If my fear had a name, it would be Valentino [PV : Valentino]

J'étais clairement dans la merde, il n'y avait plus aucun doute possible. Le rire de Valentino me collait des frissons de terreur, même son toucher me faisait peur. Qu'est-ce qui m'a pris de donner mon âme à un type pareil ? Alors que je me faisais cette réflexion, deux yeux rouges apparurent dans mon esprit, des yeux brûlants, séduisants, des yeux pour qui je ferai n'importe quoi….oh merde, ce con m'a séduit…c'est comme ça qu'il m'a eu. J'ai été assez stupide pour croire à ses belles paroles. Mes souvenirs reviennent peu à peu, mais je ne sais pas si je vais le lui dire. En tout cas, tant qu'il ne me demande rien, je ne dirais rien. Regagner sa confiance ? La bonne blague, ce n'est pas de ma faute si ma mémoire avait décidé de l'occulter. Enfin, de toute façon, je n'ai pas vraiment le choix. Je hoche positivement la tête.

- Oui, Valentino.

Bon sang, cette scène me semble tellement habituelle, tellement normale. Son comportement avec moi est si ancré en moi que j'en suis presque à le trouver normal. Je suis sûr qu'en Enfer je trouvais ça normal de me faire exploiter par lui. En même temps, je l'ai mérité, alors il aurait tort de se priver. Je me doutais bien qu'il viendrait avec moi voir Ryan, il ne pouvait en être autrement. La menace qu'il me fit provoqua un frisson le long de ma colonne vertébrale. Je hochais la tête frénétiquement de manière positive.

Avant de sortir, il m'avait embrassé. Un autre que lui, je lui aurais mordu la langue ou bien je lui aurais craché au visage pour m'avoir embrassé de force, mais ici, je n'ai rien fait, je me suis laissé faire. Je ne suis qu'une de ses possessions aux yeux de Valentino.

- Je n'en ai que pour quelques secondes.

Une fois la porte refermée, je me regardais une dernière fois dans la glace. Aller Angel, ressaisi-toi, personne ne doit voir ton malaise, tout le monde doit penser que tu t'apprêtes à passer la meilleure soirée de ta vie…et pas que tu t'apprêtes à aller de toi-même dans une prison dont tu ne sortiras jamais. Je ne mis pas longtemps avant de réunir l'ensemble de mes affaires. Une fois ma loge vide, j'en sortis pour venir auprès de Valentino.

- Voilà. J'ai pris tout ce dont j'avais besoin. On va voir Ryan et ensuite…on rentrera à la maison ?

Il fallait bien que je m'y habitue maintenant. Quelque chose me disait que désormais, je n'irais que là où Valentino voulait que je sois et que si je voulais regagner un tant soit peu de liberté, j'avais intérêt à filer droit.

Je m’étais résigné, après tout, quel autre choix avais-je ? Je l’avais oublié, ce Valentino, mais lui ne m’avait pas oublié et étant donné les souvenirs qui commençaient légèrement à me revenir, je comprenais très bien pourquoi je l’avais oublié. Ici, les choses étaient différentes tout en étant les mêmes. J’avais une apparence humaine, mais mon âme appartenait toujours à Valentino, peu importe l’endroit où nous nous trouvions. Comme je l’ai déjà dit, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, c’était moi qui avais signé, moi qui avais cédé mon âme à cet homme, même s’il avait tout fait pour me « séduire ».

Je ne pus m’empêcher de fermer les yeux un court instant lorsque Valentino me parla de la « magnifique soirée » que j’allais passer. Je ne savais pas pourquoi, mais quelque chose me disait qu’elle serait magnifique uniquement pour lui. Il passa son bras sur mes épaules, serrant mes épaules comme si ses mains étaient des griffes. Je ne pus m’empêcher d’ouvrir de grands yeux à la suite de sa phrase. J’étais exténué par ma soirée j’avais dansé longtemps et je ne pourrais même pas me reposer un peu.

- Quoi ? Mais je...Angel, rappelle-toi que tu vas déjà certainement déguster pour ton comportement de tout à l’heure, inutile d’en rajouter. Je me repris. Oui, Valentino.

J’allais donc voir Ryan. Ne voulant pas éveiller ses soupçons, je prenais mon air le plus charmeur et m’approchais de lui.

- Bon, je vais devoir te laisser alors tu me donnes ma paie de ce soir s’il te plaît.

Ce que je n’avais pas prévu, c’est que Ryan s’était inquiété pour moi. Il se pencha alors vers moi.

- Angel, qu’est-ce que t’as foutu, c’est qui ce type ?

Je le regarde en affichant un petit sourire suffisant.

- Je t’ai déjà dit que la jalousie ne t’allait pas au teint.

- Oh ferme-là. Tu le connais ?

Je poussais un profond soupir et regardais Ryan en mode « Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? ». Il finit par me tendre mon argent, mais au moment où je m’en saisi, il garda l’autre partie de l’enveloppe dans la main.

- Ah, au fait, est-ce que tu peux venir la semaine prochaine ? Disons, jeudi ?

Je jetais un regard en coin à Valentino, un regard un peu anxieux, ne sachant pas s’il allait accepter ou pas, malheureusement, cela ne fit qu’aiguiser encore plus l’inquiétude de Ryan.

- Je ne sais pas, je te redirais ça, d’accord, j’ai deux ou trois trucs à vérifier avant.

Ryan me prit le bras.

- Hey, si ce type t’emmerde, on peut t’aider, t’as juste qu’à nous le dire.

Je retirais brutalement mon bras, fronçant les sourcils.

- Oh, mais c’est pas possible d’être aussi parano. Occupes-toi de ton cul, tu veux bien. Je t’ai dit que je réfléchirais, je réfléchirais, point.

Récupérant l’enveloppe, j’y glissais également mes pourboires de la soirée, soit cent dollars supplémentaires. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était déjà ça et puis couplé à ma paie pour la soirée, ça faisait un beau pactole pour seulement deux heures de présence. Je revenais alors auprès de Valentino.

- On peut y aller.

Je lui tendis alors l’enveloppe, une fois que nous étions en dehors du champ de vision de Ryan.

- Tiens, c’est ma paie de la soirée….et j’y ai ajouté les cent dollars que je me suis fait en pourboire.

Il fallait absolument que je lui montre ma « bonne volonté », si je voulais limiter la casse pour ce soir.

Je devais absolument repartir d'ici sans éveiller les soupçons de qui que ce soit sur ce qui était en train de se passer et ce n'était pas chose aisée avec un barman aussi intrusif. Heureusement, je réussi à m'en débarrasser, même si je n'ai pas vraiment apprécié la méthode que j'ai employé, je n'avais pas le choix. La fin justifie les moyens comme on dit. Et j'étais ensuite revenu docilement auprès de Valentino. Je ne me reculais pas lorsqu'il passa son bras autour de mes épaules, je ne cherchais pas à me soustraire de son emprise, de toute façon, ce serait inutile, cependant, je ne pus empêcher un frisson de terreur mêlé de dégoût de traverser mon corps. J'avais donné à Val l'enveloppe contenant mes pourboires, il ne me l'avait pas demandé, ne connaissant pas son existence, mais je m'étais dit que c'était certainement quelque chose qu'il voudrait.

Plus je passais de minutes en sa compagnie et plus mes souvenirs de lui remontaient à la surface et croyez-moi si je vous dis que j'aurais vraiment aimé continuer à oublier. J'esquissais un petit sourire quand il me qualifia de "Good Boy", non mais franchement, il me prenait vraiment pour son chien.

La voiture arriva et je m'y engouffrais sans perdre un instant. Pendant le trajet, je regardais par la fenêtre. La voix de Valentino me sortit de mes pensées, je tournais alors la tête vers lui. Le ton qu'il employa prouva bien qu'il n'était pas spécialement heureux de ce qu'il me disait et que si j'y avais droit, ce serait une faveur qu'il m'accorderait et que j'aurais intérêt à continuer à bien me comporter si je voulais continuer à en profiter.

- Oh…je….merci.

Je regardais Val silencieusement quelques instants puis je me décidais à lui poser les quelques questions qui étaient dans ma tête.

- Valentino….je me demandais….est-ce qu'on pourrait repasser par chez m….enfin par l'appartement que j'occupais jusqu'à présent pour que je puisse y récupérer mes affaires ? Et est-ce que je pourrais dormir un peu quand même ? Je veux dire…si tu veux que je fournisse du bon travail, il faut bien que je sois un minimum reposé, non ?

Bon, ce n'était peut-être pas le meilleur argument, mais si je ne dormais pas au moins deux heures, j'allais finir par m'écrouler. Tandis que j'attendais ses réponses, une autre question arriva dans ma tête et je la posais sans même réfléchir, pourtant, à peine les mots avaient-ils franchis mes lèvres que je regrettais déjà d'avoir posé la question.

- Au fait….qui me dit que le contrat est toujours valable ici ? Je veux dire…certes tu m'as montré ce bout de papier que j'ai signé, mais qui me dit qu'il n'est pas nul et non avenu ? Après tout, nous ne sommes plus en Enfer maintenant.

Rien qu'à voir le visage qu'arborait Valentino, je savais que j'avais fait une connerie et que j'allais le payer cher. Etant donné le souvenir qui me revenait actuellement en tête, je commençais à trembler en regardant mon propriétaire. Bon sang, quand est-ce que j'apprendrais à me taire ?

Dès que les mots furent sortis de ma bouche, je savais que j'allais le regretter, mais malheureusement, je ne pouvais pas faire machine arrière, tout ce que je pouvais faire, c'était tenter de diminuer leur impact. Le regard froid que posait Valentino sur moi me donnait des frissons de terreur et me renvoyait des images de mon passé avec lui, des images loin d'être flatteuses et qui me firent comprendre pourquoi en Enfer je le craignais autant. Je secouais négativement la tête, un air apeuré sur le visage.

- Non, non, ce n'est pas ça…simplement, je me disais que comme beaucoup de choses étaient différentes ici, peut-être que le contrat en avait été affecté lui aussi.

Je doutais fort que ces paroles contribuent à le calmer, mais je commençais vraiment à paniquer et je ne savais pas trop quoi dire pour ne pas avoir l'air de remettre en question le fait que oui, je lui appartenais corps et âme. Une sensation familière s'empara de moi tandis qu'il fit apparaître les chaînes qu'il me réservait habituellement. Quand elles vinrent encercler mon cou et mes poignets, je me dis qu'elles ne m'avaient absolument pas manqué. Mon regard se fixa dans celui de Valentino. J'avais vraiment merdé, je ne l'avais jamais vu aussi en colère. Je hochais positivement la tête lorsqu'il me dit que je lui appartenais, que je n'avais pas à remettre ça en question, mais mon cœur se serra quand je compris le sous-entendu de sa phrase : il n'hésiterait pas à me tuer sans le moindre remord si je recommençais. Cela me fit vraiment mal. Non pas que je sois amoureux de lui, simplement de savoir qu'il me supprimerait sans la moindre peine malgré toutes ces années auprès de lui, ça me blessait. Je sais, c'est stupide, mais ne cherchez pas à comprendre, moi-même je ne comprends pas. Naturellement, quand il évoqua mes amis qui n'étaient pas là, cela augmenta ma peine. Ils me manquaient tellement.

- Pardon, Valentino…Je ne le ferais plus. Je te le promets.

Bon sang, il allait falloir que je rame si je voulais qu'il me laisse un peu de "liberté" étant donné ce que je venais de dire.

- Oui, c'est compris. Une heure de repos seulement ? J'allais m'écrouler sur le plateau à ce rythme. Cependant, ce ne fut pas une protestation qui sortit de ma bouche, juste un : Merci. Du bout des lèvres.

Je suivis Valentino dans le studio et hochais la tête quand il me rappela que j'avais juste une heure pour me reposer. Je m'éloignais en direction des "loges" et entrais dans une qui était pourvue d'un lit. Je m'affalais dessus et des larmes silencieuses roulèrent sur mes joues. Je finis par m'endormir un peu…enfin disons que je somnolais et ce fut ce moment que choisi ma mémoire pour se débloquer. Tous les souvenirs de ma vie auprès de Valentino me revinrent en une vague dévastatrice, si bien que lorsque je m'éveillais, je me redressais d'un bond et me dépêchais d'enfiler la "tenue" que je devais porter, c'est-à-dire du cuir, parce qu'il y aura probablement une scène SM, voir plusieurs, et c'est légèrement vêtu, avec mon peignoir comme seul rempart à ma nudité que je ressortis de ma loge pile une heure après y être entré. J'arrivais alors auprès de Valentino qui, étant donné mon attitude, pourra facilement deviner que mes souvenirs étaient revenus, je savais que j'avais plutôt intérêt à faire profil bas.

- Comment veux-tu que je me positionne ?

Pourquoi ma vie était-elle si merdique ? Ouais, bon je sais c'est de ma faute….Pourquoi Fat Nuggets n'a pas fait le voyage avec moi ?

"Si tu te rappelles ta place, tout se passera bien". Les mots de Valentino tournaient en rond dans ma tête. Oh il peut être tranquille, je me la rappelais ma place, malheureusement, je me la rappelais. Je me rappelais également que le seul responsable de la situation dans laquelle je me trouvais, c'était moi et personne d'autre. Si je ne m'étais pas laissé bercé par les belles paroles de Val la première fois qu'on s'était rencontré, si j'avais fait preuve d'un peu plus d'esprit critique, alors je n'aurais jamais signé ce fichu contrat. Au final, j'allais devoir retomber dans mes travers, peut-être que si je me détruisais assez pour qu'il considère que son jouet est cassé, il me laissera tranquille ? D'un autre côté, s'il me laisse tranquille, je doute qu'il me libère purement et simplement, non je pense plutôt qu'il n'hésitera pas à mettre fin à ma vie. Et merde, j'étais définitivement condamné à faire tout ce qu'il attendait de moi, aucune échappatoire de possible. T'es foutu, Angel, peu importe dans quel sens tu prends la situation.

Je m'étais donc mis en place, prêt, enfin à peu près, à passer toute une nuit à bosser. Oh merde, je n'avais pas dormi assez, j'avais déjà du mal à tenir à quatre pattes alors que c'était la position la plus facile. Je regardais vaguement le script et ne fut pas étonné de la platitude des dialogues. Certes, les gens ne regardaient pas ce genre de film pour la qualité du scénario, mais tout de même. Enfin bref, j'étais trop crevé pour contester quoi que ce soit. Je fus cependant étonné de voir Valentino tourner une scène avec moi. Voilà qu'il voulait se mettre sous le feu des projecteurs ? Ouais, ça m'étonnerait qu'il fasse ça de façon permanente. D'ailleurs, il se contenta d'une seule scène avant d'aller s'assoir dans son siège pour regarder le tournage. Je n'en pouvais plus. J'essayais tant bien que mal de faire du bon boulot, mais je n'avais pas dormi depuis deux jours et cela commençait à se faire sentir. Si cela continuait, j'allais m'écrouler de fatigue. Je n'allais pas avoir le choix, j'allais devoir renoncer à quelque chose qui me tenait à cœur et j'en étais malade rien que d'y penser, mais si je ne le faisais pas, je ne tiendrais pas.

Après près de trois heures de tournage, je n'aspirais qu'à une chose : dormir. Je savais que Val n'avait pas prévu ça dans son programme, mais j'en avais tellement besoin que j'étais prêt à faire n'importe quoi pour obtenir ne serait-ce qu'une heure de sommeil. Je me relevais du lit où j'avais tourné la dernière scène, d'ailleurs notez l'ironie, j'avais passé presque trois heures sur un lit, sans pouvoir y dormir…plutôt cruel, non ? Bref, je m'étais relevé donc et j'avais enfilé mon peignoir, je m'approchais ensuite de Val, toujours assit sur son siège de "producteur", on ne fera pas de commentaire à ce sujet, puis sans que je ne sache vraiment d'où ça vienne, je m'installais à califourchon sur les genoux de Val, passant mes bras autour de son cou.

- Val….je sais qu'il y a encore quelques scènes à tourner, mais…je t'en supplies, accorde-moi encore une petite heure de sommeil…je ne te demanderai plus jamais de danser dans ce club où tu m'as récupéré si tu le souhaites…mais s'il te plait…j'aimerais juste dormir encore un peu, sinon je sens que je vais m'écrouler.

Oui, je le suppliais, et alors ? D'aucun diraient que je n'ai aucune fierté, mais à ceux-là je dirais "Fermez-là, vous ne savez pas de quoi vous parlez". Val est un Overlord et croyez-moi si je vous dis que quand vous appartenez à un Overlord, comme c'est mon cas, vous faites tout ce que vous pouvez pour ne pas trop le contrarier. Mon contrat stipule qu'il peut faire ce qu'il veut de moi à son studio, donc en théorie, en dehors je suis plutôt libre de mes mouvements, donc le fait que je lui propose de ne plus jamais aller au club où je me suis fait pourtant beaucoup d'argent peut être une preuve de ma "bonne volonté", n'est-ce pas ? Et puis bon, soyons honnête, j'avais grandement merdé avec lui depuis qu'il m'avait retrouvé et maintenant que mes souvenirs étaient revenus, je savais que j'avais plutôt intérêt à "revenir dans ses bonnes grâces".