. Il s’éloignait du véhicule pour ne pas risquer de blesser ses occupants et essayait d’éviter les projectiles qui arrivaient sur lui tendit que les deux autres se concentraient sur… va savoir quoi, il n’avait pas le temps de regarder. La femme était hors d’atteinte de son psychoportail et de toute façon, c’était trop dangereux de laisser son corps inerte.

Malheureusement, dans ses réflexions, il n’eut pas le temps d’esquiver 3 parpaing lancés à vives allures d’heurter sa sphère de pensée. Déstabilisé, Raz fit des roulades avant de tenter de se relever, mais d’un coup de poing, la méchante femme le fit basculer derrière la rambarde du pont et il retint à peine son cri en voyant le fleuve filer vers lui. A moins que ce ne soit l’inverse.

Vrombissement hérissé et un peu en pétarade, vibrations de l’asphalte intenses mais continues, mauvais moteur poussé à 100 km/h et donc sur chemin balisé à l’avance. Rien d'étonnant.
Les informations se croisent sous sa visière teintée, défilent sur sa rétine, confirment ses infos préliminaires. L'oiseau a déposé ses plumes le long de la route, elles lui rapportent chaque friction, chaque détail de l'itinéraire du véhicule un peu trop pressé pour être seulement à la bourre. Il peut estimer le volume qu'il occupe, son poids - et se faire une idée de sa cargaison.
Hawks est peinardement perché sur son surplomb, un panneau publicitaire qui fait le taff et jouxte la route dégagée à cette heure, une main dans la poche et l'autre plaquée au visage pour un meilleur focus, un souffle régulé.
Il n'y a pas de place laissée pour le hasard, encore heureux c'est un héros pro.
Hawks a préparé son coupe-gorge, à la sortie du tournant le véhicule aura pris une respiration, il interviendra avant qu'il regagne sa vitesse de pointe.
Le faucon est posté à distance raisonnable et l'angle est déjà calculé, ses plumes s'attaqueront aux points névralgiques de l'armature sans provoquer de sortie de piste, pas le temps pour un coup de frein parasite.
L'aigle ne peut pas laisser le convoi arriver à destination, d'après ses sources le comité d'accueil risquerait d'être corsé, les gosses pourraient être utilisés comme otages et se trouver entre des feux croisés. On ne péche pas par excès d'orgueil.
Ca fait un moment qu'il joue double-jeu, qu'il rencarde les forces de l'ordre et ferme parcimonieusement les yeux pour le bien de sa couverture. Il a été suffisamment indolent, bon copain avec le crime organisé, pour se permettre un coup d'éclat en sous-marin. Il n'est pas censé savoir pour ça, il donne la garantie d'être ailleurs.
Et, franchement, il se le serait permis dans tous les cas. Hawks a mené sa petite enquête, perso, insouciant porte-à-porte, collecte de quolibets de voisinage, parlote avec les gamins réfugiés dans les différents centres d'accueil de la ville. Un camion bariolé d'un sapin qui se tape un smile, c'est pas exactement discret, hein.
Les avis de recherche affluent en ville, dans l'indifférence issue de l'habituation et des quêtes personnelles parfois entendables, souvent désespérées.
Le rapace sentait que le trafic n'allait pas s'en tenir, sagement, aux stupéfiants. Instabilité systémique, perte de sens et de garde-fous, terreau fertile pour que germe l'ignoble, sur des excuses bradées, du pseudo-légitime, un peu de nihilisme.
Il l'entend, la cible est à l'heure, son regard s'affûte, perce la distance qui se réduit.
Les premières lames carmines foudroient après un top départ donné de son revers de gant, elles griffent les côtes du véhicule et éraflent les pneus ; quatre entailles parallèles à la route pour stabiliser le glissement de l'engin. Une volée de plumes accompagne l'arrêt du véhicule, saisit ses roues dans la continuité de la ligne droite.
C'est le moment où il doit s'exposer. Le rapace s'élance dans les airs, déploie ses ailes d'acier écarlate, fuse - impose à ses adversaires un angle de tir inconfortable.
S'il a amorti la secousse, autant que possible, il doit déloger rapidement les occupants et isoler les captifs des ravisseurs. Comme il s'y attendait, des coups de feu s'élancent à sa rencontre.
L'oiseau vrille entre les projectiles, informé par les vibrations de l'air, absorbe un choc grâce au durcissement de son aile droite.
Il ne s'attendait pas à ce que les portes arrières soient arrachées à la volée, par contre.
Et encore moins à voir un gamin filer, pourchassé par une vilaine ayant un alter.
Okay, ça c'est moins banal. Enfin, ici.
Hawks synchronise son ouïe aux battements de cœurs affolés, des plumes laissées en survol soulèvent les gosses éparpillés sur la chaussée. Lesdits gamins sont emportés vers les hauteurs, déposés à l'abris de la baston.
Le rapace bat de l'aile, se propulse à leur rencontre - mais garde ses distances, il est toujours la cible d'un tir aux pigeons - , il leur adresse un grand sourire et utilise ses mains comme un porte-voix. La police est en route ! Il se doute qu'il sont pas frais et certainement copieusement sédatés, c'est pour ça qu'il prend la peine d'examiner les rythmes cardiaques et d'éloigner l'un d'entre eux, par plume interposée, trop prêt du bord à son goût.
Il profite de la hauteur prise pour s'abattre, à vive allure, dans une piquée. Des plumes longues de soixante-dix centimètres glissent dans ses mains, se rigidifient pour gagner la consistance de l'acier, il les empoigne et tournoie sur lui-même dans la descente.
La vitesse aide à produire l'onde vibratoire suffisante, projetée à partir du tranchant de ses plumes.
Il visait les appuis au sol, les deux vilains en sont déracinés et Hawks leur refourgue un coup de genou, assommoir correct, après avoir rasé le bitume.
Deux de moins. L'oiseau récupère leurs armes à feu, gambade le temps de quelques pas à terre - heureusement que ses semelles sont conçues pour amortir - et il fuse à nouveau vers les cieux.
Il bazarde les armes dans le décor et dégaine sa top-vitesse pour rejoindre, stopper, le gros du danger.
Le gamin fuyard. Il a pris l'agro. Et les portes se sont ouvertes de l'intérieur, y'a eu une détonation sans déflagration. Il doit aussi avoir un alter.
Et il n'a pas l'air très drogué.
La vilaine peut altérer la structure de l'environnement mais ça doit avoir ses limites. Pour l'instant, le faucon observe un usage parfaitement terrestre.
La graine de héros s'aventure sur un pont un rien brinquebalant, Hawks aurait bien eu envie de lui dire que c'était pas un bon choix. Mais il a pas trop le temps.
Le héros ailé se projette dans le vide, à la suite du gosse en chute libre.
Après une impulsion puissante, ses ailes se resserrent autour de son corps pour limiter la prise au vent. La torpille pourpre se déploie, étend la largeur de son ramage, se stabilise en vol stationnaire à renfort de battements robustes. Sa botte effleure la surface de l'eau. C'était chaud.
Hawks abaisse un sourire chaleureux sur le gamin, réceptionné entre ses bras. T'en fais pas, ça va le faire. Moi, c'est Hawks ! Et toi c'est quoi ton nom ? Ses paupières s'abattent avec pseudo-légèreté. Il comptait lui laisser reprendre ses esprits.
Mais ça va pas pouvoir se faire.
La vilaine arrive, dévalant les reliefs rocheux en les convertissant en surface presque caoutchouteuse. Ah, elle lâche rien ! Il s'insurge faussement, secouant le visage avec nonchalance. Elle ne vole toujours pas, son alter doit fonctionner quand elle touche terre, sur ce qu'elle peut toucher et qui est consistant. Elle s'est pas fabriqué un escalier ex-nihilo. J'espère que t'as pas le vertige. Décoche t-il, sympatoche mais un peu plus sérieux. Il glisse une main sur la nuque du gamin, pour la préserver de l'impulsion, déploie ses ailes et s'élance.
Il envoie une nuée de plumes vers la terrestre, qui s'engouffre sous ses pieds, la hisse en apesanteur.
Et là, il colle le gosse dans son giron, dévale la distance qui le sépare de son adversaire et envoie deux plumes précises au niveau de ses épaules - les projectiles perforent le tissus, sans abîmer la peau, envoient l'ennemie dans une trajectoire aérienne suivie par Hawks. La femme est massive, difficile à soulever sur longue distance, il faut capitaliser sur la force cinétique. Il finit par la clouer à un relief escarpé, les pattes dans le vide.
C'est là qu'on voit si son hypothèse est bonne.
Eh, désolé ça a secoué. Comment tu te sens ? Son regard se porte sur le gosse, en biais il observe la femme se remettre de ses émotions.
Et il se prépare à, éventuellement, être moins sympa.

Au cours des six dernières années, les instructeurs de Raz avaient tentés de l’amener plus ou moins subtilement vers l’apprentissage de l’hydrokinésie. Après tout, c’était un pouvoir qui était inscrit dans son histoire familiale et dans sa génétique. « Une fois ces vilaines barrières mentales brisées, tu devrais pouvoir maîtriser cette aspect de tes compétences de façon si intuitive, Trésor », lui disait Milla. Mais rien n’y fit, le psychonaute (junior) arguait toujours qu’il n’avait pas le temps. Il avait refusé le piscine en plastique offerte par l’agent Cruller, boudé les vacances à la plage offerte pour avoir été l’employé du mois (qu’il soupçonnait d’avoir été un subterfuge, étant donné qu’il avait été cloué au lit pendant trois semaines ce mois-ci à cause d’une entorse du lobe temporal) et s’était sauvé avant la fin de la projection du film 20 000 lieux sous les mers proposé par Sasha.

A cet instant, face à son reflet de plus en plus net sur la surface opaque de l’eau du fleuve, Raz ne regrettait rien. Non, il était plus occupé à contenir son cri de corbeau alors qu’il fusait vers la surface qui entraînerait son corps dans ses tréfonds insondables. Alors quand sa trajectoire dévia entre les bras d’un mutant, il remercia sa chance, le monde et les volatiles géants de leur clémence. Avec un profond soupire de soulagement il redressa les yeux vers son sauveur. La personne devant lui était à priori un être humain, paré de longues ailes écarlates qui provoquaient des remous sur l’eau de ses puissantes impulsions. A priori, il s’agissait d’un homme sauf erreur de la part du psychonaute, qui n’avait pas l’air particulièrement belliqueux.

Son nom était Hawks. Un nom de code ? Raz hésita « Eggbeater, heu Raz, Agent Aquato, enfin ça dépend. C’est important l’anonymat ? Non ! » Réprimanda t-soudain, pas à l’attention de ‘Hawks’ mais à destination de la main aquatique qui s’approchait doucement vers eux. Surement voulait-elle le ramener sur la berge, mais si il pouvait s’en passer, il le ferait. Il remonta d’ailleurs ses jambes en prenant appui sur la hanche du blond pour s’éloigner. Le membre liquide se ratatina sur lui-même avant de se fondre tristement dans l’eau. Le combat n’était pas terminé, l’adulte ailé allait vraisemblablement reprendre son envol et le psychique ne s’en plaindrait pas, plus il était loin de l’eau et plus il se sentait léger. « Nop » Répondit-il quand il avait encore l’occasion à la demande de son comparse avant que l’air qui s’infiltrait dans ses babines ne l’empêche de rajouter d’autres syllabes à sa phrase. La sensation de vol était loin d’être désagréable, les plumes ne semblaient pas être faites de pensées volatiles mais bien de matière physique. Peut-être était-ce bien une mutation dû à un agent neuro-psychique comme le psitanium.

Ses mouvements étaient rapides comme l’éclair, manipulant ses ailes pour les faire glisser puis fendre les cieux, utilisant son inertie pour atteindre des vitesses vertigineuses. Le jeune agent était heureux de porter ses lunettes de protection à ce moment, son regard pouvant capter l’environnement sans risquer d’être aveuglé par les moustiques qui étaient légions au dessus du point d’eau. Il pouvait voir les enfants kidnappés en hauteur, hors de danger. Merci Hawks. Bon travail d’équipe ! Alors que l’homme amorçait sa descente et que la mâchoire de Raz se débarrassait des derniers fourmillements qui l’anesthésiait, le garçon apprécia de retrouver la terre ferme. Pas qu’il n’avait pas appréciait la course aérienne, mais elle ne lui avait pas laissé beaucoup d’action. L’autre était trop classe. Il fallait absolument que l’adolescent écrive à « Véritables histoires de Psychiques » pour publier cette histoire. « Envolé psychique ! Hawks contre Terrazilla !! »

A sa question, le jeune psychonaute voulu lui renvoyer un sourire confiant tout en remontant ses lunettes sur son crâne. Il était vrai qu’il avait plutôt fait de la figuration dans cette affaire. Cependant, avant qu’il n’est le temps de répondre, la terre sous ses pieds commença à s’affaisser alors que d’autres zones s’élevaient. La chaussée se transformation bientôt en véritable parcours de gravats et de crevasses. Raz sauta de plateforme en plateforme pour se hisser vers le haut, esquivant les tiges d‘acier qui s’élevaient comme des pièges sur son chemin ou s’accrochant à elles pour prendre de l’impulsion et passer les obstacles de béton. En contre bas, les débris retombaient et engloutissaient les niveaux d’en dessous, comme une mâchoire géante qui se refermaient sur tout ce qui pouvait se trouver en contre bas.

La circulation s’était coupée après les coups de feu, ce qui expliquait sûrement que les lieux étaient déserts. Du coin de l’oeil Raz capta un éclair rouge au travers de la fumée qui enveloppait les lieux, mais ce n’était pas Hawks qu’il cherchait. La femme… Il prit une grande inspiration et fronça les sourcils sous la concentration. Il les claqua bruyamment et ses mains psychiques en firent de même, déployant une bourrasque qui balaya la brume devant lui sur une dizaine de mètre. « Trouvé !! » Hurla t-il attirant son intention alors qu’il bondissait de reliefs en reliefs pour s’approcher.  Dans ses yeux, il voyait sa fureur alors que ses cheveux blonds retombaient comme des serpents autour de son visage. Bientôt les piliers de bétons s’élevaient en hauteur, essayant de le percuter alors qu’il les esquivaient en glissant sur des rambardes déformées par les attaques de la psychique. Dans sa main, il tenait fermement son psychoportail et il se concentrait sous ses verres teintées.

D’un geste de paume il le projeta et dirigea son lancé par télékinésie, complètement focus sur sa trajectoire. Au moment où la porte s’accrochait au front de son adversaire, un parpaing atteint son ventre. Cependant, son esprit était déjà en route vers la porte ouverte et lumineuse. Son corps bascula sur le côté, les yeux dans le vide sous ses lunettes et la bouche entrouverte. La femme devint elle aussi inerte.

Trois minutes plus tard ses pupilles explosèrent de couleur alors qu’il prenait une grande inspiration. Il toussa et se redressa en s’appuyant sur ses genoux, s’approchant de la blonde qui lui renvoyait un regard humide pour poser une main sur son épaule. « Ce n’est pas de l’amour quand on vous demande de faire des choses que vous ne voulez pas faire. Et en plus elle n’est pas si parfaite que ça… nah, si c’était le cas elle aimerait aussi la cornemuse. » L’imposante dame resta à genoux au milieu des dégâts qu’elle avait fait, en reniflant.

Raz se tourna pour trouver ‘Hawks’ du regard, le torse bombé de fierté. « Beau travail agent Hawks. Allez on nettoie se bazar et on met les voiles. » Il avait vu ça dans un film. Ça sonnait bien.

Eh, normalement c'est lui que les autres n'arrivent pas à suivre.
Il se sent un peu improductif, c'est pas très acceptable de laisser les prises de risque à plus jeune que lui. Une pensée glisse vers Tokoyami qui lui aura, quand même, sauvé la mise deux fois d'affilée. Il avait anticipé que le gosse à binocles d'aviateur avait un alter, il avait également pressenti son intrépidité. Hawks aurait du le mettre à distance.
Pas la peine de mariner dans l'auto-blâme, ça réussit pas à grand monde, il est toujours temps de réagir et de protéger les arrières. Ou les avants.
Le héros ailé comprend rapidement que le gamin ne manque pas de ressources, mais de mesure. Il ne va pas l'entraver dans sa cavalcade vers les hauteurs, trop risqué, il va l'accompagner - le devancer. Des plumes s'enroulent en nimbe, tournoient, autour de l'ascension du gosse. Chacune est prête à le rattraper au moindre vautrage. Le filet de sécurité étant tendu, Hawks se focalise sur l'épicentre du danger : la vilaine s'est réveillée de sa torpeur et a réussi à toucher une surface, à activer son alter de re-façonnement.
Le gamin cherche à s'approcher d'elle. Y'a besoin de faire barrage.
Il doit avoir un alter de lévitation, contrôle de la gravité ou des masses - en extrapolant on peut s'expliquer l'hydrokinésie -, sinon il ne pourrait pas se déplacer comme ça. C'est tant mieux, il risque encore moins la chute. Le rapace fuse, les ailes tendues, il ne dissipe pas la brume d'un battement. Ce voile est un écran de protection, en étant optimiste, la vilaine ne voit pas beaucoup mieux qu'eux et le gosse peut galérer avant de trouver la bouche du loup. Ses plumes s'occupent de balayer le chemin autour de son acolyte improvisé, réceptionnent les gravats dans leur orbite.
Il surveille le gamin grâce aux frictions entre l'air et ses vêtements, aux vibrations de sa respiration, l'écholocalisation permise par ses plumes est nette. A en juger par la façon dont il se déplace, Raz utilise bien le principe l'inertie. Ce qui implique de précieuses millisecondes gagnées s'il en vient à se rater.
Hawks localise aussi nettement l'adversaire. Il s'apprête à la charger, lame vibratoire en main, lorsqu'un imprévu s'impose.
« Trouvé !! » Sérieux ? Le gosse a dissipé le brouillard aqueux d'une seule bourrasque. C'est sûrement pas un alter, pas comme je me l'imaginais. Et son coup de « l'agent »... On a pas les mêmes refs, hein, Raz ? Il en sourit pour lui-même. Il est quand même fortiche le gamin.
Mais totalement à la ramasse sur le critère d'auto-préservation. Lui, c'est définitivement le style à réfléchir sans s'inclure dans l'équation ! L'oiseau observe le jet, la manière parfaitement télékinésique dont le projectile louvoie jusqu'à toucher dans le mile. Et tout de suite après les deux adversaires s'effondrent à la dérive.
Correction, c'est le style à faire des fixettes sans inclure les risques dans l'équation ! La volée carmine réceptionne facilement le poids plume du gosse, conduit à terre. Pour la femme, c'est un peu plus technique.
L'oiseau fuse vers elle, les bras devant, la choppe par-dessous les épaules et se laisse tomber dans le vide à sa suite. Elle est massive, c'est plus pratique de temporiser l'atterrissage à la force de ses ailes que de la hisser à la force du muscle. Ils touchent terre sans problème.
Le problème, énorme, est leur subite inconscience. Si les constantes vitales de la femme semblent ordinaires, si ce n'est légèrement plus actives que la moyenne, le cœur et le souffle de Raz sont complètement anémiés. C'était pas le cas avant, tout semble lié au projectile envoyé. Toujours collé au front de la vilaine.
L'aigle pianote un SMS d'urgence en direction des secours et récupère le gosse sur ses genoux, surveille son rythme cardiaque. Ses pupilles sont à l'arrêt sous ses paupières, que l'oiseau soulève. C'est l'activité cérébrale qui déconne. Un pouvoir de lavage de cerveau ?
Et Raz se réveille comme une fleur. En même temps, l'appareil se déchausse du front de l'ennemie, qui s'effondre en sanglots.
Logique, sûrement. La magie est une science qu'on a pas encore mise en équations. Ou un truc du genre. L'oiseau a clairement les ailes ballantes, les épaules rondes, les paupières qui tombent. Il est allé dans sa tête, c'est ça ? C'est pété. Et dangereux. Ses doigts se croisent lascivement sur sa nuque et il s'approche de la saynète d'un pas peinard.
Ah, le pouvoir de l'amour. Marmonne t-il, avant de se corriger en tendant l'index devant ses lèvres. Enfin, non. Celui de la contrainte, du coup. Je suppose ? Il hausse les épaules, mais réceptionne quand même l'une de celles du gamin pour le tirer vers lui. Il est pas mécontent que ça se finisse sans effusions de violence, surtout si la femme n'a pas mauvais fond.
Mais il faut quand même comprendre. Hé, Eggbeater-heu-Raz-Agent-Aquato-enfin-ça-dépend, t'es allé fouiller dans sa tête ou je me trompe ? Il garde quand même un œil sur l'ennemie d'il y a trois minutes. Et je suppose que c'est grâce à ce truc ? Il pointe le machin qui est retombé du crâne de l'infortunée, qu'il plaint très modérément. L'esprit d'initiative c'est pas mal. Par contre sacrée prise de risque, tu pensais résister à une chute de 35 mètres ? Demande t-il, abaissant le visage de côté.