(( perfection is not just about control. it's also about letting go. )) — .･✧ luke & trunks

Trunks aura beau rejeter cet argument autant qu’il le voudra, cela n’invalidera pas la vérité implacable qu’il induisait : il était comme son père, aussi fier et orgueilleux dès que cela touchait à ses dons. Ce bref orgueil, pourtant, lui avait donné cette étincelle de persévérance dans sa quête pour renouer avec sa nature Saiyan. Or, aussi motivant soit son combat, il se révéla, pour l’heure, infructueux. Pourquoi lui ? Qu’avait-il fait pour mériter cette privation d’une moitié de son être ? L’univers lui offrait-il cruellement la réponse à cette éternelle question qu’il se posait ? Suis-je digne de mon père ? Visiblement non. Pas un seul rayon, pas une seule vague, ni même un trémolo ou un changement capillaire. Rien. En dépit de ses efforts, Trunks restait tristement humain. Du fond de son lit, il poussa un soupir, enfouissant sa tête sous son oreiller. Il profitait de cette dernière nuit dans le confort pour s’apaiser l’esprit. Demain, il allait devoir partir, n’ayant pratiquement plus rien pour payer cette chambre de fortune. Que des galères.

Trunks migra vers The Heart avec l’espoir que ce changement sera plus fructueux. Bah ! Lui-même n’était pas convaincu par la manœuvre, comme si se déplacer d’un coin de Nowhere à un autre allait changer la donne ! Peut-être qu’avec un certain pathétisme naïf, il tentait tout pour combler cette honte grandissante de ne plus être un grand Saiyan en devenir. Il faut dire que Trunks ne supportait pas la faiblesse, principalement sur le plan physique et ce jugement était particulièrement intransigeant et destructeur quand il se l’infligeait à lui-même. Sa persévérance l’entraina jusqu’aux territoires de l’obsession. Il s’arrêta à plusieurs reprises au cours de son voyage pour tenter, encore, de relancer la machine, par exemple. Rien. Encore et toujours rien. Des questions et des doutes à la pelle, c’était tout ce que créait cet acharnement sans fin. La disparition de ses dons, était-elle réellement dû au déchirement des mondes où cela découlait-il d’un simple blocage psychologique à cause de la pression que Trunks se mettait plus ou moins consciemment ? Il préférait la seconde option, parce que la première impliquait une dose de fatalisme qu’il n’était pas prêt à accepter. Il préférait s’en vouloir plutôt que de faire la guerre à quelque chose d’inconnu et d’inéluctable.

Avec un tel cheminement de pensée, il se perdit vite dans les artères du quartier ainsi que dans ses ruelles plus discrètes, passant indubitablement à côté de l’effervescence du monde qui l’entourait. Toutefois, ce furent également ses déambulations imprécises qui le conduisirent jusqu’ici : une école pour enfant aux capacités particulières. Au départ, il n’en fit pas cas, passant devant avec la même nonchalance que pour les autres bâtiments de The Heart. Puis, à force de laisser ses oreilles trainer dans les hôtels qu’ils fréquentaient, les petits jobs qu’il faisait ici et là ou même les coins de restaurant qu’il occupait le temps d’un repas, Trunks n’entendit que du bien de cette école. Comme s’il cherchait à reculer devant l’inévitable, il laissait son esprit pourrir dans ce marécage de questionnement permanent qu’était devenu son cerveau : y avait-il réellement sa place ? N’était-ce pas un peu honteux qu’un jeune homme de son âge se trouve parmi des enfants ? Soit à leur niveau ? La pression qu’il avait vis-à-vis de ce père qu’il admirait tant le poussa à répondre par l’affirmative et l’englua un peu plus dans cet état d’esprit pernicieux.

Puis un jour, pour parler vulgairement, il se sortit les doigts des fesses. Valait-il mieux rester dans sa situation et se draper dans une fierté qui ne lui ressemblait guère ou bien tout tenter pour récupérer cette moitié de lui qui lui manquait tant ? Dit ainsi, c’était la seconde proposition la plus enviable. Il sera avec des enfants, et quoi ? Parfois, reprendre tout depuis le début pouvait avoir du bon et vous rendre plus sage, histoire de vous rappeler d’où vous venez dans les moments de doutes face à l’adversité. Déterminé, après avoir avalé son petit-déjeuner, il prit le chemin de l’école. Il dénotait clairement dans la masse d’élèves plus jeunes, mais Trunks ne se laissa pas démonter par les regards curieux et insistants ou même par les petites mains baladeuses et intriguées qui voulaient toucher le fourreau de son épée dans son dos. Il expliqua sa situation à l’accueil qui le redirigea vers un enseignant en particulier : Luke Skywalker. C’était un Jedi apparemment. Trunks ne savait pas trop ce que cela signifiait, m’enfin, ils devaient savoir ce qu’ils faisaient pour le conduire à lui. Il alla donc à la rencontre du professeur, sans savoir pourquoi il avait cette boule de stress logée dans le creux de son estomac. Que se passerait-il si ce Jedi refusait sa requête ? Il n’aurait plus de piste. Il ne valait mieux pas y penser.

Trunks entra dans une pièce qui ressemblait, selon lui, à un mélange entre un dojo et une salle de médiation. Il y trouva un homme — était-il en train de méditer, d’ailleurs ? En tout cas, le jeune homme signifiait sa présence en se raclant la gorge. « Euhm… Bonjour ? » lança-t-il une fois l’attention de l’homme attirée. « Mh, alors voilà, je suis allé à l’accueil et euh… Ce sont eux qui m’ont redirigé vers vous parce que j’ai un problème assez fâcheux… » Trunks se grattait derrière la tête, pur tic nerveux, avant de poursuivre. « … je… J’ai perdu ma connexion avec mes pouvoirs. » Pour schématiser. Et c’était finalement plus difficile de le verbaliser que Trunks ne l’aurait cru.