John Constantine ✦ Hellblazer

[Trigger Warning : Mort, maltraitance d’enfant, alcoolisme, pédophilie]

La mort. Plus que quiconque, John Constantine a toujours eu conscience qu’elle faisait parti de la vie. Ironique, n’est-ce pas ? Pourtant, elle est toujours là. A chaque recoin de son existence, dans chacun de ses détails. La sienne, et celle des autres. Et malheureusement, bien souvent, bien avant l’heure prévue. Mais peut-être faudrait-il commencer par le début.

Le début, et la culpabilité, dès sa naissance, à Liverpool. Un frère jumeau mort in utero, dont on dira qu’il a été étranglé par le cordon ombilical de John. Et une mère qui, fragilisée par un avortement violent précédent la naissance de son fils, meurt en lui donnant naissance. Des premières heures de vie particulièrement compliqués et qui devaient donner le tempo à tout le reste de son existence. Déjà, car son père, s’il aurait pu encaisser la tristesse de la perte d’un enfant, ne s’est jamais remis de celle de sa femme, tant et si bien qu’il sombre rapidement dans l’alcoolisme et vouera dès lors une haine éternelle à John. Ensuite, car elle a permis à John de se forger un rapport à la mort bien différent de celui qu’ont pu avoir tous les autres enfants. Mais John n’a jamais été comme les autres enfants. Il subit, pendant des années, la colère de son père, tant et si bien que lui et sa grande sœur sont envoyés quelques temps vivre chez leur oncle et leur tante quand ce dernier est envoyé en prison pour vol. Des événements qui le forcent à grandir vite, trop vite, couplé à un don qu’il ne comprend pas et qui le pousse à en apprendre plus sur la magie. Car John descend d’une très ancienne lignée d’adepte des arts occultes et, très jeune, il comprend que cela peut lui servir. Il n’est pas majeur, quand il effectue son premier rituel, en réponse au comportement de son père : il enferme magiquement son innocence et sa vulnérabilité d’enfant pour ne plus jamais avoir à subir. Peu de temps après, John finira par s’enfuir pour Londres, alors qu’une malédiction mal formulée rendra son père frêle et fragile ; ce jour-là, John aurait bien pu le tuer.

A Londres, John , dont la seconde passion est la musique, s’installe dans une chambre un peu minable qu’il partagera avec Chas Chandler. Les deux hommes deviennent vite amis et, ensemble, ils montent un groupe de punk rock qui connaît rapidement un certain succès. Un succès qui leur permet de produire un premier album et de partir en tournée dans tout le pays. Une tournée qui, une fois de plus, marquera un tournant dans on existence. Mais pas celui attendu. Pas après Newcastle. Longtemps, ces événements le hanteront, si bien qu’aujourd’hui encore, il n’en parle que très peu, voire jamais. Parce qu’il aurait pu éviter tout cela. S’il avait mieux fait les choses, il aurait pu les sauver. La sauver. Mais John était encore jeune, naïf et encore plus plein d’arrogance qu’il ne l’est aujourd’hui. Et son attitude a scellé le sort d’Astra. Astra ? C’était une petite fille, celle du gérant du club dans lequel John et son groupe devaient se produire. Une petite fille soumise, John l’apprendra par hasard, au bon vouloir de son père, qui en avait fait sa victime, la soumettant aux orgies sataniques d’un groupe de prédateurs qu’il appelait ses amis. Astra, c’était cette enfant à l’esprit si abîmé qu’elle en était venue inconsciemment à invoquer un monstre pour se venger. Et c’est là que Constantine intervient. Persuadé de pouvoir gérer la situation, de pouvoir venir à bout de ce monstre avant qu’il ne s’en prenne à des innocents, John, fort de ses quelques premières expériences pourtant hasardeuses en magie, parvient à convaincre ses amis de l’aider à invoquer un démon. Oh, le rituel réussi bien, oui. Mais le démon, dont John ne parvient pas à prendre le contrôle, commet un véritable massacre dans le club et, quand John parvient enfin à le maîtriser, emporte avec lui la petite Astra en enfer. Plus tard, John devait apprendre qu’il avait eu à faire au démon Nergal. Un démon dont, malheureusement, Constantine devra ensuite recroiser la route à de nombreuses reprises.

D’abord considéré comme suspect dans la mort d’Astra, Constantine passe de nombreux mois enfermé à l’asile Ravenscar, dont il parvient à sortir après avoir vaincu des forces démoniques qui hantaient les lieux. Mais ces cauchemars, eux, ne le quittent pas pendant de nombreuses années ; jusqu’à ce qu’il aide Morpheus, the Sandman, à retrouver son sable magique et que ce dernier ne l’en délivre enfin. Les autres membres du groupe sont également profondément marqués par les événements et, si ce n’est Chas, les relations avec John sont alors largement distendues.

Pendant des années, John quitte le Royaume-Unis, rencontre d’autres pratiquants des arts occultes. Il ne s’arrête vraiment nulle part, un temps à New-York, l’autre à San Francisco. Il combat, surtout, les expéditions démoniaques qu’il rencontre sur sa route, usant un peu plus sa propre force vitale au fur et à mesure, mais refusant de laisser les démons s’installer dans son monde. Il rencontre nombre de personnes sur son chemin. En perd encore plus. Gary, Franck, Emma, Benjamin… Toujours, suite à des décisions de John. Toujours par sa faute. Et pourtant, il continue. Parce qu’il sait que malgré leur mort, il en sauve tant d’autres à côté. Parce qu’il se refuse à laisser gagner l’enfer. Tant et si bien qu’il finit par intégrer la Dark Justice League, aux côtés d’autres pratiquant des arts occultes avec qui il se lie d’amitié presque malgré lui. Pendant de la Justice League of America pour des affaires plus occultes et touchant particulièrement à la magie, il a l’occasion d’y travailler avec Jason Blood, Deadman, Batman, même l’irascible Docteur Fate ou encore Zatanna. Longtemps, il aura une relation avec cette dernière et il sait que, dans au moins une réalité parallèle, il est marié à la jeune femme avec qui il a fondé une famille. Mais ce n’est pas le destin de ce John Constantine.

Ce John Constantine-là finit toujours seul. Il le sait et en a accepté le prix. Ce John Constantine-là préfère éloigner les gens avant qu’ils ne soient blessés de trop, draguant tout et n’importe qui sur son passage, mais refusant le moindre attachement. Ce John Constantine-là préfère boire et fumer à s’en tuer, ou presque, pour calmer sa solitude, plutôt que de laisser d’autres s’approcher encore.

Et s’en tuer, il est presque parvenu à le faire. La nouvelle tombe, par un froid matin de mars : cancer du poumon, il ne lui reste que quelques mois à vivre. Mais John refuse. Parce qu’il sait où finira son âme, s’il meurt. Il se démène, convoque toute l’aide possible, mais ni ses contacts, ni même les cieux ne veulent l’aider. Alors il prend le parti de s’aider seul et d’agir à sa manière, en trompant son monde. Il sait que le diable en personne, le premier des trois frères, voudra son âme. Il passe donc un pacte avec le second, puis le troisième avant de se porter lui-même aux portes de la mort pour leur laisser le choix : la compromission, la guerre qu’aucun ne saurait gagner et qui le laisseraient soumis à Dieu lui-même, ou faire en sorte qu’il vive. Comme il s’y attendait, ils choisirent la troisième option et John sait que maintenant, il sera particulièrement sous surveillance : mais il a gagné un répit et il compte bien en profiter autant que possible.

John reprend donc sa vie et retrouve la Maison des Mystères, dont il est le Maître depuis quelques années, un lieu magique, passage vers d’autres dimensions, qui renferment de nombreux secrets. Et tout aurait dû continuer ainsi… Jusqu'à ce que les réalités ne s'effondrent, purement et simplement et qu'il se retrouve un jour projeter dans cet nouvelle Réalité, cette ville étrange qui semble composer de conglomérats d'autres lieux. John met du temps à s'y faire, du temps à s'adapter et même encore maintenant, rien ne semble vraiment marcher droit. Il sait que, selon les zones de l'île, il ne peut pas vraiment compter sur sa magie, mais cela ne l'empêche pas de continuer à explorer son nouveau monde. Parce qu'il veut connaître ses failles, ses faiblesses. Et il n'hésite pas à, de temps à autre, proposer ses services, quand il le faut. Bien sûr, il se tient à l’affut de la moindre présence démoniaque qu’il faudrait combattre. Ce n’est peut-être pas sa réalité, mais comme toutes les autres, elle mérite d’être défendu contre l’Enfer lui-même, ou quel que soit son équivalent ici-bas.