Animation #3 la roulette du rp – Dick Grayson & Jean Kirstein

Jean n’avait de prévu spécialement aujourd’hui. Il travaillait alors disons que ça réduisait grandement le champs des possibles. Dehors, il faisait plutôt beau, le soleil était haut dans le ciel à briller doucement sur le pays malgré quelques nuages par-ci, par-là, mais rien de bien menaçant. Une douce chaleur le réchauffait et ça faisait du bien. L’hiver n’a jamais été sa saison préférée. Il était passé à côté du complexe aquatique où il semblait que beaucoup de monde venait profiter de cette belle journée. Ils ont raison, faut savoir profiter de ce genre de moment. Personne ne sait de quoi demain sera fait. Si Nowhere semble moins sur la sellette que là où il vivait avant, des menaces subsistaient quand même. Sauf que là, il ne s’agissait pas de titan. Pour la première fois de sa vie, il aurait préféré que ce soit justement des titans, car au moins, ça il connaît, Jean sait comment se battre contre ces monstres. Ici… c’est différents, il n’y a pas qu’un seul type de créature qui rodent autour de Nowhere, mais on dirait qu’il ne s’attaque pas à la ville, mais qu’il ne faut pas trop en sortir non plus. D’une certaine manière, tout le monde est plus ou captif de Nowhere. C’est fou, on dirait bien que sa vie ne change finalement pas des masses.

Alors qu’il passait non loin d’une école primaire qui était fermée, car aujourd’hui, il n’y avait pas école pour les enfants, il remarqua au loin ce bâtiment qui semblait abandonné. C’était même la définition même du bâtiment qui pourrait faire penser à une endroit hanté. Les murs décrépies, les fenêtres cassées, les tags, l’ambiance un peu malsaine, ça mettait clairement la puce à l’oreille sur ce qu’est ce lieu. D’un autre côté, c’est l’endroit parfait pour les dealers et autres trafiquants en tout genre pour faire leur business en toute tranquillité. C’est presque comme avoir une carpette avec écrit « Welcome » en gros dessus. Qu’est-ce que ça lui coute d’aller voir ? Un petit tour pour s’assurer que justement, il n’y a pas de trafic ici pour être tranquille. Ceci fait partie un peu de son job à l’avant garde.

Alors, Jean s’approchait du bâtiment. La porte d’entrée qui n’était pas dans la meilleure des formes était un peu convexe, comme si on avait frappé dessus pour essayer de l’enfoncer. Ceci rendait le bâtiment encore plus mystérieux. C’est ainsi qu’il pénétra à l’intérieur pour visiter. C’était plutôt simple, des murs blancs principalement, mais pas un blanc immaculé, c’était vieilli est tacheté par de la moisissure par endroit, par de la saleté à d’autre. La peinture était même craquelée et s’écaillait, tombant sur le sol. Clairement, on était pas sur un endroit très rassurant. Continuant son avancée, il avait fortement l’impression que tout se ressemblait et que ça semblait sans fin. Même en montant vers les étages, le scénario était le même et le pire, c’est que lui qui espérait trouver la planque d’un malfrat ne trouvait rien. Comme si ce lieu qui respirait à plein nez l’ambiance criminel ne les avait pas attiré, c’était sûrement trop évident pour les faire venir au final. A tourner en rond, il avait l’impression de toujours revenir au même endroit, de ne pas retrouver la sortie. Ceci était une idée absurde, comment pourrait t’il se perdre dans un bâtiment ? Les escaliers, il n’a qu’à les retrouver pour descendre… Mais où sont-ils ?

Liste C : 20 points
définition, carpette, captif, aquatique, convexe, primaire, pays, puce, haut, beau
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@ "Jean Kirstein":

Des journées comme ça, Dick n’aurait pas aimé en avoir tous les jours. Pas que sa vie fut habituellement un long fleuve tranquille, mais il est de ces jours où quoi qu’on fasse, on a l’impression que l’univers a décidé de mettre sur sa route une multitude contrariétés, de mâtiner chaque petit plaisir du quotidien d’un incident sans forcément de grande gravité, mais dont le potentiel d’agacement ne connaissait pas de limite.
Le genre de matin où un ancien acrobate, super héros aguerrit, capable de sauter du haut d’un immeuble sans aucune peur, de se battre en plein airs, de défier la gravité, se retrouvait à regarder d’un air chagrin le contenu de la tasse de café qu’il venait de renverser lamentablement sur le carrelage de sa cuisine, après s’être tapé douloureusement le petit orteil droit dans le pied de sa table basse. Où, en enfilant la manche de sa veste en cuir préférée, il se rendait compte que la doublure d’une poche était déchirée, et que ses clés étaient maintenant perdues quelque part tout au fond, après avoir fuit par un trou trop petit pour que sa main les suive. Alors bien entendu que ce n’étaient que quelques minutes de plus de perdues à éponger le sol, à cajoler un orteil endolori, à retourner sa veste dans tous les sens pour faire ressortir ses clés, mais c’était assez pour que, une fois installé sur sa moto civile, Dick ne lâche un juron qui lui aurait attiré sans aucun doute un regard réprobateur de Alfred si celui-ci avait été présent, quand celle-ci se refusa à démarrer. Et à ce stade, s’il voulait éviter d’arriver en retard à son boulot de barman qui lui servait de couverture, Dick n’avait pas du tout le temps d’essayer de voir ce qui clochait, encore moins de tenter de réparer. Pour être parfaitement honnête, il n’en avait pas non plus envie. Vu comment sa journée démarrait, c’était un coup à ce qu’une clé à molette casse net dans sa main.
Dépité, levant le nez vers un ciel maussade et peu engageant, Dick se pressait vers ce qui tenait lieu de transport en commun le plus rapide vers le bar où il travaillait. Y aller à pied aurait été trop long, et un risque de se retrouver trempé à l’arrivée si le temps se gâtait comme il menaçait de le faire. Y aller en… Volant, se catapultant entre d’immeuble en immeuble sous les traits de son alter-égo super-héros, ou juste sur la Wingmoto était tentant, mais ses retards et absences à répétitions en raison de sa double vie attiraient déjà suffisamment l’attention sur lui, même s’il rattrapait et justifiait chacune d’elles. Risquer une arrivée trop voyante, ou proche d’un moment où Nightwing baladait dans les environs sans aucune raison, était trop risqué.
Restait donc le petit train qui traversait une partie de The Heart, et allait grandement réduire son trajet, pour ce matin au moins. Il lui restait quelques minutes pour l’attraper, mais au bout d’une course de quelques rues pour s’y rendre, Dick pu constater qu’il s’était pressé pour rien : le petit train, qui n’en était pas véritablement un puisqu’il roulait sur la route et pas sur des rails, était immobilisé sur place par un individu planté droit devant lui. Il empêchait le véhicule de démarrer, s’attirant les regards et les commentaires courroucés des voyageurs. Dick leur dédia une pensée compatissante, mais de son côté, les velléités du passant à provoquer le retard du train l’avaient empêché, lui, de le rater. Ça lui donnait un petit capital sympathie, tout de même, et Dick s’approcha rapidement, en essayant de comprendre d’où venait son problème.

L’homme était d’origine scandinave, si Dick se fiait à sa stature immense, carrée, à ses cheveux d’un blond presque blanc, un teint pâle et pourtant si loin d’être maladif, et à ses yeux d’un bleu saisissant, comme pris dans les glaces éternelles. Néanmoins, l’indice le plus flagrant restait le suédois agacé avec lequel il enguirlandait le chauffeur du petit train qui devait partir pour transporter les passagers d’un bout à l’autre du quartier. Perché dans sa locomotive, l’air revêche, le conducteur lui répondait d’un ton tout aussi peu amène, et avec un accent italien si prononcé que Nightwing n’aurait pas pris le pari que qui que ce soit ne parlant pas cette langue aurait pu le comprendre, même s’il baragouinait en anglais.
Quel que soit le problème de départ, il était facile de deviner que la difficulté principale était qu’aucun des deux ne se comprenait suffisamment, malgré le grand renfort de gestes expressifs que le chauffeur de plus en plus agité ajoutait à son argumentaire.
Dick était arrivé au moment où le ton montait significativement. Et avait remerciait en douce Batman et son exigence, sa volonté d’être prêt à tout, quand il put traduire entre les deux hommes la situation dans son ensemble. C’était assez simple finalement. Ingvar -notre ami suédois- avait égaré une pochette importante lors de son trajet précédent dans le véhicule, et cherchait à le récupérer. Giuseppe n’était pas le chauffeur du trajet en question, mais une fois qu’il eut compris pourquoi l’homme qui l’invectivait dans un langage incompréhensible s’énervait autant et l’empêchait d’avancer, il pu lui donner un numéro à appeler, ce qui suffit largement à provoquer les remerciements et excuses du géant blond. Et enfin le train pu partir, entrainant un Dick Grayson qui fut bien obligé de dévier comme il pu les conversations pour éviter de trop justifier sa connaissance si ample en langages variés. Bien entendu, ce n’était qu’un petit panel des dialectes qu’il pouvait réellement parler. Dans la batfamily, il était courant d’apprendre avidement le moindre dialecte, terrien ou non, sur lequel ils pouvaient mettre la main. Mais une histoire de voyage en Europe quand il était étudiant, et son travail de barman expliquant son perfectionnement, suffit à apaiser la curiosité du chauffeur, de bien meilleure humeur à présent, et des quelques passagers qui avaient été assez proches pour suivre tout l’échange.
Au final, Dick allait malgré tout rattraper une bonne partie de son retard. Peut-être qu’il avait fini d’user sa dose de malchance de la journée… ?

C’est ce qu’il s’était allé à penser, quand arrivé au soir, après un service sans grand éclat, mais sans gros problèmes non plus, il avait troqué son tablier pour le costume noir et bleu avec lequel il parcourait les sommets de The Hearts, veillant sur la nuit de cette nouvelle ville hétéroclite comme il avait pu le faire sur d’autres par le passé. Et même là, hormis quelques bagarres de rues, des gens échauffés à la sortie des bars, et un voleur de sac enhardie, il n’y avait rien eu de bien remarquable. Nightwing avait pensé que le reste de sa soirée, voir sa nuit, serait calme.

Il en avait même profité pour descendre sur un marché nocturne où il passait parfois, commençant à être connu de la population locale, pour y acheter un repas rapide. Délaissant les habituelles pizzas dévorées dans leur boite en carton, il s’était approché d’un stand d’où émanait une odeur entêtante, délicieuse, et avait jeté son dévolue sur une de leurs plats qui mijotait sur place, dans de grandes poêles au contenu alléchant. Loin d’attirer autant la méfiance et la crainte que Batman, qui intimidait souvent les civils sans forcément le vouloir, Nightwing en avait même profité pour discuter un peu avec les marchands, anciens terriens tout comme lui. De là à savoir si c’était la même Terre dont on parlait… Sur Nowhere, ça n’avait plus vraiment d’importance, non ?

C’est comme ça que Dick s’était retrouvé, assit sur un bord d’immeuble, à se consoler de cette journée aussi maussade que l’était resté la météo, en dégustant le Tajine d’aubergines acheté au stand du marché, dont les saveurs tout droit venues d’une recette Gabonnaise, de ce que lui avait expliqué le couple qui le tenait, l’avaient un moment réconforté. Ils avaient pu se procurer, venant de The Mirage, des légumes et saveurs s’approchant au plus près de celles dont ils avaient pu se souvenir, et honnêtement, leur plat était délicieux. Dick était allé plus d’une fois en Afrique, dans pas mal d’endroits du continent. Mais n’avait jamais eu l’occasion de visiter ce pays en particulier. Si des enquêtes l’avaient emmené plusieurs mois en Afrique du Sud, et au Sénégal, le Gabon était de ces pays où il n’avait jamais eu l’occasion de voyager, que ce soit en tant que Dick Grayson, ou en tant que Nightwing. Et à présent… A présent, ce pays, comme tant d’autres de son monde, avait tout simplement disparu. Autant pour le réconfort passager qu’avait apporté à son cœur ce plat délicieux, dégusté dans sa barquette en haut d’un des immeubles de la ville. La nostalgie, la perte, une fois de plus lui serrent le cœur. Ils ont tous tellement perdu. Sur tellement de mondes, dans tellement d’univers. Des civilisations entières, des cultures, et tant de mondes, tant de gens…

Ce n’est pas la première fois que Dick Grayson se retrouve ainsi à sentir le poids de ce vide, immense, incommensurable. Il est bien placé, lui qui a voyagé à travers l’espace, qui a connu tant de cultures d’autres mondes, qui a eu des extraterrestres parmi les personnes qui lui ont été les plus chères, parmi ses amis, ses alliés, ses ennemis… Très bien placé pour avoir une idée de combien nowhere est ridiculement minuscule. Combien il *manque*. Des pays. Des mondes. Des milliards et milliards d’individus perdus peut-être pour toujours dans l’immensité d’un cataclysme dont les survivants ne peuvent que tenter de concevoir l’ampleur. Leur insignifiance face à ce qu’il s’est passé, et ce qu’il reste, est terrifiante.

Mais ce n’est pas la première fois, non plus, que Dick se fustige de se laisser aller à ce sentiment. Le voilà qu’il se permet d’être triste, lui, pour un pays qu’il n’a jamais pu voir, alors même que les personnes à qui il venait de parler avaient sans doute perdu bien plus que lui. Bien entendu, Gotham et Bludheaven n’étaient plus. Mais des parties des villes de Nowhere, que ce soit dans The Heart et en moindre mesure à Nexus, étaient si familières pour lui qu’il aurait pu les confondre avec ces villes si précieuses à son cœur. Et plus encore, Dick savait la chance immense, le miracle qu’avait été de retrouver sa *famille*. Malgré tout ce qu’il avait perdu, tous ses amis, ses proches. Il les avait, eux. Alfred. Tim, Damian. Et… Bruce. Bien entendu Bruce. Batman. Toujours. Le retrouver, et retrouver le manoir, leur dynamique, avait fait disparaitre une grande part du dépaysement cruel qu’avait été son arrivée sur Nowhere. Et ne vous méprenez pas, malgré la désorientation, la perte, les questions, Dick avait été rapide à s’adapter. Comme il avait toujours appris à le faire. Il avait enquêté, cherché, et surtout, aidé. En tant que Robert Harron, son alias civil ici, dans les associations, les aides bénévoles, pour rassembler des familles éparses, aider les personnes désorientées par leur arrivée.
En tant que Nightwing, aussi, pour tenir à distance les malfrats et le crime qui n’avait pas attendu longtemps pour profiter de la confusion liée au chamboulement immense du collapse. Mais même s’il s’était impliqué, tant qu’il avait été si seul… ce n’était pas comparable. Avoir retrouvé les autres, avoir retrouvé Bruce… Avait éclairé Nowhere d’une tout autre façon. C’était… Enfin, quelque part, devenu sa maison. Pour de bon. Comme s’il lui avait manqué une partie si importante de lui-même jusque là pour réaliser à quel point c’était son univers, définitivement. Il n’y avait pas de retour en arrière possible, mais quelque part, c’était devenu moins lourd à porter. Plus facile de voir ce monde comme le sien. Et Dick Grayson, Nightwing, allait tout faire pour le protéger, et protéger ses habitants. C’est ce qu’il faisait de mieux. Et c’était ce à quoi il aspirait, encore plus maintenant.  




Il avait poursuivi sa patrouille, cette nuit-là, comme tant d’autres. Et le ciel commençait à peine à perdre un peu de son obscurité quand du coin de l’œil, à quelques bâtiments de là, il la vit.
Terminant son salto impeccable sur un des escaliers de secours d’un immeuble silencieux, Nightwing plissa les yeux, incertain de ce qui avait attiré son attention. Une lueur derrière une fenêtre, ça n’avait pas grand-chose d’anormal, mais son instinct avait allumé une alarme dans son crâne. Et il avait depuis longtemps apprit à faire confiance à son instinct.
Là, il la voyait de nouveau. Ce n’était pas une lumière fixe, et c’est sans doute ce qui avait attiré son attention. Plutôt une lampe de poche, ou la lueur d’un portable, tenu par quelqu’un qui se déplace. Une fois encore, en soit rien d’exceptionnel. Si ce n’est le mouvement agité, rapide de la lumière. C’est assez intrigant pour que Nightwing décide de se rapprocher, franchissant les quelques bâtiments qui le séparent de cette mystérieuse luciole pour se retrouver perché sur le toit de l’immeuble en face. Le vent froid de la nuit balaye ses cheveux, mais pas une seconde il ne perd de vue la lueur égarée. Quelque chose cloche. Un cambrioleur, même nerveux, serait plus prudent, méthodique, et éclairerait chaque pièce l’une après l’autre, à la recherche de quelque chose de valeur. Surtout que ce ne sont pas des appartements, où se joue le ballet de la petite veilleuse. Mais un immeuble de bureaux, fermé au milieu de la nuit. Un ou une employée tardive ne saurait justifier de la fébrilité avec laquelle la lueur passe de salle en salle. Butant, hésitant, éclairant souvent le sens opposé à sa direction de départ.
Non, ce que ça évoque à Nightwing, ce qui a éveillé son instinct avant même qu’il ne comprenne pourquoi, c’est que cette personne, cette lueur, fuit quelque chose, ou quelqu’un. C’est de la peur qu’il pense lire dans les mouvements erratiques, et s’il ne se trompe pas, le ou la porteuse de la lampe est effrayé, assez pour se presser, mais trop peur assuré de où se trouve ce qui la poursuit pour se précipiter.
En bref, c’est louche, et quelqu’un a potentiellement besoin d’aide. Dick n’en sait pas assez sur la situation pour sauter dans le tas, et ce n’est de toutes façons pas sa méthode favorite. Quelques sauts et acrobaties plus tard, un peu d’escalade, et un crochetage de fenêtre sécurisée qui n’a rien à envier au meilleur des cambrioleurs -et Dick a réellement apprit avec les meilleurs- Et Nightwing entre doucement dans l’un des openspace complètement silencieux. Il peut encore apercevoir par une porte donnant sur le couloir, le reflet de la lumière qui s’éloigne, son déplacement sans doute trop lointain pour qu’un bruit lui parvienne. Au moins, à défaut de ne pas essayer de ne pas être vu, la personne qui portait la lampe ne se faisait pas remarquer par un énorme vacarme. Nightwing ne pouvait pas encore repérer quoique ce soit qu’il ou elle voulait fuir, même avec les lentilles spéciales de son masque. C’est avec d’autant plus de prudence qu’il se permit à son tour de chasser cette lumière, se glissant sans le couloir après elle.

Un couloir, un open space traversé. Un autre. Dick ne peut s’empêcher de remarquer le côté un peu daté du matériel informatique, des bureaux. Comme s’il s’était soudain retrouvé plongé dans une série culte qui avait pris, sans que personne ne s’en rende compte avant la rediffusion de trop, quelques décennies dans le compteur.
Qui sait, avec les étrangetés de l’urbanisme forcé de Nowhere, cet immeuble datait peut-être de l’équivalent des années 2000 de son monde ? Voire…. Du siècle d’avant, s’il en croyait la pièce vide où il venait d’arriver, dans laquelle aucune trace de la lueur ne subsistait, mais dont les néons blafards ne laissaient aucune chance à la moquette moutarde de se camoufler. La moquette sur les *murs*.
Contrairement aux pièces précédentes, celle là était remarquablement vide, comme un hall entre plusieurs salles de réunions. Mais par la porte plus loin, entrouverte, Dick pouvait apercevoir le même genre de décoration. Tendance épurée mais moche, s’il devait le qualifier.
Avec un très, très mauvais pressentiment, il se retourna lentement, pour jeter un œil par la porte qu’il venait de franchir. Normalement, il aurait pu sans aucun problème retrouver sa route à travers le dédale de pièces qu’il avait parcouru en arrivant ici, même les yeux fermés. Normalement, aussi, il aurait dû y avoir derrière lui un couloir sans lampes, aux murs blancs, aux portes en verres fumées donnant sur une multitude de bureaux. Pas une pièce bien trop identique à celle dans laquelle il venait de rentrer, bien que de conformité différente. Lino moche au sol et moquette moutarde aux murs compris.

Oh non. Non, non, Dick avait entendu parler de cet endroit. Batman avait aussi des dossiers dessus. Ces endroits, même, parce qu’on pouvait à priori y entrer de bien des points de Nowhere, rarement volontairement, encore plus rarement deux fois du même point d’entrée. Mais ils semblaient tous connectés.
Un labyrinthe improbable, où se repérer devenait presque impossible, et dont sortir tenait de l’exploit. Et lui venait de s’y faire embarquer par une petite lumière vacillante dont il n’avait jamais vu le propriétaire, tel un voyageur imprudent à la poursuite d’un feu follet. Bien joué, vraiment.

D’expérience, il était très conscient que tenter de revenir sur ses pas ne pouvait que le perdre encore plus. Si aucune logique architecturale ne régissait ces lieux, il y avait fort à parier que s’obstiner à en suivre une ne pourrait qu’empirer les choses. Plus prudent encore à présent, il avança, pas à pas, vers ce qu’il estimait plutôt être le centre du bâtiment. Jusqu’à, enfin, entendre autre chose que ses propres pas. Aussitôt, il décida de regretter formellement cette nouvelle bande son.

De quelque part sur sa droite, des grognements gutturaux, rauques, se précisaient. Le plus silencieusement possible, Nightwing les suivit, longeant un mur qui avait perdu depuis un moment sa moquette affreuse pour se parer d’une peinture écaillée, vieillie.
Et au détour d’un croisement en T, il la vit. La créature. Humanoïde, au moins vaguement. Grande, à la peau squameuse et aux yeux jaunâtres, exorbités. Elle avançait à pas lents, semblant sans but, ses bras décharnés touchant presque le sol au-devant de sa silhouette voûtée. Dick n’aurait pu dire si elle pouvait se montrer agressive. Mais les longues griffes de ses… Allez, appelons-les des mains, et les crocs qui déformaient sa bouche, étaient un bon indice des dégâts qu’elle pouvait provoquer, si elle se décidait de l’être. Dick n’avait absolument aucune idée de ce qu’elle était. Une créature de Nowhere ? Un cauchemar issu d’une des mondes qui avaient fini par se recomposer ici ? A moins que ce ne soit le devenir des êtres égarés trop longtemps dans ces couloirs, atteints d’une étrange et terrible mutation…

Pour le moment, elle n’avait pas vu Nightwing, et sans raison de la déranger, et sans aucune envie de se faire prendre en chasse, il n’avait aucune intention que ça change. Pas plus que de rester dans ces couloirs, d’ailleurs. Si mutation il y avait, par un effet surnaturel, il voulait d’autant plus s’échapper, et vite.
Il allait reculer, reprendre le couloir en sens inverse, au moment où les pas en face le firent relever vivement la tête. Dans le couloir en face de lui, après l’intersection, perpendiculaire à l’endroit où se trouvait la bête, un homme venait de tourner, absolument inconscient du danger.
Le regard paniqué, Dick lui fit un signe rapide de ne plus bouger, espérant que l’homme comprenne et reste silencieux.

Dans l’autre couloir, hors de sa vue maintenant qu’il avait reculé un rien, le grognement sourd venait de brusquement s’arrêter.







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La curiosité est un mauvais défaut ! Parfois ça peut certes, être une bonne chose, mais il faut l'avouer, souvent ça vous cause des problèmes. Jean n'allait pas tarder à découvrir que sa curiosité pour ce bâtiment allait agiter sa journée de la bien pire des manières. Au début, il n'y avait rien à signaler, c'est un bâtiment relativement vide et calme. Ce dernier semblait même abandonné, inutilisé depuis déjà pas mal de temps. Si les couloirs étaient vide, il aperçu dans quelques pièces des meubles, le genre Scandinave aux noms imprononçables pour ne pas citer cette célèbre marque bleu et jaune. Si personne n'était venu ici pour faire du trafic à l'abri du regard, il manquait clairement quelque chose. Jean n'est pas un criminel, mais s'il devait le devenir, il faire un gros pari sur ce lieu. A croire que les malfrats ne sont pas si malin que ça où qu'ils n'ont pas connaissance des lieux.

Si les murs étaient d'un blanc immaculé, il fut surpris au détour d'un couloir de trouver un tableau de paysage représentant un lieu d'Afrique, c'était une jolie savane à l'herbe jaunis avec un arbre ou se trouvait une lionne en train de dormir. Plus loin, un peu plus monotone, la peinture d'une nature morte composée exclusivement d'aubergine. Voilà qui était fortement original, en général, on y trouve des coupes de fruits, des fleurs, pas juste le même légume... Les artistes sont souvent un peu bizarre, les comprendre c'est loin d'être facile.

Continuant son avancée, un bruit attira son attention, ça provenait d'une pièce verrouillée, il avait essayé de l'ouvrir, mais ne bougeait pas. Via la petite fenêtre de la porte, il remarqua sur le sol des jouets. Le bruit provenait d'une locomotive miniature qui tournait sur son circuit en rail. Ce pourrait-il finalement qu'il y ait quelqu'un ici ? Ça expliquerait les jouets et même les tableaux pour décorer, même s'il n'en avait vu que deux. Peut-être qu'il trouvera quelqu'un plus loin ?

Une fois de plus, il suit le couloir, ce dernier lui donnait l'impression d'être interminable. Même si l'immeuble avait l'air grand de l'extérieur, maintenant qu'il était dedans il ne trouvait plus ça logique. Inutile de se poser trop de question pour le moment. Kirstein continuait sa progression se demandant finalement si c'était vraiment une partie de plaisir de visiter cet endroit. Si au début, il trouvait ça sympa, là, il avait l'impression de tourner en rond et d'être perdu. Perdu ? Non, non, non ! Il ne peut pas être perdu ? Jean se retourna pour voir derrière lui. Ce long couloir, toujours là et identique aux restes. Demi-tour, faut partir, il n'y a rien ici. Sauf que la sortie ne semblait pas être là. Comment fuir d'un bâtiment qui semble être un labyrinthe ? Les tableaux, le train en jouet, s'il retrouve ça, ce sera un bon point de repaire ! Encore faut-il vraiment les trouver... Rien, encore rien ! Juste un dédale de couloir. Cela faisait quoi... plus de trente minutes qu'il tournait encore et encore à la recherche de la sortie. Est-ce qu'il ne serait pas en train de rêver ? Une question qui ne devrait pas avoir de réponse, jusqu'au détour de ce couloir. Lui qui pensait être seul aperçu une âme vivante. Hallelujah ! Sauf que l'expression de l'autre humain ressemblait à une mise en garde. D'ailleurs, c'était quoi ce bruit qu'il entendait ? Bruit qui prit fin rapidement. Habitué aux titans, Jean cessa de bouger et de respirer. Serait-ce possible qu'il y ait des titans ici ? Nan, c'était trop petit pour ce genre de monstre, hein ?! Quelque chose venant d'un autre couloir se rapprochait. Que devait-il faire, avancer, reculer, rester immobile ? Le mieux serait encore de rejoindre l'autre homme qui en savait peut-être plus que lui, même si ça lui demandait de se rapprocher du bruit. Longeant le mur, il était sur ses gardes prêts à réagir dans la seconde. Avant même qu'il n'arrive au croisement, une chose à l'allure humanoïde, mais à l'aspect qui semblait être en pleine mutation d'il ne sait trop quoi, arriva. Par chance, sa tête ne se tourna pas, elle regardait droit devant elle. Retenant sa respiration, Kirstein longea le mur pour passer derrière elle et traverser le couloir dans son dos. Faut surtout pas qu'elle tourne vers l'autre humain. Surement attiré par du bruit qu'il avait fait juste avant, la créature partie dans la direction d'où venait l'ancien soldat du bataillon d'exploration. Un véritable soulagement pour lui. Le plus doucement et silencieusement possible, il s'approcha de l'homme, mais avec méfiance, ne sait on jamais. Il aurait bien dit quelque chose, mais avec le truc bizarre pas loin, il n'osa pas ouvrir la bouche pour le moment, pas avant d'être sûr et certain que la chose ne fera pas demi tour. Son regard se voulait méfiant et interrogatif avec une petite œillade vers la chose qui s'éloignait, comme pour demander s'il savait quelque chose.

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Nigtwing suit des yeux la créature, alors qu’elle abat un immense main difforme sur le coin du mur d’un jaune douteux, pèse de tout son poids contre la paroi pour tourner à l’angle qui les fera disparaître à leur vue. Dick pense déceler un grincement des matériaux contraints, et les biceps de la… Chose se boursouflent de façon grotesque. Elle semble avoir une force prodigieuse dans ses bras démesurés. Et des griffes noires, énormes, auxquelles il valait mieux ne pas se frotter. Même avec la trousse de secours qu’il portait sur lui, et les antibiotiques à large spectre qui allaient avec, Dick n’était pas certain que ça suffirait à traiter des plaies même bénignes infligées par cette bestiole, le temps de trouver la sortie de cet endroit.
Un combat ne serait pas impossible, mais dans ces couloirs étroits, et avec un civil, c’est l’annonce d’une issue trop risquée.

Et parlons-en du civil. Avec un sang froid évident malgré la terreur qu’aurait pu engendrer chez la plupart des humains une rencontre pareille, il se glisse jusqu’à Dick, le pas sûr, silencieux. Il a dans sa façon de se déplacer ce quelque de particulier aux personnes qui ont reçu un entrainement. Sa retenue aussi, la façon qu’il avait de ne pas s’arrêter trop près du super-héros. Il cherchait des renseignements, un potentiel allié, pas son immédiate protection. Militaire, c’est la première chose qui vient à l’esprit de Dick. Ou affilié. Quelques forces spéciales d’un pays… D’un monde, un univers ou un autre, même. Dick a un petit signe de tête, tout aussi confiant, mais plus décontracté. Il agite la main, en quelques signes simples, qu’il espère assez universels pour être compris. Ils bougent d’ici, ils vont mettre de la distance entre eux et la créature. Le seul choix qu’il leur reste, si son compagnon d’infortune est aussi perdu que lui et a déjà exploré en vain la zone d’où il vient, tout comme Dick, c’est de se glisser par le couloir d’où venait leur disgracieux ami.

Tout en vérifiant que l’autre homme le suive bien, il se glisse, plus silencieux qu’une ombre, dans ce couloir jusqu’à retrouver une série de portes. De nouveaux des espèces de bureaux abandonnés. Plus vétustes encore que les précédents. Est-ce que d’une façon ou d’une autre, ils remontent le temps à travers les couloirs du bâtiment ? Dick n’en est pas certain, mais c’est une théorie à creuser. Un nouveau signe, à son compagnon et Nigtwing s’arrête devant une porte, l’ouvre lentement. Il inspecte l’intérieur, rapidement, avant de faire entrer le… Militaire, sans doute, et de fermer derrière eux. Il y a d’autres sorties aux quatre coins, des portes encore fermées pour le moment. C’est de nouveau un open space, grand, encombré de bureaux où trônent tout un festival d’objets personnels désuets abandonnés depuis longtemps. L’endroit pourrait être plus accueillant, mais il fera l’affaire le temps de faire connaissance un minimum avec son compagnon d’infortune. Ils vont pouvoir au moins échanger ce qu’ils savent, même si c’est à voix basse, et si, malgré son apparente décontraction, Dick ne gardait pas en permanence son attention sur toutes les potentielles entrées de la salle sans fenêtres. Et sur l’homme qui avec autant de maitrise, l’avait suivi jusque-là, aussi.

- Ça va nous gagner un peu de temps, si on reste discrets.

Aussi à l’aise que s’ils avaient été dans une chaude taverne médiévale, à partager une choppe à l’abri de l’averse après une aventure agitée, Nightwing sourit derrière son masque noir.

- J’ai l’impression qu’on est tous les deux embarqués dans une drôle de galère. A moins que vous ayez une idée d’où on est, et de plus important, s’il y a une sortie pas loin d’ici ?

Il demandait à tout hasard, sans vraiment y croire. L’homme, à qui il aimerait bien mettre un nom d’ailleurs, l’avait rejoint et suivit directement, sans chercher à lui ordonner lui-même une direction ou une marche à suivre. Mais il avait l’air efficace, ou au moins de le penser, et s’ils devaient s’aider à sortir de là, Dick était tout à fait enclin à faire le premier pas. Il tend sa main gantée de noir, avec confiance, et se présente en premier. La voix toujours basse, mais assurée.

- Je suis Nightwing. Je fais partie des Vigilante de The Hearts. Certains disent super héros, mais c’est un peu ronflant, non ? Et J’ai l’impression qu’on est là un petit moment, parce que je ne sais pas vous, mais la sortie semble me fuit. Mais bon, "L'avenir, c'est ce qu'on a inventé de mieux pour gâcher le présent." Je suis déjà plutôt heureux d’avoir trouvé quelqu’un dans ce dédale.

Un regard un peu dubitatif à la porte par laquelle ils sont entrés, et il rajoute, en arrière pensée.

- Quelqu’un de sentient, en tous cas.





Liste C : 20 points : agiter, biceps, averse, festival, jaune, taverne, peser, annonce, antibiotiques, particulier
Phrase à placer dans un rp : "L'avenir, c'est ce qu'on a inventé de mieux pour gâcher le présent." - 10 points.

Ils ne sont pas, en vérité, énormément avancés à discuter dans cette salle poussiéreuse. Dick garde un œil sur son compagnon d’infortune, même s’il observe de temps en temps les potentielles entrées de la salle. Par habitude, par entrainement. On ne se laisse pas surprendre, même par un potentiel allié. On ne se laisse surtout pas attaquer quand on a quelqu’un à protéger. Mais quelque chose disait à Dick que ce Jean, donc, n’avait pas tendance à se laisser surprendre non plus. A part un peu de tension, il est calme, et ne semble pas céder à une peur ou colère irrationnelle. Ou même être impressionné par le statut de Nightwing, ce qui paradoxalement, est plutôt un bon point. Déjà, parce qu’il a assez confiance en lui-même pour ne pas s’en remettre entièrement au premier idiot en costume venu. Qu’il trouve ridicule ou non les Super-Héros, Jean n’en fait pas grand cas, et va directement aux questions concrètes. Ça va leur permettre sans doute de travailler ensemble, et c’est une bonne nouvelle, parce qu’ils risquent d’avoir du mal à sortir d’ici, si Dick a raison sur sa théorie.

- Et bien Jean, enchanté, si je peux dire. Ce n’est pas le meilleur endroit pour rencontrer qui que ce soit, j’en ai peur.

C’est peu de le dire. Au mieux la salle où ils se trouvent est ennuyeuse. Mais l’immobilité dans laquelle elle se trouve, l’agencement de ces bureaux aux appareils depuis longtemps dépassés, lui donne quelque chose d’un peu morbide. Et ce n’est rien face à ce qu’il leur reste à découvrir.

- Je crois savoir où on se trouve, en réalité. Et si je ne me trompe pas, je vous y précède d’au moins une bonne heure. Ce qui aurait dû me faire sortir du bâtiment d’une façon ou d’une autre, depuis. Ou au minimum atteindre un mur extérieur, de par la conformation du quartier. Les dimensions intérieures dépassent celles extérieures, et ce n’est pas la meilleure nouvelle, croyez-moi.

Dick a une grimace de sympathie, et se lance dans une explication rapide, concise. Ils sont dans les Entrelieux. Il en a entendu parler sans avoir eu le temps de tout étudier sur le sujet. On y rentre souvent par erreur. En sortir est bien plus difficile. C’est tout un complexe de salles, immeubles, entremêlés, avec des incohérences dimensionnelles, qui peuvent être dues soit à la création même de Nowhere, soit à une espèce de résurgence de mémoire collective traumatique, soit encore à de la magie qui aurait mal tourné, ou à un espace virtuel seulement partiellement implanté dans le monde réel. Ça faisait beaucoup d’hypothèses, et trop peu de certitudes, il en était conscient.

- Il y a un groupe organisé qui cherche les égarés dans les Entrelieux. Qui connaissent une petite partie des chemins stables pour en ressortir. Mais je ne suis sans doute pas encore recherché, à l’heure qu’il est, et si ce n’est pas le cas pour vous non plus, on…

C’est comme une alarme, au début. Strident, lointain, continu. Mais le grondement guttural qui s’y mêle enlève tout doute : Ce qui a interrompu Nightwing, c’est le cri d’une créature qu’il ne saurait pas reconnaître. Après un silence d’une seconde ou deux, il se redresse de la table où il était appuyé, tranquillement.

- Comme je le disais, on n’a peut-être pas le temps d’attendre qu’on vienne nous chercher. On risque de se faire débusquer par… La faune locale, dont on ne sait pas encore grand-chose.

En quelques pas, il se rapproche du fond de la salle, vers une porte dans la direction de laquelle est venu le cri. Bon. Soit il y a de l’écho, soit ce qui a crié a des copains. Nightwing revient vers Jean, d’un pas décidé.

- On a pas mille options, et toutes ont des risques. On peut attendre ici, d’être localisés. J’ai des appareils qui le permettraient, mais vu qu’on est dans une dimension parallèle imbriquée, ce n’est pas dit que ça fonctionne. Ou on peut avancer, en laissant des signes de notre passage. Ça peut aider les équipes de recherches. Mais on ne sait pas le niveau d’intelligence de ce qui se planque ici, et s’ils pourraient nous pister.

Dick réajuste ses protections de poignées, vérifie le fonctionnement de ses équipements de survie. Pour le moment, rien n’a été perturbé, à part son contact avec l’extérieur. Bien.

- Donc ce que je propose, c’est avancer par nous-même. C’est risqué, mais je pense moins que d’attendre de se faire dévorer sur place. Tant qu’on peut, on évite les… Formes de vie non humaines qui trainent ici. Et on cherche un passage vers l’extérieur. Une trappe, une fenêtre. Même sans échelle ou escalier, à partir du moment où on voit au dehors, je peux nous sortir sans risque.

Il se permet un sourire, assuré, décidé. Ce n’est pas la plus simple des missions, mais il a de nombreuses fois affronté pire, et il n’a aucune raison de paniquer, encore moins d’inquiéter pour rien son compagnons.

- Qu’est ce que vous en dites, vous êtes prêt ?

- Je suis d’accord, le mieux est de bouger d’ici.

Avec un hochement de tête pour souligner son approbation, Dick se glisse dans le couloir derrière Jean. Ils ont décidé de se faire confiance, il n’a pas de raison de ne pas le suivre, de se placer en leader dont Jean devrait suivre les directives, surtout que ni l’un ni l’autre ne savent où ils vont. A voix basse, mais toujours du ton amical dont il ne se départit pas, Dick renchérit sur sa réflexion sur les armes. Elle est loin d’être dénuée de sens. Vu ce qui les attend dans ces couloirs, il vaut mieux qu’ils soient tous les deux prêts à réagir.

-          Je ne sais pas ce qui vous est familier comme armement, et les armes à feu, ce n’est pas mon domaine. Mais j’ai quelques trucs qui pourraient se révéler utile, au besoin.

Nightwing sort un de ses bâtons d’escrime rétractable, le déplie, montre la commande qui permet de l’électrifier. Si Jean en a besoin, s’ils doivent venir au contact, il sera au moins équipé de quelque chose de plus efficace que ses mains nues. Il lui confie aussi un de ses wing-dings, un espèce de shuriken qui a la même forme que le symbole qu’il porte à la ceinture. Ils sont bien assez acérés pour servir de coutelas, au besoin.

- J’ai aussi quelques projectiles de jets. Et mes grappins suffiront à nous faire descendre d’ici. A partir du moment où on pourra trouver une fenêtre, bien entendu… Ou un mur dont on est certain qu’il donne vers l’extérieur.

Il se doute que pour Jean, qu’il soupçonne de plus en plus d’avoir fait partie d’un corps d’armée, c’est moins rassurant que d’avoir en main un fusil, ou n’importe quel coutelas militaire ou arme à feu. Et sa réflexion sur la tenue de Nightwing le conforte dans cette idée. Ça le fait sourire aussi, que son compagnon d’infortune pense immédiatement à un uniforme plutôt qu’à une individualité

- Ce n’est pas vraiment un uniforme, pas dans le sens où vous pouvez l’entendre : Il n’y a qu’un seul Nightwing, et je suis le seul à porter cette tenue. Mais c’est assez renforcé pour en avoir les avantages. Disons que… C’est à la fois une protection de mon identité. Et un symbole.

En tous cas, ça l’a été dans son monde d’origine. Comme Robin. Comme Batman. Comme les couleurs si reconnaissables de Superman, et de tous les autres. C’est un peu différent, sur Nowhere, où beaucoup cherchent encore leurs marques. Mais Dick a l’espoir de pouvoir aider les gens ici aussi.

- Et de votre côté ? Vous avez une formation, martiale, si je ne me trompe pas.

Tout en parlant à voix basse, ils passent un ou deux embranchements, s’éloignant chaque fois de la source de bruits peu rassurants le plus possible. Débouchent soudain dans une espèce de hall, avec un guichet, ce qui coupe court à toute conversation, si basse soit-elle. Tous deux se figent, immédiatement. Il a un homme dans le hall, quelques mètres devant, leur tournant le dos. Il prend un ticket poinçonné sur une pile devant lui, le tamponne, le repose, recommence. Les gestes sont précis, on les dirait nés de l’habitude. Et ce serait rassurant de trouver enfin une personne autre qu’eux deux, égarés, dans ce labyrinthe. Si la personne devant eux n’était pas si décalée, dans ce décor terne. Si le costume du guichetier n’était pas atrocement daté, plus encore que les meubles et la décoration qui les entourent. Même sa couleur est un peu étrange, comme décalée, comme une imitation. Et il y a autre chose. Dick met une seconde de trop à comprendre ce qui le gêne autant. L’immobilité absolue de l’homme, en dehors de son bras qui tri les tickets. Ça n’entraine pas un mouvement dans son dos. Il n’y a pas trace de respiration. Ce qui est devant eux n’est PAS humain, ou alors ne l’est plus. Sans un bruit, Dick fait signe à Jean. Ils doivent reculer. Ils doivent trouver une autre route, ce sera plus simple que de se confronter à ce qui peut être devant eux, vu qu’ils ne savent même pas si ce chemin les mènerait à la sortie. Pour le moment, le guichetier ne semble pas avoir réagi à leur présence, et si ça peut continuer comme ça…

Dick fait un pas en arrière. Un seul, sans un bruissement, sans que ses bottes souples ne trahisse un seul son sur le carrelage dépoli. Il ne saura pas ce qui a alerté le guichetier. Leur respiration. Ou le mouvement lui-même, ou s’il est capable de détecter leur chaleur, leur présence.
Mais l’être se retourne. Et vraiment, Dick aurait très bien vécu sans avoir à regarder de face la créature à quelques mètres d’eux ; Il n’y a plus à se poser la question de si c’est un humain ou pas : la tête se tourne vers eux, et les regarde. Enfin, sans doute qu’il les regarde, parce qu’il n’existe pas d’yeux dans ce visage de cauchemar. A leur place deux trous noirs, grands et insondables. Et quand la bouche s’ouvre, c’est vers le même abîme terrifiant. En un râle assourdissant, la créature aspire, avec un son qui se répercute jusque dans leurs os. Comme si elle voulait les attirer à elle, aspirer l’essence même de ce qu’ils étaient. Ok, Nightwing en a vu. Il a combattu son lot de monstres, de zombies même. Il a été victime bien trop de fois du poison de l’épouvantail, arrachant les pires peurs à toute personne qui y est confronté. Ça ne l’empêche pas une demi seconde de frissonner, devant l’horreur improbable qui leur fait face. PIRE, dans leur dos, les cris des monstres dont ils font tout pour éviter la route semblent répondre au son, criant de nouveau. Comme si le guichetier des enfers les avaient prévenu, et appelés…