Notre histoire commence loin, très loin, de cette microscopique planète bleue. Flatland était l'allégorie de l'insipide, un monde en deux dimensions peuplé par des figures géométriques complètement bornées par la platitude ambiante : tout y était d'un ennui
mortel et proche du révoltant. Les figures était comme dépourvues de conscience et acceptaient, alors, fort bien d'être sévèrement hiérarchisées et de révérer des coutumes rigides. Bill était prodigieusement à contre-courant. Depuis toujours. Grâce à des recherches d'avant-garde il parvint à offrir à son monde plus de reliefs (et à s'offrir un terrain de jeu plus volumineux) ; à transformer l'ordre outrancier en déversoir pour le chaos. A ses yeux il libéra sa réalité.
Ses pairs crièrent à l'hérésie (et finirent pas crier tout court, mais ça ne dura pas
si longtemps). Tout fut emporté dans une spirale de désordre physique et métaphysique. Lorsque son monde d'origine fut dilapidé dans un flot de singularités ardentes, carbonisé, Bill regarda sans en perdre une miette. Bien qu'il ait, dans la manœuvre, perdu toutes les personnes qui furent ses proches ou sa famille.
Cet univers s'effondrant sur lui-même forma une nappe énergétique instable, ondulante et nomade entre les diverses réalités - Bill en tira parti et s'auto-proclama souverain de ce bac à sables qui allait devenir la réalité des cauchemars.
Malheureusement cette réalité s'avéra trop inconsistante et trop labile pour pérenniser car elle était dépourvue de lois qu'elles quelles soient, y compris de lois physiques stables et non paradoxales. Elle était condamnée à n'exister que dans l'immatériel et à s'effondrer à son tour un jour.
Après avoir entendu une prophétie disant qu'il réunirait la troisième dimension, matérielle, avec la celle des cauchemars Bill commença à se rapprocher de l'humanité.
Impossible pour Bill de présider au monde physique car il ne pouvait l'atteindre que par un chemin détourné ; les consciences endormies, le psychisme d'un être de matière. C'est ainsi qu'il commença à parasiter des vaisseaux.
Ses interventions séditieuses, ses murmures à des endormis notoires, influencèrent l'histoire humaine.
Ses premières cibles furent les natifs d'une petite bourgade, Gravity Falls, qui agglomérait déjà avant sa venue des anomalies croustillantes. Il pénétra le sommeil d'un chaman local duquel il parvint à obtenir la création du premier portail vers la dimension des cauchemars - mais l'opération fut tout sauf un franc succès et le pauvre bougre finit par mettre fin à ses jours dans l'
ennuyeux espoir de mettre en garde sa communauté et les futures qui allaient fouler ces terres. Les natifs comprirent et, après avoir laissé leurs mots de prévention peints dans la pierre, évacuèrent la zone qu'il considérèrent maudite. Gravity Falls ne fut redécouverte que bien plus tard.
Le démon manipula des puissants de l'Egypte ancienne dans le même but mais, cette fois-ci, le portail ne fonctionna qu'une dizaine de minutes et se contenta de recracher une forme de vie mineure du royaume des cauchemars. Furieux, Bill les tourmenta avec des cauchemars et les infortunés érigèrent des constructions gigantesques en son honneur, dans l'espoir de le faire cesser.
Bill souffla des secrets à George Washington de sorte à ce qu'il vainque les Britanniques cependant le portail à vapeur qu'il lui dicta de construire ne fut pas plus une réussite. Washington ordonna à ce que le démon apparaisse sur le dollar américain pour apaiser son courroux.
A la fin du vingtième siècle se joua une rencontre déterminante. Un jeune scientifique, Stanford Pines, eut le cran de défier toutes les mises en garde et d'invoquer Bill directement dans son espace mental. Le démon comprit immédiatement qu'il avait devant lui l'homme le plus brillant qu'il lui ait été donné de manipuler, il mesura aussi ses évidentes et
arrangeantes carences affectives. Alors il prétendit lui offrir exactement ce que Ford souhaitait ; l'avancée significative de ses recherches et un partenariat avec un ami qui le comprendrait et comprendrait ses fascinations. Bill avait conscience, tirait évidemment bénéfice, de la vénération que lui vouait son ami. Il en profita, contrairement aux fois précédentes, pour participer activement aux recherches en feignant une espèce de partenariat scientifique - la chance était trop prometteuse. Bill avait convaincu Ford sans difficultés, ils partageaient le même corps à loisir. Il révéla de nombreux secrets à Ford, lui expliqua que les anomalies de la ville était dues à sa position sur un plan à la jonction crevassée des dimensions.
Malheureusement Stanford finit par découvrir ses réelles intentions et, avec elles, sa petite trahison. Le scientifique souhaita tracer un trait sur ses recherches et avant que Bill ne parvienne à l'en dissuader celui-ci se trouva accidentellement aspiré on-ne-sait-où par le portail. Privé de son humain de compagnie, Bill n'avait plus accès au monde matériel et devait presque tout reprendre de zéro. Il ne quitta jamais Gravity Falls de l'œil et fut finalement réinvoqué par Gideon Gleeful.
Même sans le concours
volontaire d'un Ford de retour parmi les terriens, Bill arriva à son but. Avant que tout ne s'effondre suite à une inqualifiable fourberie de la part de ses adversaires - vraiment, c'était rude.
Mais ce n'était visiblement pas la fin, l'univers semble aussi facétieux que lui.
Depuis son arrivée en ville Bill est piégé dans un corps humain effroyablement étroit, contraint à la découverte d'incommodités et d'embarras dont il se serait bien gardé. Ses pouvoirs sont bridés et il cherche activement à les récupérer.
Une fois encore (re)trouver Ford aura été une aubaine. A ses côtés ils travaillent dans un laboratoire de recherche.