(( i am glad i got to see you, dad )) — .･✧ vegeta & trunks.

Trunks était sur les nerfs. Ce sentiment dépassait la simple nervosité, il était tout bonnement constamment énervé. Contre le monde, contre lui-même, contre la situation ou bien les trois à la fois… Tout dépendait du jour et/ou de la nuit qu’il avait passés. Ses insomnies étaient le gouvernail de ses émotions qui prenaient de plus en plus de place. Il perdait le contrôle de lui-même. Et Trunks détestait cette sensation plus que désagréable. Jamais une telle chose ne serait arrivée dans son monde. Jamais il ne se serait fait autant honte en perdant si facilement confiance en lui. Sa mère lui aurait remonté les bretelles et à juste titre. Son père en aurait fait de même, autant au sens propre qu’au figuré. Mais entre la solitude, la perte de son Ki, le manque de Gohan, de ses parents, de ces conversations étranges, mais criantes de vérité avec Cheshire et ses deux confrontations particulièrement humiliantes avec C-17… Trunks avait bien du mal à garder la face et à se montrer optimiste. Ses virées et ses soirées avec Angel étaient des escapades hors du temps qui lui faisaient beaucoup de bien au fond, même si Trunks râlait beaucoup au début. Le seul problème, c’était qu’elles provoquaient des bienfaits éphémères et la redescente était toujours rude. Il buvait probablement un peu trop à ses soirées, aussi. Il avait l’alcool triste, Trunks. Un mélange néfaste qui durcissait ses insomnies. Il se rappelait simplement que, sur le moment, faire la fête lui faisait du bien alors il ne disait jamais non à Angel… Puis il l’aimait bien. Bref, c’était un véritable cercle vicieux, cette histoire.

Puis, un jour, Trunks se mit un sacré coup de pied au cul avant que son père ne le fasse si jamais il le retrouvait avant. Ou même sa mère. On ne dirait pas comme ça, mais Bulma pouvait vraiment ne pas y aller de main morte quand elle le voulait. Néanmoins, Trunks avait encore un semblant de volonté et c’était plus que rassurant. Jusqu’à quand ? Il se sentait vraiment sale à l’intérieur et l’envie de se décrasser au sens propre comme au figuré se fit de plus en plus pugnace. Depuis combien de temps n’avait-il pas fait de sport ? Depuis combien de temps avait-il interrompu sa routine calibrée à la milliseconde ? Depuis combien de temps n’avait-il pas évacué ses frustrations au lieu de les ruminer tristement ? Il devait se ressaisir. Ce n’était vraiment pas faire honneur aux leçons de Son Gohan ni même à celles de son père avec lequel il avait été isolé pendant un moment dans la Salle de l’Esprit et du Temps. Un Saiyan ne baissait pas les bras. Encore moins pour des bêtises pareilles.

Trunks ne se rendit pas à sa salle de sport habituelle pour la simple et bonne raison que cette dernière était… fermée. Devant les portes closes, il soupirait et ronchonnait, mais ne perdit pas pour autant son entrain. Pas grave. Si ses souvenirs étaient bons, il y en avait une pas mal dans le quartier de The Heart, ignorant qu’elle appartenait à son père. Il pourra en profiter pour passer voir Luke Skywalker. Ça faisait un moment qu’il n’avait pas rendu visite à son mentor de substitution.

Une fois à l’intérieur, Trunks ne savait pas si le côté plus intimiste de cette salle le rassurait ou l’angoissait. Il faut dire que, dès qu’il retira sa veste de sport pour se retrouver en débardeur, il n’avait pas envie que les regards se braquent sur lui à la vue de ses hématomes, certes plus ternes qu’au plus fort de la douleur, mais toujours visibles. Les dégâts que C-17 lui avait infligés lors de leurs retrouvailles musclées peinaient à partir et lui rappelaient quotidiennement cette humiliation. Il fallait qu’il s’entraine, plus assidument, plus fort, pour espérer, au moins, rivaliser et lui rendre la pareille. Le punching-ball était l’instrument parfait pour évacuer les frustrations. Il le frappait à mains nues, avec de simples bandes autour de ses paumes. Ses articulations étaient encore un peu douloureuses, mais Trunks passait au-dessus. Sa force de frappe attirait parfois quelques regards sans qu’il en fasse cas.

Il n’y avait qu’une seule chose qui était susceptible de le sortir de ses pensées. Une voix qu’il connaissait plus que bien et qui lui fit manquer un battement au cœur. Celle de son père. A l’autre bout de la salle. Au départ, le jeune homme pensait rêver et que ce n’était que le fruit d’une hallucination incarnant un espoir vain. Pour s’en assurer, Trunks se tournait, essoufflé et en sueur à cause de son entrainement. En tout cas, sa vue ne lui jouait pas des tours. C’était bien son père qu’il apercevait au loin. Devait-il s’en réjouir ou céder à la panique ? Il n’avait pas retrouvé son Ki, il était faible… Pourtant, ce fut l’euphorie qui prit automatiquement le dessus. Qu’importe son âge, Trunks avait toujours admiré son père et avait toujours eu besoin de lui, quelque part. Son Gohan et Luke, c’était bien, mais cela ne le remplaçait pas. « Papa ! » cria-t-il à son adresse, mais ce fût d’autres yeux qui se tournèrent. Trunks enfila alors vite sa veste de jogging pour cacher ses hématomes, puis il retentait un peu plus fort : « Papa ! Attends ! » Trunks slaloma entre les sportifs et rattrapa son père avant qu’il ne change de salle. Le premier geste qu’il eut à l’adresse de Vegeta était assez déroutant et maladroit : le fils prit son père dans ses bras et le serra. « Je suis trop content que tu sois là… » Un semi-mensonge. Sa présence l’inquiétait autant qu’elle l’apaisait. Les battements de son cœur complètement chaotiques pouvaient en témoigner. Cette étreinte était probablement l’appel de l’enfant en lui qui avait terriblement besoin d’être rassuré après des mois de solitude. Puis, comme frappé par un éclair de lucidité, Trunks se rendit compte de ce qu’il venait de faire. Il écourtait alors cette étreinte, le fuyait du regard tout en passant nerveusement sa main sur sa nuque. Être tactile et démonstratif… Ce n’était vraiment pas leur truc. « Tu… T’es là depuis longtemps… ? » tenta-t-il pour dissiper quelque peu cette sensation de malaise qu’il ressentait.