Issue du Chaos originel [PV Hypnos]

Le souffle d'Hypnos est en apesanteur et pourtant il s'accroche aux apparences de tout son soûl. Il ferme les yeux lorsque son ami lui tartine le minois avec il n'ose même pas deviner quelle aberration cosmétique - il ne doit y avoir aucune balance dans les couleurs! Ah, on s'attache au futile pour dédramatiser.
Ses poings sont crispés dans le hors-champ, sous l'effet de la concentration et de la panique refoulée.
Qui menace de ressortir lorsque sa pupille fébrile - et finalement trop curieuse - croise, dans son tchat, une question piquante suivie d'une injure homophobe particulièrement fleurie.
Malgré la brutalité de ses manières et sa main lourde c'était un miracle que Vaas se prête à cette mise en scène tirée du chapeau, le Sommeil redoute que ces commentaires puissent représenter la poudre à canon qu'il manquait pour provoquer une détonation.
Parce qu'il a bien vu que le sujet avait fait l'objet d'une longue et coléreuse délibération chez Vaas, qu'il y avait du viscéral. Peut-être avait-il accepté de jouer par reconnaissance?
Hypnos comprend que personne ne serait ravi d'être nommé son "boyfriend" contre son gré et il est également conscient que l'homoromantisme n'est pas une évidence dans toutes les mœurs. On lui a déjà reproché d'être trop relativiste.
« Tu vovio, hein ? » Cette demande lui avait provoqué un pic au cœur sans qu'il en comprenne bien la profondeur, un pied de chaque côté de la faille, entre volonté d'y répondre par l'affirmative et constat de la précocité - voir de l'immaturité - de ce dans quoi Hypnos sautait. Le brun l'avait exhalée avec ce qu'il identifiait comme de l'incrédulité révulsée. Un instant le bouclé s'est demandé s'il allait ou non recevoir un coup sans penser à s'en défendre. Finalement Vaas avec accepté, sûrement à contrecœur ou dans la fièvre de l'expérimentation.
Hypnos craint qu'il se sente profondément ramené à ça par le commentaire. A une image qui le... dégoûterait?
Le Sommeil aimerait se raccrocher à son tchat pour retrouver de l'adhésion mais il a peur de ce qu'il pourrait y lire, encore du rejet ou de l'inquiétude à son égard qu'il ne saura pas bien contredire.
L'important c'est que Vaas se tienne le plus tranquille possible, qu'il noie le poisson, que la diffusion soit arrêtée sans effusions. Alors il le laisse faire sur sa bouille poudrée de blanc et d'or.
Mais Hypnos a bien remarqué autre chose : Vaas est avide de mise en scène, il veut capter l'attention et s'enfièvre lorsqu'il la perd, il n'hésite pas à jouer la provocation et l'intimidation pour la garder. Lorsqu'il la possède Vaas explique des choses qui semblent décousues mais qui doivent... ëtre révélatrices. Un réflexe défensif? Une volonté incandescente de se faire comprendre? De s'imposer?
Peut-être est-ce, finalement, pour ça qu'il a accepté ce challenge?
Hypnos peut comprendre d'une certaine manière, sans aller jusqu'à avoir l'audace  nécessaire à réquisitionner activement l'attention - lui était plutôt du genre opportuniste - une bonne partie de sa vie a été allouée à la recherche d'une compagnie, d'une audience, d'un endroit où s'exprimer et exister.
Mais le brun est plus énervé que lui après la vie et les vivants.
La définition de la folie revient et c'est exactement la même que celle qu'il lui a servie plus tôt - c'est curieux de l'entendre marteler ça, il décrie la répétition tout en l'utilisant comme un argument massue. Est-ce qu'il se parle... A lui-même? Est-ce que sa vie, comme celle du Sommeil au fond, n'a été qu'une boucle éternelle? Si tel est le cas... Contre qui cette colère sans fond, ni début ni fin, est-elle réellement tournée?
Le streamer se creuse les méninges et c'est sûrement pour essayer de résoudre la tempête en gestation, temporiser. Ses yeux dorés fixent d'ailleurs Vaas en formant une presque supplique inquiète.
Le mouvement d'humeur fait sursauter et hoqueter Hypnos qui abaisse des yeux égarés vers sa moquette, jusque là, impeccable. Son visage se secoue à la négative et ses lèvres sont pincées pour retenir une exclamation réflexe.
« Réécris ça, SUCEUR DE QUEUE !... » L'insulte, dirigée vers son viewer, le met extrêmement mal à l'aise et son ardeur autant que sa nature lui font également mal. Pourquoi est-ce si insupportable à ses yeux? Le relativisme ne bouche pas tous les trous. L'ironie dans les propos de son presque-ami continue de l'atteindre. Une fois encore... Vaas invective les autres pour ce qu'il vient tout juste de faire lui-même. Oui c'est blessant. Rétorque Hypnos sans avoir anticipé de le faire et son ton exprime un reproche timide.
Il ne peut pas se laisser faire sur toute la ligne ou donner une mauvaise image à sa communauté, ni même laisser son presque-ami nourrir ou représenter cette image - au cas où il pourrait le regretter plus tard.
Et, au moins autant important, il ne peut pas se permettre de risquer que Vaas soit reconnu par ses agresseurs - ce qui davantage possible à chaque seconde! Alors il prend son peu de courage à deux mains et l'utilise pour dégaine un large et tendre sourire à la caméra - qu'il rabat complètement vers lui au risque, conscientisé, de s'attirer davantage les foudres du brun. C'est sûrement ce que Zagreus aurait fait? Superbe prestation tu ne trouves pas chère audience? Je souhaite remercier mon ami et son ~incroyable~ acting! On voulait vraiment restituer ce qu'était uh, la violence sur Internet en la rendant plus, vous voyez, matérielle. Je suis convaincu que personne n'a envie de normaliser ça! Et certainement pas des comportements effroyablement toxiques. N'oubliez pas : aimer, qui que ce soit, c'est magnifique! Il est semi-conscient d'être parfaitement ridicule avec le visage boursouflé de strates irrégulièrement peintes. Nous allons devoir couper notre impro pour aujourd'hui! ça toque à la porte ahaha, je crois qu'on a été un peu trop crédibles! Porte toi bien chère audience! Qu'il minaude en agrégeant tout le courage nécessaire. Il doit essayer deux fois avant de parvenir à couper la diffusion.
Et, là, la peur le glace comme un parfait imbécile sur sa chaise. Ses mains se rabattent sur ses cuisses. Il n'ose pas confronter Vaas du regard. Tu es un vrai showman! Désolé de t'avoir coupé le micro... J'avais l'impression que ça devenait trop, uh, personnel. Vraiment désolé... Mais quand je t'entends t'énerver comme ça j'ai l'impression que tu gères pas tout et que... C'est après toi-même que tu es le plus fâché.

Hypnos ne sait pas comment réagir à la rage. S'il a déjà été la cible de certains de ses javelots aucun d'entre eux n'avait eu cette puissance dévastée et, à chaque fois, la colère le délaissait en finissant par empaler quelqu'un d'autre... qui était jugé, certainement, plus mature que lui et conséquemment plus responsable de la situation. Il se rappelle comment le Seigneur Hadès avait réprimandé Zagreus lorsque ce dernier avait demandé au Sommeil de s'abattre sur la Maison et qu'Hypnos s'y était prêté gracieusement, peut-être même malicieusement. Le bouclé n'avait pas été châtié, jugé inapte à prendre quelconque décision fusse t-elle mauvaise à part en étant utilisé. Pourtant il savait ce que son prince ambitionnait de faire.
Comme s'il n'était pas un protagoniste. Pas vu. Ne nous méprenons-pas : sur le moment il était très satisfait d'échapper à la vindicte d'Hadès mais, même sans recul, il savait qu'il ne voulait pas voir Zagreus payer pour deux.
La scène lui apparait donc surréaliste. Il en oublierait presque d'avoir peur tant ses paupières clignent et ponctuent sa difficulté à trouver la réponse. Vaas lui envoie une colère sans précédent.
Et son empathie, déboussolée, lui picore le ventre. Les mots hurlés entre deux massacres de son mobilier confirment des schèmes, pourtant prédis, sans que les connexions soient instantanément finalisées. C'est toujours l'ampleur de l'émotion qui lui est destinée qui le fige dans le marasme. Regarde moi. REGARDE MOI !
Vaas veut-il vraiment et à ce point qu'Hypnos le regarde?
C'est la toute première fois que le Sommeil suscite chez quelqu'un un pareil besoin et une pareille émotion, même mauvaise. Mais le Sommeil qui n'a jamais connu que l'Enfer comme foyer et pour qui la Mort elle-même était à la fois un frère et son travail rébarbatif, sa boucle banalisée, ne parvient pas à retenir le mauvais autrement que parce qu'il se sent coupable de la douleur qu'exprime Vaas. Le brun hurle et s'est senti muselé.
Le Sommeil aurait pu s'indigner concernant ce matériel difficilement gagné, son gagne-pain, utilisés comme défouloir... Mais ce n'est que matériel, cela ne représente que du temps éveillé. Une denrée à la fois rare dans son cas et infinie, toujours dans son cas.
Hypnos peut comprendre ce que cela fait d'avoir une voix assourdie par le cours du monde - sans comprendre à quel point le parallèle relie des mondes et des règles intrinsèquement différents.
Lorsque le dos de Vaas - nervé par une respiration grondante - se braque dans son champ de vision, Hypnos constate que ses mains se sont superposées sur ses lèvres asséchées, sûrement pour retenir un quelque chose de tremblant - car, oui, elles tremblent. Comme sa cage thoracique le fait.
Il n'attendait pas le marchandage qui s'en suit. Il ne bouge toujours pas de sa chaise, frappé par une stupeur plus grande encore que la précédente. Comment a-t-il pu lui faire un mal pareil ? Suffisant à courber l'échine de Vaas - alors qu'il aboyait sa rage d'en découdre jusqu'à être vu ?
Est-ce que c'est toujours ça ? Est-ce qu'il veut être vu à n'importe quel prix ? Est-ce ça sa souffrance ? Son refus de la vie ?
Le Sommeil se redresse sur des jambes incertaines, qui risquent de ne pas le porter longtemps, alors il chavire dans une flottaison de quelques centimètres de haut. Sa voix est autant indécise. Je ne voulais pas voler ton image... Je sais ce que c'est de ne pas avoir le droit, uh, à la parole? J'ai quasiment toujours eu l'impression d'être, tu vois, invisible? J'avais peur oui maispasdecequetucrois! Précise t-il à la hâte, anxieux, en agitant les mains devant son torse battant. J'avais peur primo : que ceux qui t'ont attaqués puissent te localiser et deuxio que tu puisses regretter d'avoir streamé, dans ce contexte, avec moi, sur un coup de tête... J'ai eu, uh, l'impression que ce challenge te mettait un peu de... travers? Généralement les gens n'ont pas, forcément, envie d'être... Mon petit ami? Enfin pas que la situation se soit souvent produite! Tous ses mots sont dit à la vitesse de l'éclair parce qu'il ne sait pas que dire mais qu'il sait pertinemment ce qu'il a envie de faire. J'imagine que tu as réagi pour une raison...et ça m'importe, d'accord? Je voudrais... Comprendre.
Hypnos se laisse choir contre sa moquette lourdement tâchée et se met à genoux. Il n'arrive qu'à le regarder via une œillade de côté. C'est la première fois de toute mon éternité que quelqu'un... ahah me donne l'importance que tu me donnes. Je suis désolé de... t'avoir fait du mal? Tant pis pour les conséquences car le besoin est trop impératif. Hypnos se vautre dans une embrassade et enlace les épaules de Vaas comme s'il était une peluche à taille humaine. J'ai moins envie d'un pactole que de manger ces trucs dont j'ai oublié le nom avec... toi.