Wish I had an Angel - Angel Dust & Valentino

Dire que Husk a l’habitude de boire serait un euphémisme ; il ne saurait plus compter depuis combien de temps il s’énivre et ce, quotidiennement et n’a absolument aucune intention d’arrêter. Parce que boire l’aide, de ces aides pernicieuses et empoisonnées qui ne font, au fond, que vous pourrir un peu plus la vie. Mais pour être tout à fait honnête, il s’en fout, Husk. Parce que si sa consommation d’alcool qui n’était tout d’abord qu’un loisir a bien désormais un avantage à l’alcool, c’est celui de lui permettre d’oublier. Oublier ses pertes aux jeux, tout d’abord, quand les ennuis ont commencé à arriver. Oublier le contrat qui le lie à Alastor, par la suite, et sa chute du statut d’Overlord à celui de… rien. Et puis depuis qu’il est à Nowhere, oublier le Hazbin Hotel et les liens qu’il avait fini, presque malgré lui, par y tisser. Avec Charlie et son enthousiasme débordant, sa bienveillance à toute épreuve, avec Vaggie et sa retenue un brin cynique, même avec sir Pentious et sa méfiance constante ou avec Niffty dont il n’était jamais certain de s’il fallait la protéger des autres ou protéger les autres d’elle. Et puis avec Angel. Angel et ses sous-entendus toujours salaces, Angel et sa manie de tenter de le draguer. Angel et ses tendances autodestructrices et Angel et les sourires qu’il lui offrait quand, harassé par les traitements inhumains que lui réservaient Valentino au cours d’une dure journée, le barman poussait vers lui, sans un commentaire, son cocktail préféré. Ils lui manquaient, tous autant qu’ils étaient. Il lui manquait. Et l’alcool était le partenaire parfait pour tout oublier.

Enfin, ça, c’était la majorité du temps. Parce que ce soir, l’alcool semblait avoir eu sur lui un tout autre effet. Ce soir, c’était un de ces soir où loin d’oublier, les images de ses amis n’avaient de cesse de lui flotter en tête. Ce soir, c’était l’un de ses soirs où il aurait été tout prêt à se laisser aller à la mélancolie, oui. Si son cerveau ne s’était pas rappelé d’une information apprise plus tôt dans la journée et qu’il s’efforçait d’oublier depuis : la présence, en ville, à Nowhere, de cet enfoiré de Valentino. Une information qui l’avait laissé stupéfait, tout d’abord, bouche-bée de surprise. Avant de réaliser. Avant que la colère ne monte, jusqu’à lui donner l’impression d’embraser le sang dans ses veines. Jusqu’à ce qu’il ait l’impression de voir tout en rouge, comme si un voile venait de tomber sur le monde. Jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il allait manquer se blesser, tout simplement, serrant dans la paume de sa main un verre qui avait bien faillit se briser.

Il était rare, pourtant, que l’ancien démon à forme féline perde ainsi son sang-froid. Mais apprendre la présence de Valentino, c’était presque trop pour lui. Parce qu’il savait qui il était, derrière sa façade publique sulfureuse et pourtant presque doucereuse. Parce qu’il savait le mal qu’il avait fait et qu’il était encore capable de faire. Et parce que c’était injuste, purement et simplement. Injuste que lui ait une nouvelle chance alors que tant d’autres avaient péris. Injuste qu’il soit présent ici alors qu’Angel Dust ne l’était pas.

C’est animé de ce sentiment de colère, de rage, même, que Husk, trop imbibé d’alcool pour réellement se rendre compte de ses actions, s’était présenté devant l’adresse de Valentino qu’il avait réussi à obtenir à force d’entêtement. C’est avec ces mêmes sentiments destructeurs qu’il avait furieusement frappés contre la porte d’entrée, avant de repousser le pauvre employé venu lui ouvrir et visiblement désireux de se mettre en travers de sa route, sans même prendre le temps de véritablement le prendre en compte. C’est donc une véritable furie qui entre ainsi dans la demeure de Valentino, vociférant à tout va : « Valentino ! Où est-ce que tu te planques, espèce de salaud ?! Valentino !! » Et puis, alors qu’il a fait trois pas quelque peu titubant dans l’appartement, il tourne la tête, Husk. Pour le voir, enfin, cet enfoiré qui ne mérite certainement pas d’être en vie. Alors il se précipité, l’ancien démon, jurant, le point d’ores et déjà levé : « Je vais te démolir. »

Mais alors qu’il arme son bras pour frapper, soudain, ce n’est plus le visage déformé d’un rictus horripilant de Valentino qui lui fait face, non. Il ne comprend pas, Husk. Il ne comprend pas, et son cerveau ralentit par la boisson semble bien mettre quelques instants avant de capter. Sauf qu’il est trop tard, alors. Sauf qu’il est trop tard et que, pris dans son élan, son bras armé dans un coup de poing vient s’abattre sur ce visage qui n’est pas l’ancien démon de la luxure. Mais bel et bien sur le visage d’Angel Dust.

Aïeuuh….Val pourrait quand même demander à mes partenaires d’y aller mollo. J’étais en train de regarder mon reflet dans le miroir de ma chambre pour constater les dégâts qu’avaient eu sur moi ces dernières heures de tournage. Je poussais un profond soupir et tentais de dissimuler les quelques bleus que j’avais avec du fond de teint. Heureusement, ils ne touchaient jamais à mon visage, non, mais le reste de mon corps dégustait pas mal. Je vous passe les détails...croyez-moi, il vaut mieux. Heureusement, ma journée de travail était terminée, j’allais pouvoir profiter d’un peu de repos, enfin normalement, à condition que Valentino n’ait pas l’intention de m’emmener avec lui si jamais il sort ce soir. Quoi ? Bien sûr que j’habitais chez lui, où voulez-vous que j’aille ? Oh oui, je sais, j’ai une chambre qui m’attend sagement au Hazbin, Charlie me l’a certifié, mais comme je le lui ai dit, je ne pouvais pas y aller. Enfin, ce n’était pas vraiment un « non » définitif. Je ne lui en ai pas encore parlé parce que je ne veux pas lui donner de faux espoirs, mais je me dis que, peut-être si je donne assez satisfaction à Val, il pourra relâcher un peu la bride qu’il a mis autour de mon cou et peut-être qu’il m’autorisera à passer quelques nuits là-bas. Quoi encore ? Oui, je sais, c’est beau de rêver. C’est quand même pas interdit, si ? Je m’allonge sur mon lit, les bras noués derrière ma tête et je fixe le plafond. Fat Nuggets me manque. Et dire que c’est Val qui me l’avait offert. Dommage qu’il n’ait pas fait le voyage avec moi. Je tourne alors la tête vers le coin de mon lit et observe la peluche que je me suis acheté il y a quelques jours. C’est un cochon, la réplique exacte de Fat Nuggets. Bon, en même temps, vous me direz, qu’est-ce qui ressemble plus à un cochon, qu’un autre cochon. Je sais, c’est pathétique, mon animal me manque, alors j’achète sa version peluche.

Mon pauvre Angel, tu deviens complètement fou. Un bruit à l’extérieur attire mon attention. Bon sang, mais qu’est-ce qu’il se passe encore ? Je me redresse et me remet sur mes pieds. Je sors de ma chambre. J’ouvre de grands yeux lorsque je vois ce qu’il se passe. Il y a un type qui….attendez, minute...mais...Oh putain….c’est Husk….Husk...Valentino...Valentino...Husk….merde, il faut que j’intervienne sinon ça va mal se passer et si Husk blesse Valentino, même rien qu’une égratignure...Val me le fera payer. Ni une, ni deux, je fonce vers Husk et voyant son attitude, je sens qu’il s’apprête à foutre un coup de poing à Val. Et merde, et dire que j’avais réussi à dissimuler les bleus sur mon corps….il allait certainement falloir que je fasse quelque chose pour mon visage. Tant pis, je n’avais pas le choix. Je me positionne juste devant Valentino, le protégeant de mon corps, et de ce fait, je me prends le poing de Husk en plein visage. Ma tête part légèrement en arrière, mais je réussi à me redresser. Je mets une de mes mains sur ma joue endolorie et avec mon autre main, je tape l’arrière de la tête de Husk.

- Aïeuuh….non, mais t’es complètement con ma parole…..ça fait mal. Alors toujours tu rentres chez les gens comme ça toi, pour leur casser la gueule ?

Je fronçais les sourcils. Certes, j’avais mal, mais premièrement, je savais que ce poing ne m’était pas destiné à la base et deuxièmement….qu’est-ce que j’étais content de voir Husk en face de moi. Il m’avait tellement manqué que je n’avais qu’une envie, c’était de le serrer dans mes bras, mais pour ça, je préférais attendre que Valentino ne soit pas là. Je ne m’étais pas encore tourné vers Val, qui ne voyait donc que mon dos pour le moment, mais pour moi le plus important actuellement était de gérer Husk et sa colère. Un petit sourire étira mes lèvres.

- Pour des retrouvailles entre nous, elles sont plutôt explosives, tu ne crois pas ?

Je ne lui donnais pas de surnom comme j’avais l’habitude de faire, encore une fois, je préférais attendre que Val ne soit pas là, parce que s’il m’entendait appeler Husk « Moustache », ou n’importe quel autre surnom, il pourrait le faire lui aussi, dans le simple but de le provoquer, alors inutile de lui donner des munitions.

Il faut un temps pour que l’information parvienne pleinement à l’esprit de Husk. Un temps pour que ce que ses yeux voient soit analysé par son cerveau encore si fortement imbibé par l’alcool. Des secondes qui lui semblent des heures dans les brumes dans lesquelles il lui semble évoluer avant que la vérité – non, la réalité – ne s’impose enfin à lui. Car l’homme qui lui fait face n’est pas Valentino, dont l’ancien overlord déchu avait pris le temps de vérifier l’apparence dans un instant de lucidité avant de se précipiter ici, c’est Angel. Angel Dust. Et si Husk l’avait ressentit comme un coup en plein cœur au moment où leurs regards s’étaient croisés, un coup probablement aussi violent que l’avait été celui qui venait de s’écraser sur la joue de l’autre homme, son exclamation de douleur et les récriminations qui s’en suivent ne peuvent que confirmer ses premiers soupçons. C’est pourtant un : « Angel ? » encore incrédule qui s’échappe de ses lèvres. Mais il sait qu’il ne se trompe pas. Il n’y a même pas l’ombre d’une hésitation.

Parce qu’il y a cet air insolent qui perce de toute son attitude, même alors qu’il le rabroue avec tant de véhémence. Parce qu’il y a cet air mutin dans son sourire, presque charmeur, même en l’absence de ses milliers de surnoms dont il l’affublait pourtant en permanence. Parce que c’est lui, c’est tout, et Husk sait qu’il ne peut se tromper. Et cette constatation fait alors naître dans son esprit mille questions, dont certaines finissent par se bousculer hors de ses lèvres, sans qu’il ne parvienne à les retenir, lui pourtant d’habitude si réservé : « Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Et depuis quand ? » Depuis quand est-il à Nowhere, comment est-il arrivé ici, qu’est-ce qui se passe, bon sang ? Et puis l’énormité du geste qui vient de faire le rattrape. Parce que si Angel se plaint, ça n’est pas pour rien et cette fois, contrairement aux innombrables fois où cela a pu arriver à l’hôtel, c’est entièrement sa faute. Car même si Angel n’était pas sa cible principale, c’était bien son poing qui venait de s’écraser contre le visage de l’ancienne araignée. Et les yeux de Husk s’écarquillent sous cette brusque réalisation.

« Je suis désolé, Angel, je ne voulais pas te blesser. Mais qu’est-ce qui t’a pris, de te mettre devant ? » Le ton est bougon, mais bien plus urgent que prévu, alors qu’il s’efforce de retirer la main de l’autre homme de devant son visage pour estimer les dégâts. La rudesse de ses mots ne sont dû qu’à l’inquiétude de l’avoir réellement blessé ; après tout, Angel n’est plus mort, ici, et Husk sait d’avance que cela lui fera mal pour un moment. Et c’est lui qui en est responsable. Lui qui a provoqué cela. Et s’il arrive à tout juste esquisser un sourire alors qu’Angel tente de dédramatiser la situation, celui-ci est si crispé qu’il retombe tout aussitôt : « Je ne les imaginais pas vraiment comme ça. » Enfin, pour être honnête, il ne les imaginait même pas du tout. Parce qu’il était persuadé qu’Angel ne reviendrait jamais. Parce qu’il s’était enfoncé dans cette certitude que le démon qui était devenu son ami avait disparu avec leur monde. Parce que si Angel méritait sa rédemption, ça n’était absolument pas son cas. Et que l’avoir à ses côtés auraient été un cadeau bien trop précieux de cette nouvelle vie.

Sauf que ce n’est pas à ses côtés que se trouve Angel. Ce n’est pas lui qu’il a retrouvé ici, à Nowhere. C’est Valentino, qu’il vient de protéger de son corps contre les coups de Husk. Valentino, chez qui visiblement il s’est installé. Comme si l’ancien démon avait de nouveau décidé de se complaire dans ses pires travers. Et ça, ça ne pouvait que mettre en rage le joueur invétéré. Une rage d’autant plus décuplé par le commentaire dudit Valentino, auquel il ne prend même pas la peine de répondre, mais à qui il prend bien soin de jeter un regard des plus meurtriers, avant de se tourner de nouveau vers son ami : « Qu’est-ce que tu fous, putain ? Pourquoi t’es retourné avec lui ? » Ce dernier mot n’aurait pas pu être plus semblable à une injure. Il n’y a pas de reproches, pourtant, pas envers Angel en tout cas. Juste une incompréhension totale. Angel ne peut pas rester auprès de ce monstre qui lui fait tant de mal.

Etais-je heureux de revoir Husk ? Naturellement, la question ne se posait même pas, cependant il est bien évident que j'aurais préféré le revoir dans d'autres circonstances et dans un autre endroit. Pourquoi n'ai-je pas pu le revoir à l'occasion d'une promenade dans un parc comme ça a été le cas pour mes retrouvailles avec Charlie, hein ? Pourquoi a-t-il fallu que de tous les endroits qui existent dans cette foutue ville, il a fallu que ce soit chez Valentino que Husk et moi on se retrouve…et surtout dans ce contexte. Bon sang, pourquoi Husk veut-il absolument se venger de Val ? Enfin, je sais pourquoi, mais il n'a vraiment pas besoin de le faire. Quand Husk prononce mon nom comme pour être sûr que c'est bien moi, je ne peux empêcher une réplique sarcastique de sortir de ma bouche.

- Non, la Reine d'Angleterre. Bien sûr c'est moi.

Je hausse un sourcil quand il me demande ce que je fais ici. Est-il réellement sérieux ? Ah, il me demande depuis combien de temps je suis là, donc je suppose qu'il ne parle pas uniquement du studio, mais aussi de Nowhere. Je hausse les épaules, à moitié fataliste.

- Ce que je fais ici ? Comme tout le monde je suppose, je tente de m'adapter. Et depuis combien de temps je suis là ? Et bien je dirais que ça fait bientôt un an je crois. Et toi ?

Je vois ses yeux s'ouvrir comme des soucoupes, signe qu'il réalise enfin ce qu'il venait de me faire. Il s'excuse naturellement. Bof, ce n'est pas comme si j'étais habitué à être frappé sans raison. Je roule des yeux.

- Heureusement encore que tu ne voulais pas me blesser. En revanche, ce fut à mon tour d'ouvrir grand les yeux lorsqu'il me demanda pourquoi je m'étais interposé. Attends….tu viens réellement de me poser cette question ? A ton avis…réfléchis, je suis sûr qu'un cerveau super doué comme le tien va trouver tout seul. J'avais raconté à Husk, vaguement, ce qu'il se passait avec Val, alors il ne devait pas être surpris de me voir prendre le coup à la place de celui à qui j'appartenais littéralement corps et âme. A nouveau je hausse les épaules, affichant un petit sourire. Ouais, bah le principal c'est qu'elles aient eu lieu, non ?

Et soudain, la voix de Val se fit entendre, me filant des frissons de terreur dans tout le corps. Husk l'ignora superbement et me posa une question qui me fit froncer les sourcils à nouveau. Etait-il con ou bien en faisait-il exprès ? Bon, une chose à la fois. Je me tournais d'abord vers Val, posant doucement une main sur un de ses bras dans une tentative d'apaisement.

- Val….je….il va partir, d'accord….je m'en occupe.

Je me tourne ensuite vers Husk, mon regard se durcissant.

- Bordel, mais tu crois quoi ? Que j'ai le choix ? Bah non…..flash news, au cas où tu l'aurais oublié, je lui appartiens entièrement et je ne peux rien y faire. Oui, ici aussi le contrat que j'ai avec lui est valable. Alors je suis exactement où je dois être.

Et merde…j'avais vraiment horreur d'agir comme ça, comme un vrai connard, c'était Val que je devrais envoyer chier. En réalité, j'avais juste envie de me blottir dans les bras de Husk et de le supplier de m'emmener loin d'ici, mais je savais que c'était impossible et qu'en agissant comme je le faisais actuellement, je protégeais Husk des retombées de sa propre bêtise. Oh, je ne suis pas stupide, je sais bien que Val projette déjà de se venger de cette intrusion sur moi, mais je m'en fou. Le principal pour moi c'est qu'il ne touche pas à Husk…je ferai n'importe quoi pour le protéger.