Une main tendue ? [PV : Noho Hank]

Une main tendue.

Ft  @NoHo Hank

Douleurs, souffrances...oui, je sais, vous allez me dire que c’est la même chose. Cela faisait deux heures que je déambulais dans les rues, je sais que je devrais rentrer, mais je n’en ai pas envie. Quand on sait ce qui m’attend « à la maison », on ne peut que me comprendre. Depuis que Valentino avait de nouveau mis la main sur moi, je n’étais plus libre d’aller où je le voulais. Déjà, je ne devrais même pas être ici. Il était sorti faire une course, mais j’étouffais moi, j’avais besoin d’air. Oh, je sais ce que je risque, je risque de me faire punir, mais parfois l’envie est plus fort que la raison. Valentino me possède, rien ne pourra changer cet état de fait, j’ai signé un contrat avec lui, un contrat que rien ne peut briser. Ma mémoire me revient petit à petit au sujet de notre passif commun et sincèrement, j’aurais préféré continuer à oublier. Je sais que quand je rentrerais tout à l’heure, il me punira de ne pas l’avoir attendu sagement, mais au moins, je n’ai pas cherché à m’enfuir, c’est déjà ça, n’est-ce pas ?

Je suis dans les bas-fond de Nowhere, là où peu de personne s’aventure, là où tu peux trouver toute sorte d’objet, moins c’est légal, mieux c’est. Je laisse mon regard parcourir le « décor ». Ouais, j’ai l’habitude de ce genre d’endroit. Mon ancien lieu de résidence, c’était littéralement l’Enfer, alors vous pensez bien que ce n’est pas un endroit comme celui-ci qui allait m’effrayer, sans compter que je savais me défendre. C’était ça le plus triste dans mon histoire avec Valentino, c’était que normalement, je savais me défendre, surtout contre un type comme lui, mais dès qu’il est devant moi, je perds tous mes moyens, je m’écrase. Il a toujours eu cette ascendance sur moi. Au début, quand je l’ai rencontré, c’était une ascendance positive parce qu’il m’a fait de belles promesses, il était gentil, il m’a fait miroiter des choses qui m’ont tenté, mais...ce n’était que de la poudre aux yeux. Du moment où j’ai signé ce contrat, du moment où je lui ai cédé mon âme, il a changé du tout au tout, faisant de moi son esclave, corvéable à merci, il me baise sans me demander mon avis, il me fait tourner dans ses films. Alors d’accord, grâce à lui, j’ai acquis une certaine notoriété, mais c’est quand même cher payé, je trouve.

Un groupe d’individu se tenait non loin de moi. Ils vendaient des petits sachets de poudre blanche. Il ne fallait pas être un génie pour savoir ce qui se trouvait dedans. Quand j’étais en Enfer, je buvais une « potion » qui m’aidait à supporter mon quotidien avec Valentino, je m’en suis souvenu il y a peu. C’était loin d’être une potion magique, mais au moins, elle faisait son office. Le problème, c’est qu’ici je n’en ai pas. Ce serait peut-être bien de trouver un « dérivatif », non ? Je m’approchais d’un type, extérieur à ce groupe, mais qui se trouvait là pour des raisons qui lui étaient propres. Avant d’aller voir le groupe, il fallait que je prenne quelques renseignements quand même. Je m’adressais donc au type.

- Salut. Tu as une idée des tarifs pratiqués ici ?

Une main tendue ?

@Angel Dust et @NoHo Hank

NoHo Hank pressa une main sur ses côtes douloureuses, ravalant la sensation de souffrance. Le passage à tabac qu'il avait subi, en faisant le choix stupide de sauver le garçon que ses partenaires de crime avaient kidnappé, avait laissé des traces évidentes sur son organisme. Il supposait qu'il avait de la "chance" d'être encore en vie : sans l'intervention de Spiderman, il aurait probablement agonisé sous les coups.

Mais le voici de retour dans le business, toujours du mauvais côté de la barrière. Il avait essayé, un temps, de se convaincre qu'il pouvait mener une vie rangée, et faire les bons choix. Mais il avait vite constaté que cela ne suffisait pas. Que la misère qu'il gagnait était loin de lui assurer le bel avenir qu'il voulait pouvoir offrir à Cristobal, si l'homme venait à lui revenir. Et s'il n'avait pas cela à donner, que lui restait-il ? Qu'avait-il à donner à Cristobal pour le convaincre de lui donner une seconde chance ?

Au fond, l'homme savait qu'il se mentait, que Cristobal le préférerait miséreux, mais droit dans ses bottes, plutôt que riche comme il avait pu l'être, au prix de vies torturées, supprimées sans remords. Mais le crime, c'était toute sa vie. S'il n'avait pas cela, que lui restait-il ? Qui restait-il ? C'était avec ces pensées on ne peut plus sombres que NoHo Hank s'était trouvé un nouveau gang, un nouveau départ, au bas de l'échelle.

Petit à petit, il savait qu'il trouverait sa place. Que, comme par le passé, il atteindrait les sommets, au prix des vies sacrifiées par le destin, les circonstances... ou ses propres décisions. Mais, pour l'instant, Hank se trouvait dans les allées dangereuses de l'Interstice, à vendre une drogue qu'il ne toucherait jamais à des pauvres types qui étaient prêts à tout pour obtenir leur dose.

C'était le business, rien de plus. La drogue, la contrebande, les armes... C'était par tout cela que la mafia tchétchène dont il était issu avait écrit ses lettres d'or, et par ces moyens qu'il avait continué à briller aux côtés de Cristobal, jusqu'à ce que celui-ci soit pris de la folle envie de mener une affaire "legit". Aux dépens de tout bon sens.

Et c'était par ces moyens que NoHo Hank reviendrait au sommet, avec ce style qui lui était propre. Sourire aux lèvres, geste commercial, vêtements colorés, Hank détonnait au milieu des autres revendeurs, de cette façon qui tendait à faire fuir les gens... ou à les attirer, comme un papillon inexorablement hypnotisé par la lumière. C'était le cas du jeune homme qui venait de lui adresser la parole, s'enquérant des tarifs pratiqués comme il pourrait le faire dans un banal salon de coiffure.

La banalité des propos et le détachement laissaient croire à NoHo Hank que l'inconnu n'en était pas à sa première consommation, loin de là. Il pourrait se contenter de lui faire un prix raisonnable et de vendre sa came, mais les propos du donneur de leçon qu'était Spiderman, fichue Araignée, lui revinrent en tête. Il avait beau être toujours du mauvais côté de la barrière, Hank avait néanmoins la latitude de faire quelque chose. Quelque chose qui l'éloignerait de cet homme que Cristobal avait haï et préféré fuir, quitte à en mourir.

"Ah, si tu demandes aux gars du coin, ça sera une vraie arnaque. Du sucre au poudre, vendu comme des pépites d'or !"

L'accent tchétchène et les erreurs casuelles de langage trahissaient ses origines, mais NoHo Hank n'avait jamais cherché particulièrement à les cacher. Il parlait couramment trois langues, et s'était adapté à une culture américaine à mille lieues de ce qu'il avait connu dans son pays d'origine, pourquoi devrait-il renier ce qui était pour lui un sujet de fierté ?

"Si tu commandes avec NoHo Hank, c'est moi, tu as droit à un dog bag, un smoothie, et une carte fidélité ! Starbucks de la drogue, man ! Et, petit bonus supplémentaire, quelqu'un avec qui parler !"

Tout en faisant son petit discours, NoHo Hank s'était retourné pour rejoindre son petit stand improvisé, tirant de ce dernier le doggy bag promis (contenant un beignet qu'il avait lui-même cuisiné) et un Smoothie ananas dans un gobelet en plastique. Il n'avait pas encore joint la drogue à son offre : la part stupidement honnête réveillée par Spiderman et ses leçons de morale l'obligeaient à freiner ses ambitions. Peut-être qu'il pourrait éviter à ce pauvre gars de faire une overdose dans une allée dégoûtante...

"Ou tu peux aller voir ces gars, et leur faire une offre qui suffira pas. Ils te feront payer d'une autre façon leur farine, et tu sortiras avec une maladie du sexe et une dose qui ne ferait même pas voler Dumbo ou Bugs Bunny dans Space Jam. Tu sais, Fly like an eagle, la chanson ?"

C'était soit ça, soit s'installer à son stand et lui faire la conversation. En toute honnêteté, NoHo Hank ne faisait pas seulement ça pour tenter de détourner le jeune homme d'une drogue qui continuerait à le tuer à petit feu. Il avait aussi ce besoin de parler, parler pour se convaincre qu'il était une bonne personne, qui avait simplement la malchance d'être du mauvais côté de la barrière, plutôt que le monstre qui avait choisi délibérément de s'y trouver, peu importe le prix à payer.