One step at the time | Pv Luke & Din

Cela fait une semaine maintenant que Grogu va à l'école sous la supervision du Jedi, si les premiers jours ont été un peu compliqué le petit semble finir par s'intégrer ; nul doute qu'il peut dire merci à Luke pour ça. D'ailleurs cela fait une semaine qu'ils ne font que vaguement se croiser le matin et le soir, à peine échange t-il quelques mots certains jours. Ce qui est presque un problème, sans que Din n'arrive à mettre le doigt sur le pourquoi du comment, peut-être parce que la dernière fois cela s'est très bien passé, peut-être parce que le Mandalorien s'est senti apaisé en sa présence. Ce qui en soit reste toujours autant un mystère, déjà parce qu'on parle d'un Jedi mais aussi parce qu'il ne s'est toujours pas décidé à effectuer la moindre introspection. Il se peut fortement qu'il ne le fasse jamais, vivre et laisser vivre comme on peut dire ou encore le fameux : laisser venir les choses, c'est une bonne solution.

Cela lui permettant également de ne pas trop s'interroger lorsque Din termine après cette semaine par proposer au Jedi que le lendemain ils puissent aller ensemble faire un tour dans l'Interstice. Après tout, ils avaient discutés de ça, de la possibilité de rechercher ensemble des morceaux de leur monde et quel endroit de mieux que celui-ci, certes c'est le plus dangereux de la ville mais c'est aussi le plus instable et donc le plus propice pour qu'ils trouvent quelque chose. Et puis ce n'est pas comme si l'un ou l'autre pouvait craindre quoi que ce soit, un Jedi et un Mandalorien, autant dire que de potentiels opposants feraient mieux d'y réfléchir à deux fois avant de s'en prendre à eux. Une proposition pour le lendemain donc et cela parce qu'il n'y a pas école ce jour là, ils pourront prendre un peu plus leur temps que s'il lui avait proposé cette virée pour un soir après l'école.

La proposition acceptée, les deux hommes se sont donnés rendez-vous pour le lendemain à l'entrée de l'Interstice. Mando a hésité un long moment sur si oui ou non il doit emmener Grogu puisqu'il n'a plus ni sa coque protectrice, ni le droïde dont il a pu se servir sur Mandalore. La solution est finalement venue d'une voisine qui lui a proposé de le garder quand elle est passé pour soit disant chercher de la farine, Din n'est pas dupe, il voit bien les regards qu'elle peut lui lancer et ce qu'elle peut attendre mais si elle est agréable à regarder, il n'a pas la tête à ça. Bref, Grogu entre les mains de la dite voisine et le temps de faire le court trajet, le voici maintenant à l'endroit convenu, n'attendant plus que l'arrivée du Skywalker pour qu'ils puissent descendre dans cet endroit malfamé.

- Bonjour.

Sa voix est bien plus chaleureuse qu'habituellement lorsqu'il termine par voir Luke arriver, un sourire venant se loger sur ses traits -toujours dissimulés par son casque- avant que son regard ne glisse sur les hanches de l'autre homme histoire de vérifier si l'autre a emmené son sabre laser par précaution. Du moins s'il peut le voir. Lui de son côté et bien évidemment armé jusqu'aux dents mais est-ce une surprise alors que même pour emmener son fils à l'école ses chères armes ne le quittent pas.

Une semaine. Une semaine à le voir tous les jours – enfin, à le croiser tous les jours. Tout juste quelques mots échangés matin et soir, principalement, voire exclusivement, au sujet de Grogu. C’était logique, après tout, l’enfant était ce qui les avait toujours liés : celui par qui leur rencontre s’était produite, celui qui avait été la cause de leurs retrouvailles, ici, à Nowhere. Et Luke n’aurait rien d’autre eu à attendre de ces brefs moments de partage, s’ils ne s’étaient pas mis d’accord sur le fait de se retrouver pour aller explorer les différents quartiers à la recherche de traces de leur monde. Mais voilà, il y avait cette promesse qui n’en portait pas vraiment le mot et qui provoquait presque malgré lui une certaine impatience. On aurait pu lui objecter, bien sûr, qu’il n’avait qu’à prendre les devants et par là-même l’initiative de proposer lui-même cette expédition. Mais il trouvait pourtant mille excuses à se donner à lui-même pour ne pas le faire – pas tout de suite, en tout cas. Parce qu’après tout, il s’agissait seulement d’une expédition, tous les éléments de leur monde déjà apparu ne bougeraient certainement pas de là où ils étaient, s’ils existaient bel et bien. Et sa fébrilité face à cela n'avait absolument rien à voir avec la personne avec qui il avait pu esquisser ce projet de recherche. Ou tout du moins, c’était ce qu’il essayait désespérément de se faire croire à lui-même.

Son auto-persuasion avait été quelque peu mise à mal quand le Mandalorian avait fini, au bout d’une semaine, par lui proposer qu’ils se voient le lendemain, jour où il n’y avait pas école, pour qu’ils puissent effectuer leurs premiers repérages. Il faut dire que même avec toute la mauvaise foi du monde, ce qui était plutôt le domaine de Leia, l’exercice s’avérait plutôt difficile face à la joie qui était alors venue gonfler le cœur de Luke et qui ne s’était pas vraiment atténuée alors que, remettant en place la bandoulière de la sacoche qu’il transportait contenant du matériel de première nécessité, juste au cas où, il se rendait donc vers leur point de rendez-vous. Et c’était plus difficile encore quand, alors qu’il aperçoit au loin la silhouette si reconnaissable du Mandalorian, il s’efforce d’effacer le côté un peu stupide que revêt son sourire. Il sait qu’il doit se calmer, Luke. Ca n’est qu’une mission de reconnaissance, avec une personne qui… Qu’il ne saurait définir, en réalité. Pas un ami, pas même réellement une connaissance, pas exactement le père d’un élève non plus. Non, c’était juste un homme qui venait du même monde que lui, qui lui faisait assez confiance pour lui confier son fils pour la seconde fois, et qui avait toute la sienne en retour. Et le Jedi devait simplement se persuader que c’était suffisant ainsi.

« Bonjour, Mandalorian. Alors, par où souhaitez-vous que nous commencions ? » Si le ton est poli, juste comme il se doit, sa voix a des teintes chaleureuses dont il ne s’aperçoit pas qu’elles trouvent leur équivalent dans celle de son interlocuteur. Parce qu’il ne saurait croire, Luke, que l’autre puisse trouver autre chose que de l’utilité à ce moment. Parce qu’il ne saurait croire que ce sentiment de bien-être à sa simple présence est réellement partagé et que ce ne sont pas uniquement ses propres projections dans la Force qui lui donnent cette impression. Parce qu’il voudrait pouvoir prétendre que lorsque son regard s’attarde un peu trop sur l’autre homme, ce n’est pas parce qu’il conserve dans son cœur l’espoir probablement vain de pouvoir de nouveau voir ses traits, dissimulés derrière ce masque de métal.

Vérifiant l’attache de son sabre pour se donner une contenance lorsqu’il finit enfin par se détourner, le jeune maître Jedi tente pourtant bien de se dire que son attention a simplement été attirée par les reflets du soleil sur le Beskar, même s’il sait bien, au fond, qu’il se ment.. Tout pour chasser ce sentiment qui étreint son cœur en cet instant. Tout pour conserver cette distance qui menace à chaque instant de s’étioler un peu plus. Ils se sont fixé un objectif. Et il doute que l’autre veuille autre chose que cela.