Tu veux que je te raconte ma vie, mon chou ? Pourquoi pas, mais cela ne va pas t’apporter grand-chose, enfin si au moins ça te permets de ne pas faire les mêmes conneries que moi, de ne pas tomber dans les mêmes pièges, ça servira au moins à quelque chose. Bien, avant toute chose, sache que je suis un démon, un démon-araignée plus précisément. Naturellement, je n’ai pas toujours été un démon, j’étais humain avant. Je suis né en Italie, en 1917. Ma famille faisait partie de la mafia. Tu me diras, à cette époque, c’était plutôt monnaie courante. Bien sûr, je ne pouvais pas faire autre chose qu’aider ma famille dans ses activités. Je me droguais aussi, je ne me souviens plus vraiment à quel âge j’ai commencé, mais ce que je sais en revanche, c’est que c’est à cause de la drogue que je suis mort. Ouais, à trente ans j’ai fait une overdose et boum, terminé, je disparais de la circulation.

J’atterris en Enfer. Où est-ce que j’aurais pu aller autrement, je vous le demande ? C’est là que je deviens un démon-araignée. Je me suis lancé dans le domaine de la prostitution, mais je refusais tout net de continuer à tremper dans les affaires de la mafia. Vous me direz, j’étais déjà mort donc je ne risquais plus grand-chose...ouais, bah ça c’est ce que vous croyez mes mignons. Bref, ma vie s’écoulait plus ou moins paisiblement, enfin si on veut, mais une rencontre changea tout cela : Valentino. Je n’aurais jamais dû me laisser séduire, jamais dû me laisser avoir par ses belles paroles, mais c’est pourtant ce que je fis, il m’avait fait chavirer avec son sourire, son regard de braise qui envoyait des frissons dans ma colonne vertébrale et puis un mot en entraînant un autre, je me suis retrouvé à signer ce foutu contrat qui me liait à lui, il me possédait dans tous les sens du terme, il possédait mon âme, pouvait faire de moi ce qu’il voulait et ne s’en privait pas.

Je bossais alors pour Valentino, pour son studio de films pornos. Il fit de moi une superstar du cul. Est-ce qu’il m’aimait ? Vous plaisantez ou quoi ? Est-ce que je l’aimais ? Non, il me foutait la trouille, je savais très bien que je ne pouvais rien faire contre lui, j’étais pieds et poings liés, alors je lui obéissait, mais à côté de cela, je commençais à me détruire petit à petit, plongeant dans les narcotiques et développant un sens de l’humour plutôt noir pour m’aider à supporter tout ça.

Et puis il y eut le Hazbin Hotel. J’ai rencontré Charlie, la fille de Lucifer et Vaggie, sa petite-amie, un soir que Valentino m’avait forcé à travailler dans la rue parce que j’avais foiré un tournage et lui avais fait perdre de l’argent. Au début, j’ai cru que Charlie et Vaggie étaient des clientes, mais je me suis rapidement rendu compte que je me fourvoyais. Elles m’ont effectivement payé, mais m’ont parlé d’un hôtel, le fameux Hazbin Hotel, créé pour les gens en quête de rédemption. Je me suis porté volontaire pour aller dans cet hôtel, même si, honnêtement, je ne suis pas certain de réussir à l’avoir cette rédemption, ni même d’en être digne. Le lendemain de ma rencontre avec les filles, j’emménageais dans mon nouveau lieu de vie. Dire que Valentino n’en fut pas heureux serait un euphémisme, mais passons.

J’avoue avoir eu un peu de mal au début à participer à la mise en route de l’hôtel, mais petit à petit j’ai commencé à m’attacher à ses habitants...enfin à certains plus que d’autres. J’avais du mal avec Husk par exemple, jusqu’à ce qu’il vienne un soir me chercher pour me ramener à l’hôtel. Ce jour-là, Val m’avait sifflé auprès de lui, il voulait que je tourne un de ses films. J’avais rappliqué immédiatement bien sûr, mais Charlie ne l’entendait pas de cette oreille et elle avait débarqué au studio de tournage pour s’expliquer avec Val. C’était la pire idée qu’elle aurait pu avoir. Bien sûr Valentino ne fut pas content, bien sûr il me frappa et me rappela à qui j’appartenais. Il me demanda de virer Charlie. Docilement, je le fis, mais principalement pour la protéger, je n’aurais pas supporté qu’il lui fasse le moindre mal. Je l’ai même supplié de ne pas lui en faire. Qu’il m’en fasse à moi, j’avais l’habitude, mais elle...Enfin bref, le tournage repris et lorsque Valentino me laissa repartir à l’hôtel, j’eus un petit accrochage avec Husk, le barman et je décidais de sortir prendre quelques verres, voir plus. Il vint alors me chercher et nous avons pu avoir une petite explication où j’ai pu me rendre compte que nous n’étions pas si différents lui et moi. Il y eut comme un rapprochement entre lui et moi ce soir-là.

Bien sûr, je les ai aidé pendant le combat final, j’ai aidé à reconstruire l’hôtel et puis….je suis arrivé ici, à Nowhere. Je ne sais pas ce que c’est comme ville, tout ce que je sais, c’est qu’ici, je peux continuer mon activité d’acteur de films porno, même si là je fais plutôt des films amateurs que je diffuse sur le net, comme ça ne suffit pas pour payer les factures, je me produis dans un club certains soirs, j’ai un spectacle de Drag Queen et parfois, je me prostitue. Bah quoi ? Il faut bien se nourrir. Ce qui est perturbant, c’est que j’ai repris mon apparence humaine...oh et ce qui est également perturbant, c’est ce nom qui tourne en permanence dans ma tête : Valentino...qui c’est ce Valentino ?